Revenge porn: le viol à l’ère numérique

En avril 2016, une Française apprend que des photos intimes d’elle ont été partagées à des gens de son entourage via l’application « Whats App ». Ces photos avaient initialement été envoyées à son ancien ami de cœur, mais ont été partagées sans son consentement suite à une rupture douloureuse.

On m’a volé mon corps, on m’a volé mon intimité et ça m’a détruite

Victime de pornodivulgation

Cette histoire s’est produite en France, mais se produit partout dans le monde à l’heure actuelle. En effet, une situation similaire s’est produite au Séminaire des Pères Maristes où sept adolescents ont été accusés de leurre, d’extorsion et de distribution de pornographie juvénile lorsqu’ils ont distribué les photos intimes de trois victimes.

Le terme utilisé pour décrire cette pratique est pornodivulgation ou « revenge porn ». La pornodivulgation est régie au Canada depuis 2014 avec la Loi sur la protection des Canadiens contre la cybercriminalité, mais ne l’est pas encore partout ailleurs. L’Italie a suivi l’exemple du Canada en avril 2019 en faisant la pornodivulgation un délit passible de six ans de prison. Ce fléau n’existait pas avant l’arrivée des téléphones intelligents ce qui a forcé les autorités à réagir rapidement.

Kristen Zaleski, professeure clinique à l’Université du Sud de la Californie, ne fait pas de distinction entre l’agression sexuelle et la pornodivulgation et les symptômes qui s’ensuivent s’y apparentent. Ceux-ci peuvent inclure la dépression, l’anxiété, perte d’estime de soi, la honte, etc. Suite à une étude analytique des effets sur la santé mentale de la pornodivulgation, Samantha Bates a conclu qu’il faut la classer comme étant une infraction sexuelle et devrait être traitée comme telle puisque les victimes de ces deux crimes éprouvent les mêmes symptômes par la suite. De plus, Bates recommande un traitement similaire à celui pour les victimes d’agression sexuelle et de pornodivulgation.

Selon Gary Marx, professeur de sociologie au Massachusetts Institute of Technology, la société à sécurité maximale est une société qui contrôle, surveille et exclut les dangers et les menaces. Il s’agit d’une réalité en développement qui vise à décrire la coopération d’une série d’acteurs incluant les gouvernements, les entreprises privées et l’individu. Ces acteurs visent tous ensemble la sécurité par surveillance. Six aspects importants font partie de la société à sécurité maximale, mais deux sont pertinents dans le cas de la pornodivulgation : société programmée, société actuarielle et société poreuse. L’aspect de la société actuarielle consiste en la gestion des risques, apprendre à les éviter. Loin de moi l’idée d’être insensible envers les victimes de pornodivulgation, mais en prenant des photos compromettantes d’elles-mêmes, elles se mettent à risque à ce genre de situation. Ce qui m’amène au second aspect de la société à sécurité maximale ; la société soupçonneuse. Il faut toujours s’imaginer que le voisin ou encore le petit ami est un danger potentiel. Peu importe à qui on a affaire, selon la théorie de Marx, il faut toujours se méfier des autres.

Finalement, comment peut-on prévenir ce genre de crimes ? Sont-ils prévisibles ? Comment peut-on prévoir qu’une personne va distribuer ces photos après une rupture ? Les services de police ne peuvent faire de la patrouille sur le web et même s’ils le pouvaient, que feraient-ils ? C’est pourquoi le cyber policing se fait surtout par les plaintes du public. Ainsi, les citoyens sont forcés de prendre les mesures nécessaires pour assurer leur propre sécurité lorsqu’ils vont sur Internet et particulièrement lorsqu’ils prévoient partager des photos explicites d’eux-mêmes.