Un pour tous et tous pour un
Mai 2010 – Trois-Rivières
C’est dans un bar du centre-ville de Trois-Rivières où l’alcool coulait à flot et où que la fête était bien entamée, qu’une dizaine de jeunes adultes ont été interceptés par une douzaine de policiers à la sortie de l’établissement. C’est dans les alentours de 2h45 du matin, dans la nuit du 15 au 16 mai que l’action a débutée. La bande de jeunes était postée devant le bar où ces derniers attendaient respectivement leurs taxis afin de retourner à leur domicile en bavardant et en continuant leurs conversations. C’est alors que les policiers sont arrivés sur les lieux de manière agressive, en ayant déjà leur matraque à la main et ils avaient la forte intention de faire évacuer le groupe. Les personnes de ce dit groupe ont donc été réfractaires vue l’attitude des policiers et ont posé des questions à savoir pourquoi ils ne pouvaient se retrouver sur le trottoir, face au bar, pour attendre leurs taxis suite à la fermeture de celui-ci. Les agents ont donc procédés à des arrestations en omettant de se présenter en plus d’outrepasser la lecture de leurs droits. De plus, le groupe de policiers a utilisé la force à maintes reprises pour contrôler la bande de jeunes devant le bar, même si ces derniers avaient déjà les menottes aux poignets et qu’ils étaient maîtrisés. Au total, 14 personnes ont été arrêtées lors de cette soirée. Toutefois, cinq membres du groupe se sont vus passer le reste de la nuit dans des cellules, au poste de police de Trois-Rivières, suite à l’intervention. Ils ont ensuite été relâchés aux petites heures avec un constat d’infraction de 144$ pour avoir notamment troublé la paix, refus d’obtempérer à un agent de la paix et pour ivresse sur la voie publique. Suite à cette intervention policière plutôt musclée, ces cinq jeunes adultes ont donc déposés une plainte en déontologie contre trois policiers.

Une plainte en déontologie
Suite à cette intervention policière un peu brûle pourpoint, cinq jeunes hommes ont pris la décision de porter plainte en déontologie contre certains policiers avec qui ils ont eu affaire. Ils ont articulé une plainte sous plusieurs motifs concernant le Code de déontologie des policiers du Québec, en inscrivant certaines conduites inappropriées lors de leurs arrestations. Ils ont, entre autres, fait référence à l’article 5.5 en soulignant le fait que les policiers en question ont «manqu[és] de respect ou de politesse à l’égard d’une personne» et en faisant renvoi à l’article 6.1 du code de déontologie qui stipule que «[l]e policier doit éviter toute forme d’abus d’autorité dans ses rapports avec le public. Notamment, […] avoir recours à une force plus grande que celle nécessaire pour accomplir ce qui lui est enjoint ou permis de faire».
Des accusations précipitées, fautives ou légitimes?
Plusieurs questions subsistent. Il est clair que les policiers reçoivent un nombre incalculable de plaintes déontologiques à leurs égards au cours d’une année. En effet, le métier de policier évoque une multitude de contradictions au sein de la société, en d’autres mots, c’est un métier qui est perçu d’une façon plutôt ingrate. Ce faisant, il est relativement facile de porter plainte contre un policier puisque leurs gestes sont constamment scrutés à la loupe et que l’usage de la force est relatif pour tout le monde. Dans cette affaire, les jeunes hommes disent avoir été victimes de brutalité policière. Ce qui est problématique dans ce genre de cas, les deux parties – les plaignants et les défendeurs – ont toujours des versions contradictoires. Ce qui vient toutefois faciliter le travail des enquêtes indépendantes dans une telle situation, c’est la technologie.
«[L]’intervention policière […] a été filmée par [des] témoin[s], ils racontent que des policiers se promenaient avec des matraques, criant et sacrant après les jeunes. La vidéo montre aussi les policiers en train d’immobiliser solidement des jeunes au sol».
Des manœuvres justifiées?
En réponse à ce vidéo, les questions a posées aux policiers concernés sont donc très simples : l’utilisation de la force, disons-le, abusive était-elle justifiée? Du même que pour leur comportement à l’égard de ces personnes, mérite une certaine explication. Deux des plaignants n’ont pas voulu garder l’anonymat et ont manifesté leur désarroi face à cette intervention musclée.
«On m’a couché sur le capot d’une voiture et je ne pouvais plus respirer tant on m’étranglait. Les policiers m’ont ensuite jeté à terre. J’ai été blessé au visage. Pourquoi avoir utilisé autant de force alors que j’étais déjà menotté?»
– Philippe Beaulieu
«[J’]attendai[s] un taxi avec [m]on longboard dans les mains. Ils voulaient que je parte mais j’avais le droit d’être là. J’ai eu le malheur de dire non et ils m’ont embarqué»
– Gabriel Boutin
Une chose est sûre, les policiers fautifs devront donnés des réponses suite au visionnement du vidéo qui servira en guise de preuve contre eux.
Un retour aux sources
Il est donc légitime de croire qu’une certaine réforme serait de mise quant à la formation des policiers. Du temps de la police de Peel, les policiers n’utilisaient la force qu’en extrême urgence sans recourir à la force abusive et ils l’utilisaient avec parcimonie. Ils misaient plutôt sur le one-on-one – une intervention passive afin de garder le couvercle sur la marmite. Ceci dit, chaque personne est différente et réagit de manière différente aux situations. Peut-être que le groupe de jeunes adultes a testé les limites des policiers – peut-être que non. Nonobstant les faits, une réflexion voire même une adaptation des méthodes de relations d’aide serait considérable.