La formation «Désescalade» à Granby!
Les policiers au Québec se retrouvent de plus en plus confronter à des appels concernant certains problèmes de santé mentale. La ville de Granby se retrouve particulièrement touché. Les policiers ont vue passer leurs interventions en santé mentale de 220 en 2015 à 355 en 2018. De plus, ils ont dû intervenir sur 106 cas auxquels des individus se sont suicidé ou tenté un passage à l’acte. En réponse à ces événements, la police de Granby va former 70 de ses policiers à la formation Désescalade de l’école nationale de police. Cette formation a été conçue à la suite des suggestions du coroner Luc Maloin après la mort d’Alain Magloire abattu par des policiers en 2014.
La communication est l’instrument principal que le policier dispose dans son travail. À cet égard, les méthodes de communication apprises par les policiers étaient avant tout axées sur la gestion de situation dans lesquels la personne était en contrôle d’elle-même comme le mentionne le sergent Boulet. Ceci nous renvoie à l’approche de résolution Sara dans l’évaluation qui consiste à modifier selon les besoins la communication pour qu’elle soit plus adapté à la situation. Le policier pourra alors émettre une réponse plus adéquate en fonction d’une situation dans laquelle une personne pourrait se retrouver en crise et pas seulement en situation de contrôle. À ce sujet, le sergent Boulet du service de Granby explique qu’il est primordial d’obtenir le plus de temps possible dans la résolution auprès de cette clientèle afin de faire diminuer l’état de crise et ainsi en arriver à un niveau de stabilité dans lequel les policiers pourront trouver des pistes de solutions pour aider l’individu en détresse psychologique. Certes, on peut comprendre l’importance du temps que mentionne le sergent Boulet avec l’approche de la résolution de problèmes SARA. D’une part, le temps constitue un élément clé, car c’est en obtenant le plus temps possibles dans la résolution que le policier va pouvoir mieux observer les situations et identifier les problèmes. D’autre part, le policier pourra analyser de manière plus efficace les origines qui mène à l’incident pour établir une réponse appropriée au problème identifié et ainsi garantir le succès de l’intervention.
Un des objectifs de la formation Désescalade est de perfectionner les patrouilleurs dans leurs pratiques auprès d’individus en état de crise, aux idées suicidaires ou dont l’état mental est ébranlé. La formation aborde neuf éléments : les besoins humains, les agents de la paix et leur lien avec la santé mentale, des caractéristiques de maladies sévères, des modèles d’emploi de la force, la gestion d’un incident impliquant un individu en crise, les bienfaits de prioriser la relation d’aide et les pouvoirs et devoirs des agents. Les policiers étudient également les différentes ressources qui s’offrent à eux pour travailler en collaboration afin d’aider l’individu en crise lors de leur intervention comme :la garde psychosociale, le centre de prévention du suicide, les ambulanciers paramédicaux ou les établissements de santé, etc. Le fait que les policiers étudient les différentes ressources nous amène à un des fondements de la police communautaires et de proximité qu’une police efficace procède non à titre de détentrice d’une expertise exclusive, mais plutôt comme partenaire. De plus, elle maximise l’utilisation de civil qui n’a pas le statut d’agent de la paix dans le développement de la sécurité.
Aussi, l’agent Boulet de la police de Granby présente les trois premières étapes du renseignement qui débute par la planification et l’identification d’objectifs au départ en établissent des priorités qui consiste dans ce cas de permettre au policier d’établir un lien avec l’individu troublé, s’efforcer d’humaniser leur pratique avec les personnes qui ont une incapacité ou de la difficulté à communiquer. Ensuite, ils vont faire une collecte d’informations importante qui leur permettra de comprendre la réalité de cette clientèle. Pour finir, les policiers analysent pour discerner les besoins et l’état d’esprit des individus avec lesquels ils ont à intervenir. Bref, l’objectif stratégique du renseignement obtenu aura pour but d’orienter les pratiques policières de la police de Granby en formant un portrait de l’état de la situation et en élaborant une stratégie pour intervenir auprès d’individus en détresse psychologique.
La formation inclut un volet pratique qui va précipiter les policiers dans des mises en situations réalistes qui se rapprochent le plus possible à des interventions auxquels ils peuvent être confrontés. Cinq situations leur sont exposées : une personne suicidaire, un individu dont l’état de santé mentale est désorganisé, qui est armé et se croit victime de persécution alors qu’il vient de perpétrer un acte criminel, une personne intoxiquée doter d’une ou plusieurs armes visibles, un individu qui subi une ordonnance d’évaluation émise par le tribunal et une personne en crise qui veut se suicider par policier interposé, ce qui signifie que l’agent de la paix devient l’intermédiaire pour mettre fin à sa souffrance. En somme, le volet pratique de la formation Désescalade permet aux patrouilleurs d’appliquer les différents éléments appris pour anticiper et intervenir plus efficacement dans ce genre de situation. L’objectif ultime est d’obtenir une résolution pacifique et diminuer le recours à la force physique ou létale. Ceci renvoie à un des 9 principes élaborés par Rowan et Mayne de la police de Peel qui pourrait être à l’origine de la police communautaire, bref prévenir le crime et les désordres plutôt que les réprimer. De plus, l’utilisation de la force physique ou létale pourrait avoir des répercutions auprès du policier comme l’explique l’agent Jean-Pierre Noël du service de Granby : le policier pourrait attirer l’attention médiatique et être enquêter par le Bureau des enquêtes indépendantes qui est une des formes civiles de surveillance des activités policières, qui s’occupe des cas auquel il y aurait le décès d’un citoyen ou des blessures graves commis lors de l’utilisation de la force.
Malgré tout, la formation « Désescalade» reste un outil et ne fait pas des policiers des experts en santé mentale. Elle n’a pas pour objectif de faire en sorte que les policiers puissent poser un diagnostic, précise un des instructeurs de la formation. Elle sert avant tout à leur permettre de développer des outils pour les aider à déceler quelques pathologies et ajuster leur type de communication envers cette clientèle. Cependant, elle reste une pratique qui va aider les policiers de la ville à Granby à bien réagir face à ce problème social. La formation va améliorer la qualité de leur service auprès de la population de Granby. Elle va inciter la police à forger des alliances stratégiques avec les autres instances comme le centre de prévention du suicide, les paramédicaux ou les établissements de santé pouvant apporter une aide dans le maintien de l’ordre et montre que la police est ouverte à la collaboration avec le citoyen pour les aider à prévenir ce problème social qui continue de grandir à Granby. Et pour finir, cette initiative de la police de Granby à former ses agents montre qu’elle cherche à gagner et conserver le respect du public.