Du 17 au 30 mars: attention aux cellulaires!
C’est plus tôt cette semaine, en date du 17 mars 2014, que débutait une vaste opération policière dans toute la province de Québec concernant l’utilisation du cellulaire au volant. Celle-ci, se déroulant en collaboration avec la Société de l’assurance automobile du Québec, s’échelonne jusqu’au 30 mars prochain. Lors de cette opération, les patrouilleurs des différents services de police québécois ont comme mandat de porter une attention particulière à cette infraction du Code de la sécurité routière.
Plus précisément, l’article 439.1 stipule qu’«une personne ne peut, pendant qu’elle conduit un véhicule routier, faire usage d’un appareil tenu en main muni d’une fonction téléphonique. Pour l’application du présent article, le conducteur qui tient en main un appareil muni d’une fonction téléphonique est présumé en faire usage.» Les patrouilleurs devront ainsi remettre une amende à tous les conducteurs surpris avec leur téléphone cellulaire à la main.
Cette opération policière est un assez bon exemple du modèle de la police dite communautaire ou de proximité. Un des fondements principaux de ce modèle veut que la police vise d’abord et avant tout la prévention : c’est la sécurité du citoyen qui importe le plus. Dans le cas qui nous préoccupe, il est tout à fait clair que cette campagne à une visée de prévention bien plus qu’une de rétribution. On semble espérer conscientiser la population générale au danger que représente l’utilisation du cellulaire au volant bien plus que de vouloir punir les infracteurs. En effet, l’opération a une durée qui est limitée et est très bien annoncée dans les médias de toute la province. Si l’objectif avait été de prendre au piège les infracteurs et les punir pour éliminer le comportement, on aurait pu s’attendre à ce que cette opération soit permanente et les peines plus salées (pour l’instant, on parle ici d’une amende de 80$ et de 3 points de démérite sur le permis de l’infracteur).
La visée préventive de cette campagne laisse également entrevoir le fondement de la police communautaire selon lequel le citoyen est responsable de sa propre sécurité. En rappelant au citoyen les dangers d’un certain comportement (ici l’utilisation du cellulaire) sur sa sécurité, on lui rappelle qu’il en est lui-même garant et ainsi que la police n’est pas en mesure de lui garantir sa pleine sécurité s’il ne fait pas lui-même certains efforts.
Un autre point intéressant de cette opération policière qui semble émaner du modèle de la police communautaire est le partenariat entre les «producteurs» de sécurité. Les services de police québécois sont ici partenaires de la Société de l’assurance automobile du Québec, qui est une organisation gouvernementale découlant du ministère des Transports du Québec. De ce partenariat transparaît l’idée du modèle communautaire selon laquelle la police n’est pas dotée d’une expertise exclusive en ce qui a trait à la sécurité. Celle-ci doit donc se lier avec d’autres organisations si elle veut être en mesure d’assurer la sécurité le plus efficacement possible. Dans la présente opération, la SAAQ agit en quelque sorte à titre d’experte de la sécurité routière. Cette dernière et la Sûreté du Québec sont donc entrées en collaboration dans l’objectif de maximiser la sécurité sur les routes dans la province.
En poussant la comparaison un peu plus loin, il est aussi possible d’observer que lors de cette opération, les services de police québécois visent un des deux idéaux de la police communautaire, plus précisément celui qui veut que la police doive résoudre les problèmes qui rendent la communauté dysfonctionnelle, et non seulement les crimes. Les infractions visées par la présente campagne ne sont effectivement pas de nature criminelle, mais bien de simples «déviances» de citoyens qui pourraient théoriquement dégénérer en de plus grandes dysfonctions.
En somme, il est clair que la police québécoise actuelle présente bel et bien des aspects du modèle de police communautaire ou de proximité. C’est en observant l’activité policière plus «anodine» telle que cette campagne de prévention que ces aspects deviennent évidents. Maintenant, s’agit-il d’une bonne ou d’une mauvaise chose de maintenir ce modèle de police? La sécurité des gens est-elle vraiment mieux assurée lorsque la police suit ces fondements? Plus de recherche à ce sujet serait certes très pertinente.