Un ex-policier accusé de trafic fera de la prévention auprès de la police
Ce topo donne suite au cas de Carl Ranger, un ex-policier condamné à 18 mois de prison pour trafic de stupéfiants (méthamphétamine) et d’utilisation frauduleuse des bases de données informatisées des policiers (Centre de renseignement policier du Québec). Afin de rappeler les évènements, l’agent Ranger du service de police de Repentigny avait été l’une des soixante-trois personnes interceptées lors du projet Objection. Ce dernier visait le groupe criminalisé des Hells Angels et son réseau de trafic de stupéfiant à travers le Québec. Il avait entre autres admis à un agent d’infiltration sous couverture avoir fait 1000$ lors d’une transaction de 10000 métamphétamines et de 10000$ qu’il avait effectué. Les renseignements qu’il avait obtenus au CRPQ et qui ont été reçus en cours pour le chef d’accusation d’utilisation frauduleuse des bases de données informatisées policières avaient d’ailleurs été remis à un agent d’infiltration qui en avait fait la demande pour une somme d’argent.
Récemment, M. Ranger a atteint le sixième de sa peine et est devenu admissible à une sortie préparatoire à la libération conditionnelle. Cette dernière lui a été accordée par la CQLC (commission québécoise des libérations conditionnelles). Par la suite, la sureté du Québec a fait la demande à cet ex-agent de faire une vidéo et des conférences qui relatent son parcours et les facteurs qui ont fait en sorte qu’il se soit corrompu. L’ex-policier et spécialiste en affaires policières Jean-François Brochu affirme en entrevue à la radio qu’un programme de prévention et de sensibilisation existe déjà en matière de corruption policière. Ce dernier est fait à des normes policières. Ce programme a d’ailleurs pour objectif de sensibiliser aux comportements à risque afin de pouvoir intervenir auprès de collègues présentant certaines caractéristiques. La prévention de l’ex-agent ajouterait un volet de prévention au sein du corps policiers. Implicitement, il raconte à la commission que ces facteurs débutent lorsqu’il vit un choc post-traumatique à la suite d’une scène de crime où il voit une femme qui a été assassinée. Ses demandes d’aide pour cette problématique n’aboutissent pas. Ce meurtre et cette incapacité à recevoir de l’aide ont causé beaucoup d’insatisfaction chez lui. Cela marque le début des problèmes de consommation d’alcool et de problèmes financiers en raison de son salaire moindre suite à l’arrêt de travail temporaire.
À ce jour, l’ex-agent Ranger a fait un ménage dans son entourage et est en voie de remettre de l’ordre dans sa situation financière, l’une des conditions de sa sortie préparatoire étant de rencontrer un planificateur financier pour poursuivre dans cette direction le plus efficacement possible. De plus, ce dernier souhaite réintégrer son emploi de policier.
Il est important de mentionner que l’ex-agent Ranger se retrouve sous la bannière du policier corrompu carnivore au sens de la déviance policière. Ce sont d’énormes coups qu’il a effectué par le trafic et l’argent qu’il obtenait de ceux-ci. La déviance sous forme de criminalité policière se présentait sous la forme des recherches illégales au CRPQ lors de l’exercice de ses fonctions ainsi que des trafics qu’il effectuait. Au niveau des causes de celle-ci, il est possible de supposer que ses problèmes financiers l’ont fragilisés et que le contact avec le milieu criminel ont facilités son passage à l’acte.
Effectuer de la prévention peut s’apparenter aux notions de police communautaire qui intègrent cette piste de solution afin de réduire le nombre de crimes commis, et ce même auprès de policiers. Ceux-ci, en raison de leurs pouvoirs, du milieu dans lequel ils sont et de la forte cohésion entre ses membre, il est possible qu’un de leur membre (ou ex-membre) ait une influence plus importante à leur égard. Il est aussi possible qu’il soit rejeté du groupe en raison de sa marginalisation par rapport à ce dernier.
Un autre aspect important à observer est son désir de réintégrer son emploi. La branche d’application de la loi vise à contrôler des suspects et à les arrêter. Ayant fait partie de ce groupe, peut-il vraiment réintégrer le corps policier ? L’un des standards minimaux dans une police démocratique est entre autre de pouvoir punir les policiers fautifs. Un retour dans le milieu policier me semble difficilement envisageable face à la gravité de la faute commise et face à l’image de la police qui risquerait d’être ternie. La confiance du public pourrait alors diminuer.
Un autre aspect qui peut influencer le public est l’utilisation de cette nouvelle par les média. Comme ce cas a présenté une médiatisation plutôt importante de par la croyance fabuliste du policier corrompu, il est possible de croire à un problème systémique plutôt qu’à un évènement isolé. De plus, un retour au travail serait forcément médiatisé et risquerait de miner encore plus la confiance du public.