La police communautaire d’Ottawa fait d’importants changements
La police communautaire est une police qui apparut au milieu des années 1980 suite à l’échec de la police traditionnelle. Ce type de police s’inspire des principes énoncés par la police de Peel. D’ailleurs un exemple de ce type de police est la police communautaire d’Ottawa. On peut voir sur son site qu’elle valorise grandement ces différents principes élaborés par Rowan et Mayne en y apposant une photo qui les décrit.
On peut y voir que le principal objectif de la police communautaire est la prévention du crime et des désordres plutôt que la répression. On peut aussi y trouver le fait de gagner et conserver le respect du public, s’assurer de la coopération du public pour faire respecter les lois, viser la coopération du public plutôt que la coercition, etc. Ces différents principes amènent une nouvelle manière de gérer la relation entre le public et la police. Les fondements de cette police sont d’ailleurs clairs à ce sujet : il faut réorienter la police vers la prévention et donc, la sécurité. Dans ce type de police, l’important c’est d’avoir de bons rapports avec la communauté. Ainsi, la police communautaire doit viser deux idéaux soit renforcer la communauté et résoudre les problèmes qui rendent la communauté dysfonctionnelle. Voici un extrait tiré du site officiel du service de police communautaire d’Ottawa concernant sa vision de la police communautaire :
La police communautaire est le processus par lequel la police et autres membres de la collectivité s’associent pour améliorer le bien-être, la sûreté et la sécurité par des efforts concertés d’identification des problèmes, d’analyse, d’intervention et d’évaluation.
Depuis le début du mois de janvier, la police communautaire d’Ottawa a effectué plusieurs changements au sein de son organisation. En effet, les 800 agents de première ligne ont été regroupés dans une seule unité ce qui a amené la disparition des divisions géographiques en plus d’éliminer la division entre patrouilleurs et policiers de quartier. Avec ces changements, c’est maintenant 10 agents plutôt que 15 qui doivent s’occuper de répondre aux appels d’urgence, tout en faisant leur travail de prévention sur le terrain pour résoudre des problèmes qui sont plus larges.« Il s’agit du plus grand changement que nous avons vu dans l’organisation depuis 1995 », souligne le surintendant Mark Ford, du Service de police d’Ottawa. Mark Ford précise que certaines tâches ne seront plus effectuées par les agents, notamment les rapports pour les introductions par effraction, qui seront menés par les analystes en scène de crime. Les résidents devront aussi remplir davantage de rapports en ligne, notamment pour les collisions. Ces mesures permettraient aux agents de première ligne de répondre à plus d’appels et de mieux connaître les problèmes de quartier. « C’est une approche plus généraliste. Nous partageons tous cette responsabilité », souligne le surintendant. Par ailleurs, l’Association des policiers d’Ottawa estime que les citoyens verront des changements quant au travail de prévention. Les hauts dirigeants insistent pour dire que le nouveau modèle laissera plus de temps aux patrouilleurs pour trouver des solutions aux problèmes présents dans la ville, tout en répondant aux appels d’urgence.
Par contre, certains sont sceptiques sur cette nouvelle manière de disperser et gérer la police communautaire d’Ottawa dont Matt Skof, président de l’Association des policiers d’Ottawa. Selon lui, il s’agit plutôt d’un retour à un modèle inefficace qui était en place il y a 20 ans, avant la création des policiers de quartier qui n’avaient pas à répondre aux appels réguliers. Tout comme M. Skof, le conseiller du quartier Rideau-Vanier, Mathieu Fleury, se dit inquiet de ces nouveaux changements. M. Fleury ajoute même qu’il y aurait un épuisement dans la communauté. Il réclame d’ailleurs un travail plus pro actif de la part de la police. Aussi, la conseillère municipale Diane Deans, qui représente le quartier Gloucester-Southgate, n’est pas convaincue par ces changements. Elle croit que les agents peuvent faire une plus grande différence lorsqu’ils se concentrent sur une partie de la ville. Elle estime ainsi que la nouvelle approche les empêchera de développer des rapports avec les différents quartiers de la ville.
Rappelons qu’en avril 2014, les postes de police communautaire d’Ottawa avaient été menacés de fermer. La rareté des ressources humaines, mais surtout financières pouvant être affectées à l’implantation pleine et entière de l’approche communautaire semble être en grande partie la cause de tous ces changements liés à la police communautaire d’Ottawa. En effet, l’application de l’approche communautaire au sein des corps de polices semble être très couteuse. La politique ministérielle du Ministère de la sécurité publique témoignait déjà en 2000 des obstacles possibles à l’implantation de l’approche communautaire.
Par ailleurs, l’élargissement du territoire d’action des agents au sein de la police communautaire d’Ottawa pourrait avoir des impacts importants sur le rendement et ainsi, sur les services essentiels devant être offert par la police communautaire. Alors qu’il a été déterminé que la police communautaire devait être le plus proche possible de la communauté pour engager un lien de confiance, il semblera difficile de rester près de celle-ci en étant aussi peu sur un aussi grand territoire. On peut donc se demander quels impacts amèneront ces changements sur la distribution des services à la communauté d’Ottawa ? Aussi, une des stratégies de la police communautaire est de réduire la spécialisation et faire du policier un généraliste. Ce généraliste devrait ainsi mieux comprendre son territoire. Par contre, il semble difficile de pouvoir bien comprendre son territoire s’il en a de plus en plus à connaître et qu’il est sans cesse réaffecté à un nouvel endroit.
En conclusion, les critiques du remaniement du service de police d’Ottawa amène à se questionner sur l’impact qu’auront ces changements importants. En effet, les agents du service de police communautaire d’Ottawa seront possiblement débordés par leur travail en ayant vue leur territoire d’action agrandit. En plus, les pressions du travail quotidien ne pourront être écartées. Qui seront les premiers à voir leurs services réduit ? Espérons que les citoyens ne seront pas ceux qui écoperont de ce modèle à la base créé pour eux. Par ailleurs, il semble se présenter plusieurs problèmes au sein de la police communautaire d’Ottawa depuis son implantation au début des années 1980. Ainsi, il serait important de se questionner sur les causes de cette difficulté à mettre en place et à garder un service comme celui-ci au sein de la communauté d’Ottawa.
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