Les femmes autochtones et la police : violence et discrimination

La dynamique relationnelle tendue entre les autochtones et les forces policières est au cœur des médias depuis un bon moment déjà. Leurs relations conflictuelles démontrent l’oubli dans lequel les peuples autochtones se trouvaient depuis trop longtemps. Plusieurs autochtones sont sortis de l’ombre afin de s’ouvrir concernant les différentes violences et situations discriminatoires dont ils étaient victime de la part des services de police et de toutes autres institutions. Récemment (février 2019), la Ligue des Droits et Libertés (LDL) a publiée l’article Les femmes autochtones et la police : violence et discrimination. Cet article montre la discrimination systémique en plus de toutes les violences que les femmes autochtones subissent de la part de la police. Pour ce faire, la LDL prend pour exemple l’indifférence de la police à l’égard des femmes autochtones disparues ou assassinées et celles qui ont été victimes de violence de la part d’un policier.

Faits :

  • En 2014, 1181 cas de femmes autochtones disparues ou assassinées ont été recensés depuis 1980.  225 sont non-résolues.
  • 2015 : Radio Canada fait un reportage concernant la disparition de Sindy Ruperthouse : il est révélé que plusieurs femmes ont vécues des situations de discriminions et de violence de la part des policiers qui interviennent dans les réserves autochtones.

Sous cultures policières

Toujours dans l’article de LDL, on y voit que l’un des bilans de l’enquête publique du Directeur des poursuites criminelles et pénales (novembre 2016) démontre que 21 dossiers d’une première phase d’enquête impliquaient des femmes autochtones. Dans ces dossiers, il y a des cas de :

  • Allégations de nature sexuelle (14)
  • Usage excessif de la force (15)
  • Cure géographique (9)

En 2015, lors du reportage sur la disparition de Sindy Rupethouse, plusieurs femmes autochtones dénoncent les comportements de violence des policiers de Val-d’Or envers celles-ci. Les huit policiers soupçonnés sont suspendus le temps de l’enquête. Pendant ce temps, environ 2500 policiers de la Sureté du Québec ont affichés sur leur uniforme un bracelet rouge avec huit étoiles et le numéro 144 (qui représente les huit policiers et le 144 qui est le poste de police de Val-d’Or). Ces agents portaient ce symbole lors des interventions auprès des autochtones. Ce signe est perçu différemment de la part des autochtones versus les agents de police. En effet, d’un côté, il s’agit d’un symbole d’intimidation, d’abus pouvoir et même de peur. Pour les policiers, il s’agit d’un signe d’appuis, de solidarité et de loyauté. Il est vrai de dire que la culture policière amène les policiers à tisser des liens extrêmement forts. On peut parler ici de solidarité interne. Il est démontré que même si un collègue policier est fautif, ses autres collègues risquent fort de le protéger, donc de ne pas porter plainte contre lui.

Le rôle du policier en milieu communautaire est de renforcer la communauté et ainsi résoudre les problèmes qui rendent la communauté dysfonctionnelle. Ici, on semble plus voir un cas où un policier tombe dans un rôle de tyran afin de gérer la communauté comme bon lui semble sans prendre compte des difficultés sociales, culturelles et personnelles que font face la communauté autochtone.

La LDL montre que dans les cas de disparition et d’assassinat de femmes autochtones, les familles font face à des services de police qui ne transmettent pas l’information, qui ont peu d’intérêts dans ces situations ou qui refusent catégoriquement de coopérer avec celles-ci.

Comment des tensions relationnelles peuvent être aussi grandes pour qu’un humain brime une personne de ses droits fondamentaux ?

Est-ce que le code de déontologie est appliqué comme il se doit ? Dans celui-ci, le point 5 traite des façons de garder et d’augmenter la confiance des citoyens à l’égard de la police. Le point 6 lui démontre que le policier ne doit en aucun cas faire d’abus de pouvoir. Comment se fait-il qu’avec un code qui se doit d’être respecté des situations malheureuses comme celles avec les femmes autochtones arrivent ? Il est aussi important de noter qu’en petite région et auprès de clientèles vulnérables qu’il est important d’utiliser la police communautaire (travailler en proximité avec sa communauté, bien connaître et comprendre les enjeux, travailler sur la relation avec les citoyens, etc.).  Le citoyen reste tout de même un « client » des services de police et doit absolument avoir le meilleur « traitement » possible.

Recommandations

Nous avons plusieurs visions différentes de ce phénomène. Les autochtones ont fait de maintes demandes afin d’avoir des enquêtes indépendantes, on mentionnés qu’ils vivaient du racisme systémique, de la discrimination ainsi que de la violence à leur égard. Ils ont tenté de faire des pressions afin de faire cesser les agissements des policiers fautifs et le port de signes de solidarité des policiers envers leurs confrères du poste 144 (on parle ici des bracelets, comme mentionné plus haut).

Le gouvernement du Québec et les services de police concernés nient l’existence du racisme.

Un chercheur de l’Université de Regina explique que la relation tendue entre les policiers et les peuples autochtones empêche les membres de ceux-ci à aller chercher l’aide de la police et la police d’aller chercher l’aide de la communauté. Il y a beaucoup d’aliénation d’un côté versus l’autre. Personne ne semble se faire confiance.

Nous voyons récemment dans les médias l’importance de la police à être davantage outillée pour intervenir auprès des clientèles vulnérables ou tout simplement afin de faire face à des crises psychosociales. La LDL recommande aux services de police d’avoir des formations complètes afin d’augmenter les compétences de ses employeurs et que leurs interventions soient ‘’culturellement sécurisantes’’. Ils mentionnent qu’il est important de comprendre les impacts de la colonisation, des traumatismes vécus par ces peuples et de prendre conscience des rapports de pouvoirs coloniaux. L’importance serait de tisser des liens de confiance, de miser davantage sur une police dite communautaire et de créer des organismes dans ces réserves pour venir en aide aux peuples autochtones. De cette façon, il sera fort possible de voir naître un partenariat entre les policiers et les intervenants.

« Il y a une difficulté qui émane de la méfiance, alors j’espère que les gens vont reconnaître que les gens dans les communautés méritent d’avoir le même service policier, adapté culturellement, mais avec les mêmes protections, et ce qui n’est pas le cas en ce moment en 2018 » – Mme Audette, la commissaire de l’Enquête nationale sur les femmes autochtones