Cauchemar aux douanes canadiennes pour un autochtone

Depuis les tragiques évènements du 11 septembre 2001, la sécurité de nos frontières comme partout ailleurs est une de nos plus grandes priorités. En effet pour ce faire, une des méthodes pour améliorer la sécurité de nos frontières a été d’engager des centaines de douaniers. Ceux-ci sont chargés de surveiller nos frontières contre les criminels qui voudraient rentrer au Canada. Cependant, il arrive à des occasions que des problèmes se créent entre des voyageurs et ces douaniers qui, eux, disposent des quasi mêmes droits que la police.

C’est ce qui s’est produit le 6 mars 2019, alors que M. Hogan revenait de ces vacances en solitaire en République dominicaine. Celui-ci, voulant profiter du fait que son fils de 15 ans soit allé chez sa mère et malgré la désistassions de son ami quelques jours avant le départ, avait quant même décider de partir seul en voyage. C’est à son retour que tout commença à aller mal, en effet les douaniers ont décidé de la garder pendant près de 5 heures afin de s’assurer qu’il n’avait rien à cacher.

M. Hogan explique que durant les 5 heures de fouille et d’interrogatoire celui-ci a été obligé de se mettre à nue devant les douaniers, d’uriner encore devant les douaniers. De plus, celui-ci a été obligé d’aller à l’hôpital accompagner de plusieurs agents de la douane pour prendre une radiographie de ces intestins afin de prouver que celui-ci n’avait aucune trace de drogues sur lui. Finalement non sans peine, M. Hogan a été autorisé à rentrer chez lui après 5 heures d’humiliation selon lui.

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Effectivement, en plus d’être humiliant pour M. Hogan cet interminable interrogatoire était pour lui injustifiable. Pour le principal intéressé, les raisons de sa détention sont très claires. Il pense que le fait qu’il soit un artiste autochtone, voyageant seul et en classe affaire n’a pas aidé son cas.

Bien que les agents de douane ne soient pas des policiers en tant que tels, ils utilisent les mêmes stratégies que ceux-ci. L’une d’entre elles s’appelle la « police de renseignement criminel ». En effet, dans cette stratégie, la police tout comme les douaniers sont amenés à faire un calcul « actuariel » selon le risque qu’un évènement se produise ou non. Dans cette affaire, cela a amené à un profilage basé probablement sur le métier de la personne et aussi son origine ethnique. De plus, cette stratégie est basée sur les statistiques qui rapportent que près de 6 % délinquants commettent 50 % des crimes et donc une fois de plus en se basant sur l’information recueillit on essaye d’identifier ce 6 % et par le fait même on est amené à faire du profilage. On appréhende donc les personnes qui correspondent le plus au schéma caractérisant le 6 %. On peut donc conclure que M. Hogan était considéré comme une personne avec un fort risque d’avoir en sa possession de la drogue ce qui a amené les douaniers à le fouiller et à l’interroger.

D’autre part, le cas de M. Hogan n’est pas un évènement isolé, en effet, depuis quelques années, le nombre de plaintes contre les services frontaliers canadiens est de plus en plus nombreux, un total de 105 plaines « fondées » ont été portées contre l’ASFC en 2017. On rapporte beaucoup de témoignage comme celui de Chantal Desloges, avocate spécialisée en immigration :


Ils ont tellement de pouvoir, déplore-t-elle. Ils peuvent détenir des gens et parce que les gens ont peu de droits lorsqu’ils arrivent à la frontière, ils ne peuvent s’y opposer.

Dans cette déclaration, Mme Desloges décrit parfaitement le rôle quasi étatique de l’Agence des services frontaliers du Canada. En effet, l’ASFC à l’intérieur des murs de l’aéroport a presque les mêmes pouvoirs que les agents de la paix. Tous les douaniers ont le droit de fouiller et de détenir les voyageurs qu’ils soupçonnent d’être des criminels. Ces deux droits ont d’ailleurs été mis en application dans le cas de M. Hogan. Cependant avant de critiquer le travail des douaniers comme le fait, Mme Desloges, il faut se souvenir que les douaniers ont plusieurs missions importantes à remplir pour la sécurité de tous. Effectivement, la sécurité des frontières, la perception de taxe, le contrôle de la contrebande et aussi le fait de s’assurer des antécédents des nouveaux arrivants sont toutes des missions importantes que l’ASFC doit remplir.