Corruption policière à New York
Les médias jouent une grande part dans l’opinion publique. En effet, il est possible de modeler les croyances des lecteurs selon l’angle adopté pour écrire l’article, mais aussi selon la fréquence de publication sur un certain sujet. Par exemple, 36% des articles publiés par The Citizen portent sur des homicides. On pourrait donc avoir le sentiment que beaucoup de meurtres ont lieu à Ottawa, alors qu’ils ne représentent que 0.04% des délits commis.
Cela dit, les articles tendent généralement à valoriser le travail des policiers en soulignant leurs bons coups à chaque occasion qui se présente. À la fin de la journée, chaque individu peut rentrer chez lui et sentir qu’il est en sécurité dans sa ville, et que des personnes bienveillantes et compétentes gardent le fort, qu’ils peuvent avoir confiance. Que bien que la ville soit peuplée de dangereux criminels, les gentils policiers l’emportent toujours.
Néanmoins, il arrive que tout ne soit pas tout noir ou tout blanc, que parfois, le méchant est le gentil. C’est ce que le Journal de Montréal s’est risqué à démontrer, à travers un article portant sur un cas de corruption policière à New York, au sein même du NYPD.
Phillip Banks, chef de département, et plusieurs autres policiers acceptaient tous des cadeaux de deux hommes d’affaires en échange de services. On peut les qualifier d’herbivores, car ils prenaient de petits cadeaux sans grande importance de façon systématique. Banks aurait apparemment accepté de l’argent, des billets d’avion et des chambres d’hôtel payées en échange de divers services comme de faire bénéficier les hommes d’affaires des services d’escortes de police ou encore de faire escorter des convois funéraires vers l’aéroport. Ce serait une forme de corruption de l’autorité, car les policiers acceptaient les cadeaux sans échange direct, ce qui signifie que ceux-ci étaient par la suite redevables.
Dès que certaines informations sur le pot aux roses ont été dévoilées au grand jour, Banks a remis sa démission de façon précipitée, alors qu’il s’apprêtait tout juste à être promu à un poste plus important. L’enquête a suivit son cours, et les policiers impliqués dans l’affaire ont été démis de leurs fonctions ou ont été assignés à d’autres postes. On peut croire que ces actions ont été prises pour éviter un effet de contagion, en cohérence avec la théorie de la pomme pourrie. On souhaitait laisser miroiter à la population que ces policiers fautifs appartenaient à l’exception, et que l’on s’en chargerait sévèrement pour éviter que cela se reproduise. Cela avait pour but de redorer l’image du bon policier honnête et toujours prêt à réprimer le crime, où qu’il soit.
Toute cette affaire a nécessairement ébranlé la confiance des citoyens envers le service de police. Cependant, le Journal de Montréal a bien choisi sa façon de raconter l’histoire : on pointe du doigt deux ou trois policiers, et on s’empresse de rattraper le tout en valorisant le fait que des actions ont été prises pour limiter les méfaits. À la fin de l’article, on garde le sentiment que tout compte fait, les policiers sont des héros et qu’ils nous ont protégé des deux ou trois pommes pourries qui menaçaient l’équilibre.