L’habit fait-il le policier?
Retour historique
Depuis des siècles, le port d’uniforme est obligatoire pour tous les agents de police. En effet, à l’époque on pouvait distinguer les militaires revêtus d’un habit rouge et les policiers d’un habit bleu. C’est une tunique et un pantalon bleu foncé ainsi qu’un paletot noir qui les distinguaient des différents groupes d’organisations policières. Ainsi, la création du port de l’uniforme a permis non seulement de différencier les groupes de policiers, mais également de leur procurer un sentiment d’appartenance de manière à les distinguer du reste de la société. De ce fait, cet habit permettait d’informer directement la population que le policier était chargé de maintenir la paix publique, prévenir et réprimander le crime tout en veillant à la sécurité des citoyens.
Code vestimentaire
Aujourd’hui encore, l’habit des agents de la paix comporte des règlements stricts. En effet, la Loi 133 oblige les policiers à porter l’uniforme complet lors de l’exercice de leurs fonctions, c’est-à-dire d’être vêtu d’une tunique, d’un pantalon, d’une chemise, d’une cravate dont le tissu de chacun de ces morceaux doivent être de la couleur prédéfinit, d’une ceinture et de bottes de cuir, d’un paletot ainsi que d’un képi. Ce code vestimentaire complexe fait ressortir l’importance qu’on porte à l’habillement du policier. Ainsi, il est raisonnable de mentionner que l’uniforme fait partie intégrante des policiers, puisque celui-ci assure une bonne crédibilité et permet de maintenir l’ordre social au sein de la société.
Impact psychologique
L’habit des policiers n’a pas uniquement un impact sur la population, mais également sur la psychologie du policier. Il est vrai de dire que le jugement d’un policier lorsqu’il porte son costume joue un rôle essentiel à sa prise de décisions. Selon la psychologue Maria Konnikova, « plusieurs études démontrent que le port d’un uniforme influence considérablement celui qui le porte ainsi que la perception d’autrui. Par exemple, l’uniforme militaire est perçu par la population comme une force supérieure à celui de la police et comme quelque chose de menaçant. » De plus, lors d’une étude toujours menée par Mme Konnikova, il est prouvé que les personnes portant un uniforme de travail sont perçues comme des agents en position d’autorité supérieure, qui par le fait même, agissent de manière plus « intense » et prennent des décisions beaucoup plus « importantes » que les personnes portant des vêtements moins influençant. Effectivement, dans ses travaux, elle explique à titre d’exemple que des infirmières devaient donner des chocs électriques à des patients. Ainsi, celles habillées en habit d’infirmières en donnaient beaucoup moins que celles qui portaient l’habit de Ku Klux Klan. Bref, cela montre donc l’influence que peut avoir un uniforme de travail sur les personnes qui le portent.
Un enjeu politique
De plus, bien que l’uniforme de travail des policiers occupe une place considérable dans cette profession et qu’une loi dicte comment il doit le porter, l’accoutrement des policiers mène d’autre part, à un débat politique au sein de la communauté québécoise. En effet, le Québec, reconnu comme étant un pays libre, comporte plusieurs nationalités, qui le compose ainsi de multiples personnes pratiquant diverses religions. De ce fait, le Québec fait donc face à un débat politique qui consiste à se demander si le port religieux devrait être permis par un agent de la paix. Positionnant les policiers dans une organisation ayant une force supérieure, l’habillement de ces derniers permet d’amener une neutralité au sein de la communauté, afin de ne pas mettre en colère, ou de porter certains jugements envers une personne d’une nationalité différente. À cet égard, il y a donc débat quant à savoir s’il serait sans risque pour un policier de porter un signe religieux sur son uniforme de travail. L’histoire de Sondos Lamrhari, en est un excellent exemple. En effet, elle fut la toute première étudiante en techniques policières à porter le voile au Québec, et son geste à engendrer plusieurs réactions, menant l’École nationale de police du Québec (ENPQ) à entreprendre sa première grande réflexion sur le port des signes religieux par les policiers.
Moyen de pression

En 2008, les membres de la fraternité des policiers du SPVM ont tenté d’obtenir une hausse de salaire, puisqu’ils estimaient que le niveau de dangers et de défis auxquels ils faisaient face régulièrement méritait d’être pris en considération. De ce fait, les policiers ont décidé d’intensifier leurs moyens de pression en modifiant leur uniforme de travail. Après le port de la casquette rouge et du jean, ceux-ci ont échangé le jean pour un pantalon de camouflage de couleur autre que celui- de leur uniforme habituel. « Le chef du service de police Yvan Delorme croit que le port d’un tel pantalon par les officiers pourrait mener à des dérapages lors de situations périlleuses telles qu’une émeute. De plus, la ville de Montréal avance que ces moyens de pression sont susceptibles de compromettre le service auquel la population a droit. » D’emblée, vue du Québec, l’adoption de l’uniforme de travail des policiers joue un rôle essentiel pour le maintien de l’ordre au sein de la communauté, puisqu’il représente une figure d’autorité importante pour les policiers qui le porte.