La police armée gagne du terrain au Royaume-Uni
Le Metropolitan Police Service a une relation ambivalente avec les armes à feu, et ce, depuis sa création en 1829. Face aux différentes attaques terroristes qui ont eu lieu ces dernières années, le gouvernement britannique est de plus en plus sur le qui-vive. La multitude d’attentats terroristes qui se sont produits au cours de ces dernières années en Europe a mené à une évolution profonde de la police britannique. Les citoyens britanniques sont les spectateurs d’une augmentation des effectifs policiers armés dans certaines localités. Cette nouvelle stratégie de maintien de l’ordre est bien surprenante du Royaume-Uni quand on est en connaissance du modèle de police par consentement qui est à la base du « Met ».
Revenons en arrière un instant. Le modèle de création de ce service de police est celui du ministre Robert Peel qui se base sur 9 principes. Les policiers de Peel, qu’on appelle aussi les bobbies, sont reconnus pour être très proche du public. Les bobbies suivent le concept de «policing by consent». Ce concept se traduit par l’utilisation de la force minimale de la police dans l’exercice de leur fonction. C’est pourquoi ils ne portent pas d’arme sur le terrain. De plus, ces derniers sont présents pour servir le public et non les intérêts du gouvernement. L’objectif fondamental des bobbies est de faire de la prévention avant que le crime éclate au grand jour, et ce, en utilisant la force minimale et la collaboration du public.
Mais face à un risque de plus en plus élevé d’attentat terroriste, une police armée prend petit à petit la place des bobbies dans le décor de certaines localités. À chaque fois qu’un événement tragique du genre se produit, on peut voir l’environnement se transformer en ce sens. Selon la direction, le Metropolitan Police Service ne devrait plus agir comme un intervenant contre le crime mais plutôt comme un combattant du crime digne de l’armée. Comme le dit son patron, Bernard Logan-Howe,
Les attentats tragiques de Paris ont renforcé le rôle vital que des officiers armés pourraient jouer face à ce genre d’événement. Même si j’espère que cela n’arrivera pas dans nos rues, le Met doit s’y préparer au mieux.
À la base, la police britannique est en tout temps au service des citoyens. Cependant, dans ses courts moments de crainte d’être la cible d’un autre attentat terroriste, les services policiers deviennent au service de l’État, ce qui est parfaitement compréhensible pour détendre le climat de peur. Cette disposition de la police britannique n’est pas une mauvaise chose en soi. C’est important qu’il y ait une réserve mobile armée pour lutter contre les criminels qui sont munis d’armes. Cette réserve peut être déployée à des moments comme ceux-ci pour assurer le maintien de l’ordre. Cependant, cette police armée tend à devenir un élément du quotidien des britanniques. On assiste à un délaissement de la police traditionnelle, les bobbies, pour une police plus militaire. La relation avec le citoyen n’est plus au centre de cette police qui se rapproche de plus en plus de l’armée. Elle ressemble davantage à une armée d’occupation sur son propre territoire.
À l’heure actuelle, les policiers armés représentent une quantité minime de l’effectif policier. La stratégie de maintien de l’ordre des britanniques devrait rester le plus proche possible du type britannique traditionnel puisque qu’elle fonctionne bien, au contraire de celle des États-Unis, qui tire de la patte. L’approche par l’utilisation de la force totale comme premier recours n’est pas une solution viable. Cette approche entraîne beaucoup de friction entre le public et les policiers. Les policiers n’ont pas besoin d’être en guerre constante contre le crime pour le faire diminuer. Est-ce que le Royaume-Uni aurait adhéré à la mentalité américaine que l’on peut considérer comme l’une des polices la plus militarisée au monde?
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