La militarisation de la police

Depuis le début de l’histoire de la police, il existe des avancements technologiques faisant en sorte que les forces de police partout dans le monde ont tendance à se militariser. Dans la plupart des organisations policières des grandes villes, on voit de plus en plus l’utilisation des policiers d’élites (SWAT) dans des situations extrêmes et même courantes.

Les opérations précaires dont les policiers d’élites prennent part vont de la libération d’otages, rétablir l’ordre pendant les émeutes, d’exécuter des opérations anti-terroristes, des arrestations dans les enquêtes anti-drogue de grandes envergures, des perquisitions et finalement donner des services de protections lors d’évènement spéciaux. Depuis les attentats de 2001, nous remarquons une augmentation des équipements de type char blindé et ce malgré le fait que la communauté n’en a probablement pas besoin, dû au bas taux de criminalité. Par exemple, la ville de Neenah, Wisconsin, « dans le hangar municipal, aux côtés de l’imposant chasse-neige orange, il y a un mastodonte plus impressionnant encore, couleur sable de plus de 3 mètres de haut. »

Armés d’équipement de fort calibre (fusil d’assaut, grenade, casque, lunette de vision nocturne et masque à gaz) la tâche principale du policier d’élite est de minimiser les risques pour les forces de police normale. Nous constatons même, qu’ils sont de plus en plus utilisés dans des opérations de routine. Comme par exemple : « En Louisiane, des policiers cagoulés et armés jusqu’aux dents ont ainsi fait une descente dans une discothèque en 2006 dans le cadre d’une opération de contrôle de la vente de boissons alcoolisées. En Floride, en 2010, des policiers du Swat ont mené des inspections armes au poing dans les salons de coiffure. »

L’achat d’équipement d’élite fait souvent suite à un évènement tragique d’où la police n’était pas assez préparée ou équipée. Prenons par exemple Los Angeles, en août 1965, une émeute de 10000 personnes tourne mal, 34 morts et des milliers de blessés. Lors de la fusillade de Surrey Street, trois policiers et le forcené barricadé perdirent la vie. C’est à ce moment que le chef de police décide de concevoir une unité d’élite. Ce sera la naissance du SWAT.

Si nous revenons un peu plus près de nous. En 2018, le département de la police municipale de Laval c’est équipé d’une quarantaine de fusil d’assaut semi-automatique de type 223, capable d’atteindre une cible à plus de 75 mètres avec précision. Ce que les policiers ne pouvaient pas faire avec les équipements usuels (9mm et fusil calibre 12). La facture de cet achat s’élève à 162000$ et cela pour des policiers qui ne font pas parti de l’équipe d’élite. Cet achat est relié l’évènement d’un tireur actif en aout de 2018, L’équipement de base des policiers ne faisait pas le poids face à l’arme utilisée par le forcené. En voyant la popularité de ces armes auprès des policiers, plusieurs autres communautés de la province ont emboitées le pas et achetées ce même type d’arme.

La SQ aussi s’achète de beaux équipements. Très récemment (avril 2019), le GTI a reçu livraison d’un nouveau camion d’assaut afin de remplacer le vieux camion devenu désuet. Avec une facture totale de 850000$, le Thunder 2 sera déployé lors d’opérations de personne barricadée, de prise d’otage, d’événements terroristes et d’interventions dans un édifice fortifié ou en hauteur.

Malgré tout, il n’y a pas que des armes qui sont mis à la disposition des services de police afin de sécuriser nos villes. En informatique, nous voyons apparaître de plus en plus d’inventions et nouvelles technologies. Celles-ci nous permettent de faire une analyse des critères présent dans l’exécution d’un crime. À Durham, UK, le projet HART (Harm Assessment Risk Tool) permet d’évaluer les caractéristiques personnelles d’un suspect afin de décider si nous devons détenir une personne ou non, d’une manière préventive. Aux États-Unis, Compas est un programme similaire et utilisé dans plusieurs villes. L’intelligence artificielle est de plus en plus populaire de la part des départements de police à travers le monde et surtout en service de sécurité. Le fait d’utiliser cet méthode permet une détection plus rapide des malfaiteurs en utilisant les systèmes de vidéo-surveillance disponibles.

La militarisation, l’achat d’équipement, l’utilisation de l’intelligence artificielle et la spécialisation des services de police font en sorte que les budgets d’opération augmentent sans cesse. En 2017, le budget de la ville de Québec était d’environ 118 millions de dollars.  En 2016, le SPVM avait un budget de 680 millions de dollars et il y a eu dépassement de couts. Les villes de New-York et Chicago dépensent respectivement 6.3 et 1.6 milliards de dollars américains en services de police de toutes sortes.

Comme nous pouvons le constater, nos gouvernements mettent tout en place pour que nos villes soient sécuritaires. Par l’entremise de programmes d’amélioration du service et d’équipements des policiers on permet à ceux-ci de se spécialiser davantage. Toutefois cette spécialisation à un coût et une simple recherche sur les budgets le prouve bien. Toutefois, les dirigeants des services de police doivent faire une gestion des opérations policières, afin que celles si ne deviennent pas des opérations de type militaire.