#opCeinture
Ce n’est pas un secret que les médias et les corps policiers s’utilisent l’un et l’autre, et ce depuis des années. Il est souvent question de l’utilisation des médias par la police pour aider à leurs enquêtes, ou pour parler de leurs opérations à succès et ainsi démontrer leur efficacité. La croyance populaire est que la police les utilise seulement lorsque c’est à leur avantage, mais il est trop facile d’être négatif sur le sujet. Les médias aident également les policiers à aviser la population d’une opération à venir, à fournir des conseils pratiques sur la conduite automobile, à faire de la vulgarisation sur la loi. Malgré que cette pratique soit peu reconnue, elle existe bel et bien au Québec!
C’est ce qu’ont fait les corps policiers récemment par le biais d’un communiqué, fort probablement issu de leur canal d’information officiel, en annonçant une opération ceinture de sécurité sur les routes du Québec. Cet article s’est retrouvé dans la plupart des médias d’information de la province. Il informe la population qu’il y aura des barrages routiers pour vérifier le bon port de la ceinture des occupants des véhicules, ainsi que des interceptions spontanées des occupants fautifs, dans la semaine du 11 au 17 avril.
Pour la population, ce communiqué est une façon de savoir que la surveillance de cet article du code de la sécurité routière (CSR) sera augmentée.
396. Toute personne (…) doit porter correctement la ceinture de sécurité dont est équipé le siège qu’elle occupe dans un véhicule routier en mouvement. (…)
Le citoyen peut alors voir la police comme bon joueur et il peut se sentir privilégié d’avoir cette information. Ça peut lui démontrer que le but des policiers n’est pas de coincer tout le monde, mais de prendre sur le fait les conducteurs réellement fautifs. Et qu’il ne s’agit pas d’opérations surprises pour remplir les coffres de la ville. La publicisation de la loi, un droit qu’a la population, permet au citoyen de la consulter librement et d’être informé des exceptions de celle-ci. Le communiqué dirige les lecteurs directement sur le bon article de loi. La population est alors informée et avertie, deux étapes importantes avant d’appliquer le règlement et de sanctionner les conducteurs.
L’application de l’article en question est ensuite facilitée dans les rues, car la police peut justifier son intervention en rappelant au conducteur que la population a été mise au courant avant que cette opération ‘’tolérance zéro’’ soit lancée. La population se sentira respectée, ce qui risque d’augmenter le lien de confiance et de faciliter leur collaboration, ce qui peut apporter un plus grand contrôle informel. Comme un parent qui rappelle à son enfant l’importance d’attacher sa ceinture en voiture.
Cette éducation de la population quant au CSR, forme une sorte de prévention de ces infractions, considérant que plus de conducteurs seront maintenant informés de cet article précis. La police peut faire l’application de la loi lors de ces patrouilles préventives, puisqu’à l’aide des médias elle a été en mesure d’enseigner la conformité. Les corps de polices vont eux-mêmes jusqu’à publier des statistiques sur les risques de décès et de blessures graves quand les occupants ne portent pas la ceinture lors d’accidents de la route, pour inciter les gens à la porter, et justifier du même coup leur opération.
Pour les médias, le fait de publier un tel communiqué pratique et concret à la population, peut venir contrer l’opinion publique de « médias de sensation ».
Pour la police, plus particulièrement, ce communiqué fait croire en une présence accrue, ce qui crée un effet panoptique sur la population, qui ne sait plus quand elle est sous surveillance ou non. Les gens tenteront alors de toujours bien se comporter pour éviter les contraventions, car si les policiers surveillent cette infraction, ils sont nécessairement présents pour surveiller les autres en même temps.
Pour ce qui est de l’opération annoncée, elle permet aux dirigeants de s’assurer que les patrouilleurs sortent des véhicules pour aller à la rencontre des citoyens, et augmentent le contact avec ceux-ci. Ça permet à la police de montrer son efficacité et de rassurer la population en s’occupant des gens qui ne se conforment pas à la loi, en assurant une présence et une surveillance active sur le territoire. L’opération peut, de ce fait, avoir l’effet d’augmenter le sentiment de sécurité des citoyens. De plus, le fait de faire beaucoup d’interceptions et de vérifications de véhicules peut mener à constater d’autres infractions, ou même à détecter des crimes, et aussi à vérifier la validité des papiers de chacun des conducteurs ainsi que ceux de leur véhicule.
Finalement, la police tente toujours de tirer des bénéfices des publications médiatiques. Mais la population tire elle aussi sa part de bénéfices, puisqu’elle en ressort mieux éduquée, avertie, et sait à quoi s’en tenir. Bien sûr, la police en ressort gagnante, mais n’est-il pas intéressant qu’on voit autre chose que le côté négatif de la police souvent dépeint par les médias?
Voici un exemple d’un média qui a également décidé de tirer bénéfice de cette annonce pour attirer les gens sur son site web, en publiant un article divertissant en lien avec le sujet : « Ceinture : les pires excuses données aux patrouilleurs ».
La page web rappelle ensuite aux lecteurs certaines conséquences du non-port de la ceinture:
Une contravention pour le non-port de la ceinture de sécurité coûte 127 $ frais inclus et trois points d’inaptitude. Tous les occupants du véhicule doivent boucler leur ceinture. Si vous êtes passager et âgé de 16 ans et plus, vous recevrez une contravention pour ne pas l’avoir portée. Si le fautif a moins de 16 ans, c’est le conducteur qui en paie le prix. La Sûreté du Québec croit que si tous les occupants s’attachaient, on éviterait annuellement 40 décès et 95 blessés graves au Québec.
Bonne route!