Tchétchénie : la chasse aux homosexuels

Un réseau LGBTQ russe dénonce une nouvelle vague d’arrestations arbitraires d’hommes et de femmes présumés homosexuels en Tchétchénie, une république du Caucase. On estimerait à plus d’une quarantaine le nombre de civils détenus par les autorités locales. Selon les sources du réseau, deux individus auraient succombé suite à des tortures infligées par le corps policier tchétchène. Ces gens sont présentement détenus illégalement par la force publique. On les accuserait d’avoir commis des crimes fictifs. On leur aurait confisqué leurs passeports et leurs papiers d’identité pour les empêcher d’éventuellement quitter le territoire et on les empêcherait d’avoir accès à la protection d’un tribunal. Ramzan Kadyrov, le dirigeant de la république, dément ces accusations :


« Il s’agit d’un pur mensonge […] Il n’y a pas eu d’arrestations sur la base de l’orientation sexuelle en Tchétchénie pendant la période mentionnée.  »

Deux ans plus tôt envrion, on assistait au même scénario, ce qui avait soulevé la colère et l’indignation de la communauté internationale. Le Canada avait d’ailleurs évacué plus d’une vingtaine de Tchétchènes et les avait accueillis au pays lors d’un programme secret mis en place par le gouverement pour leur venir en aide. Amnesty International à cette fois-ci publié un communiqué appelant la population mondiale à une réaction :


We are calling for the international community to take immediate action to protect gay and lesbian people in #Chechnya, and to increase the pressure on the #Russian authorities to properly investigate these horrendous crimes.

Une enquête a d’ailleurs bel et bien été enclenchée, mais les procédures furent rapidement arrêtées faute de plaintes officielles de la part des individus.

Le régime arbitraire de Kadyrov

Ce n’est pas la première fois que le chef de cette république fait couler de l’encre à cause de ses méthodes de gouverner et de ses politiques controversées. Les forces de l’ordre de son régime sont à l’origine de plusieurs enlèvements, d’éxécutions extrajudiciaires et de détention illégale. Le peuple tchétchène vit sous un règne de terreur. Ils doivent se conformer à se régime totaloitaire ou bien subir la cruauté. Le contrat social qu’ils ont signé avec cet État les prive de leur liberté et de faire des choix rationnels. Les autorités ne travaillent donc pas à protéger les citoyens.

Si on remonte à la création de la police, les anglais avaient définis le concept de «policing by consent», qui voulait que les policiers utilise la force minimale recquise à la résolution de conflits et que leur autorité vienne des demandes et des besoins de la société. En d’autres mots, être à l’écoute et au service des citoyens pour amener une meilleure cohésion sociale. Malheureusement, ce concept semble s’être perdu dans la république de Kadyrov. On est encore à l’ère politique de la police, c’est-à-dire que cette dernière sert de bras droit au gouvernement en place et n’obéit qu’à ses demandes. Personne ne peut se soulever contre l’État, ce qui serait une erreur très grave, un peu comme les crimes de lèses-majesté au temps féodal.

Il est ardu de comprendre comment un État d’occident autant évolué économiquement et technologiquement en vient à être barabre avec sa population homosexuelle sous seul prétexte qu’elle est différente et qu’elle incarne, selon Kadyrov , le «démon» . Des actes d’une telle impunité ici serait sévèrement condamnés. Il est désolant de constater qu’il est difficile pour la communauté internationale d’interagir avec eux et de mettre un terme à ces conditions de vies inhumaines. La Tchétchénie est une république très fermée et très peu médiatisée, car même les médias sont sous le contrôle de l’État, et tout ce qui entre ou ce qui sort comme information doit être manipulé par les autorités. Il serait pourtant crucial de se soulever et de faire valoir les droits auxquels ces gens, prisonniers de leur propre pays, ont droit. Chacun à droit à la liberté et à la dignité n’est-ce pas ?

Marc-Antoine Dufresne-BernatchezS