« StingRay»: qui les utilise?

Source: Radio Canada

TVA Nouvelle révélait en début de semaine que le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) refusait de répondre aux questions des conseillers municipaux concernant l’acquisition des appareils «StingRay». La même chose s’est produite lorsque Le Journal a tenté d’avoir des réponses.

De quoi s’agit-il?

Les appareils «StingRay», aussi appelés «Intercepteurs d’IMSI», permettent l’espionnage des communications cellulaires à distance. Ces appareils imitent le fonctionnement d’une tour de téléphonie cellulaire afin de permettre aux policiers de pouvoir intercepter les communications d’un secteur. Ils peuvent aussi recueillir les messages textes, les courriels et les conservations téléphoniques.

Selon Radio-Canada, ce prototype a été utilisé aux États-Unis par certaines forces policières. Il fonctionnerait en envoyant des signaux semblables aux tours cellulaires. Ces signaux peuvent ainsi être confondus et toucher les téléphones cellulaires qui sont à proximités. C’est ainsi que l’information transmise par le téléphone peut être dévoilés à celui qui utilise le «StingRay». Il peut alors recevoir la localisation, les données de transmissions en plus des autres données énumérées plus haut.

« Quelqu’un qui utilise StingRay peut le mettre quelque part ou le porter sur soi et celui-ci intercepte toutes les données qui se passent autour. » – Tom Keenan, professeur à l’Université de Calgary et chercheur à l’Institut canadien des affaires mondiales.

Utilisation au Canada

Québec : Le SPVM a refusé de répondre aux questions posées par Marvin Rotrand, conseiller municipal, lorsqu’il a tenté de savoir si la police de Montréal faisait l’usage de ce type d’appareil. Il semblerait que la raison évoquée serait afin d’éviter de divulguer des techniques d’enquête. Le porte-parole de l’opposition en matière de sécurité publique, Abdelhaq Sari, dit s’inquiéter de l’absence de réponse du SPVM. Il juge que les citoyens devraient pouvoir avoir cette information puisqu’il s’agit de leurs données personnelles, d’autant plus qu’elles pourraient être stockées, et qu’ils ont le droit de remettre en question l’utilisation des appareils «StingRay». D’un autre côté, le directeur des communications de l’administration Plante, Youssef Amane, a fait part qu’il est normal, selon lui, que le SPVM ne donne pas de réponse à ces questions. Le SPVM appui son absence de réponse sur la Loi sur l’accès aux renseignements des organismes publics.

Toronto : La semaine dernière, le journal Toronto Star a dévoilé que la police de Toronto était en possession d’au moins un appareil «StingRay». Cette information, le Toronto Star tentait de l’obtenir depuis 2015, alors que la police de Toronto avait mentionné les mêmes raisons que celles dites par la police de Montréal actuellement. L’affaire s’était rendue devant le tribunal, qui a forcé la police à donner une réponse. Il a aussi été mentionné que la police de Toronto aurait utilisé les intercepteurs d’IMSI à au moins cinq reprises lors d’enquêtes, depuis 2010.

Gendarmerie Royale Canadienne (GRC)

Source: CBC

La Gendarmerie Royale Canadienne (GRC) avait révélée en 2017 qu’elle faisait l’utilisation des appareils intercepteurs d’IMSI dans plusieurs villes du Canada. Le surintendant principal de la GRC, Jeff Adam, avait alors dévoilé que celle-ci possédait 10 appareils. Il vantait ainsi les côtés positifs de l’utilisation des
«StingRay» puisqu’ils ont permis de détecter et tracer des appareils mobiles dans des temps records et ce, dans 19 enquêtes criminelles en 2016.

Il avait aussi pris le temps de faire quelques précisions quant à l’utilisation de ces appareils au sein de la GRC. Il a tenté de rassurer le public sur le partage d’informations. Il mentionnait que pour faire l’usage des appareils
«StingRay», ils ont souvent eu des mandats d’accordés. De plus, il fallait l’accord d’un officier senior ainsi que celui d’un juge pour pouvoir utiliser ces appareils en enquête. Quant aux informations recueillies, il rassure le public en disant que celles-ci ne sont pas recueillies par le GRC. Il mentionne qu’ils ne font qu’identifier et localiser les appareils mobiles selon les ondes, mais qu’ils ne recueillent pas les informations personnelles des utilisateurs, telles que les courriels ou les messages textes.

Utilisation des technologies dans la police

L’utilisation de ces appareils permet aux différents services de police de pouvoir recueillir des informations de sources SIGINT (Signal Intelligence, c’est-à-dire, des informations de sources qui implique une quelconque technologie de surveillance. Comme le renseignement fait partie des activités permanentes de la GRC depuis 1980, l’utilisation des intercepteurs d’IMSI permet d’avoir une source d’information supplémentaire.

Les intercepteurs d’IMSI semblent faire un travail semblable aux «celldar», celui de suivre les objets et les personnes à l’aide des radiations des systèmes des téléphones cellulaires. C’est une technologie qui s’est développée avec le temps et qui, aujourd’hui, sert comme source de renseignement en plus de servir comme mode de surveillance.

Les appareils «StingRay» sont une avancée, probablement propulsé par le changement de la conception du risque et de la société. En tant qu’appareil de surveillance, il sert à éviter le crime, mais pas à réduire les risques du crime. Cela fait donc partie des conséquences de la société du risque crée par plusieurs auteurs, dont Beck.