Au coeur du chaos: la tuerie à travers les yeux d’un policier.
Depuis son article en 2009, Jonathan Filteau ne se doutait pas que son parcours au fil des années allait un jour l’aider dans ce qu’il mentionne être « un avant et un après le 29 janvier 2017 ». Avec plus de 25 ans de métier, il a été au cœur de l’attentat de la mosquée. Il a été le premier policier arrivé sur les lieux de la tuerie qui a fait 6 morts, huit blessés, dont six graves et qui a fait 17 orphelins. Tiré de son premier livre , Au cœur du chaos vient nous dresser un portrait des premières minutes qu’a vécues ce policier. Ces mêmes minutes qui ont été rapportés, filmés, diffusé par les journalistes, les témoins, les curieux,….Cette histoire vécu par Jonathan Filteau est autrement que de la fiction rapportée par les médias. Celui qui grâce à sonparcours professionnel particulier dans différents conflits armés aux quatre coins du globe, lui a permis d’assumer ce rôle avec brio. Parcours exemplaire l’ayant mené à recevoir la Croix de la bravoure, qui est la plus haute distinction qu’un policier peut recevoir au Québec.
« J’arrive seul sur les lieux le premier. Et ce que je vois en arrivant devant la mosquée, c’est deux individus ensanglantés au sol et il y en a un qui est debout qui est penché vers les victimes, et il y a une arme automatique à ses pieds. Donc, je sors de mon véhicule, je dégaine mon arme de service, je pointe l’individu et là, on a un contact visuel pendant je dirais une seconde […] »
– Jonathan Filteau, Au coeur du chaos
« Et il fait 180 degrés et il part à la course. Je pars en poursuite à pied derrière lui, je lui ordonne de se coucher à plusieurs reprises, j’ai passé très près de l’abattre à ce moment-là », ajoute-t-il.
– Jonathan Filteau, Au coeur du chaos
Ce n’est seulement qu’une fois maîtrisé au sol et ensuite, avec l’aide du 2ème agent sur place, qu’il pénètre dans la mosquée et qu’il assimile ce qui vient de se passer. Il découvre sur les lieux, le chaos laissé par le tueur. Il faut se poser la question à savoir quel message aurait été véhiculé par les médias si les images auraient été centré que sur l’arme du policier pointé sur l’homme qui s’enfuit. La critique vient souvent rapidement lorsque les médias embarquent dans un sujet chaud. Le sensationnalisme n’a pas pris trop d’ampleur dans cet évènement. La relation médias-police a été faite dans le respect, les normes et sans exagération.
Fermer la boucle
C’est autour d’un café qu’il ira à la rencontre de cet homme dont il fait mention dans son livre. Celui qui à peine quelques minutes avant la tuerie, enlevait la neige des escaliers du Centre Culturel islamique de Québec. Mohamed Belkhair est passé de suspect à témoin. Cette rencontre lui a permis de boucler la boucle.
« Je suis allé prendre un café avec lui, et de pouvoir discuter de la façon qu’il avait vécu les événements et de comprendre les deux perspectives, ça nous a permis à tous les deux de faire en quelque sorte une boucle. »
– Jonathan Filteau, Au coeur du Chaos
Cette boucle a été vécue différemment par chacun des intervenants de cette soirée du 29 janvier 2017. Chacun à sa manière se reconstruit, redevient en quelque sorte la personne qu’il était avant cet évènement. Je mentionne en quelque sorte, car je crois que chacun des deux individus présents sur les lieux, auront « leurs souvenirs » de la scène laissée par Alexandre Bissonnette et tenteront de continuer leur route avec cette image de sang, laissée par les corps inertes des victimes abattues. Images qui auront voyagés à travers le monde par différent mode de diffusion.
Bissonnette sera arrêté sur le pont de l’Île-d’Orléans après avoir lui-même contacté le 911. Le 8 février 2019, le juge François Huot le condamne à une peine de prison à vie, sans possibilité de libération conditionnelle avant 40 ans. N’eut été de l’abolition de la peine de mort en 1976, il est clair que c’est une des plus hautes peines imposées au pays. Aurait-on clamé sa mort suite au carnage qu’il a fait? Je crois que cela aurait été soulevé par la couronne ou du moins par la population. Qui sait? Le MSP a reconnu que cet acte ne venait pas augmenter niveau de menace canadien qui demeure toujours modéré. Le SCRS permettra au cours des mois, des années, de gérer les informations qui entreront au pays sur ce sujet et de référer au besoin à la GRC qui est l’organisme responsable lié au SCRS. Le renseignement, autant criminel que de sécurité, sera l’outils clef pour compiler, recueillir, analyser les informations afin d’être pro actif et intervenir avant que le crime apparaisse. Les auteurs seront ciblés plus facilement avec ce nouveau modèle policier apparut en 1997 soit la «police de renseignement criminel».
Faits Troublants
Il est troublant de constater qu’à la suite de la diffusion des images de la tuerie Christchurch, qui a fait 49 victimes au sein de la communauté musulmane, le nom d’Alexandre Bissonnette figurait sur un des magasins d’armes à feu.

TIRÉE DE TWITTER
Le nom d’Alexandre Bissonnette inscrit sur une arme qui a servi au massacre perpétré dans deux mosquées de la Nouvelle-Zélande confirme que le responsable du meurtre de six fidèles à la Grande Mosquée de Québec le 29 janvier 2017 a servi de modèle au tueur.
– JEAN-FRANÇOIS NÉRON
Le Soleil, 15 mars 2019
Cette diffusion qui a été enlevée des médias sociaux rapidement, malgré le fait que des millions de personnes ont pu voir ce massacre, au travers la caméra « go-pro » du tueur. Cette diffusion devient incontrôlable lorsque les médias sociaux s’en accaparent. De plus, même si elle a été supprimée très rapidement, elle a dû être reproduite sur des sites anonymes, piratés ou autres. Il est toujours possible de rechercher quelque chose sur internet. Il s’agit de savoir ou de fouiller et d’avoir de bonnes connaissances en informatique.
Bissonnette qui prend bien soin de sortir dans les médias afin de mentionner par la voix de ses avocats qu’il ne veut en aucun cas servir de modèle. Dans les faits, il est trop tard. Il a perpétré un acte de violence envers une communauté et devra vivre avec les conséquences de son geste abominable. Son nom a déjà fait le tour du monde par le biais des médias et on en a eu la preuve le 15 mars 2019.
Il est certain qu’un sentiment d’insécurité s’est installé à la suite de l’attentat provoqué par Alexandre Bissonnette. Au SPVQ, les surveillances policières ont été augmentées pour donner de la visibilité et essayer de diminuer cette peur installée autour des mosquées. Des patrouilles intensives ont été instaurées dans les secteurs déterminés par la présence de lieux de prière. De plus, des caméras de surveillance ont été installées autour des mosquées. Les médias, en étant des producteurs d’ordre social tel que décrit par Richard Ericson, reconstituait la déviance telle que véhiculée par les sources policières durant cette période. Réalité ou fiction? Je crois que les images et la finalité de ce drame demeurent une réalité au quotidien pour beaucoup de gens impliqués de près ou de loin dans ce carnage sanglant comme raconté dans le livre : Au cœur du chaos
