Opération SaboTor
Le FBI, en collaboration avec le DEA (Drug Enforcement Administration) ainsi qu’avec l’aide du Canada et de l’Europe, vient de mettre à terme une opération d’envergure visant à coincer des vendeurs et des acheteurs de drogues illicites sur le dark web. Cette opération, nommée SaboTor et menée de front par J-CODE ( Joint Criminal Opioid et Darknet Enforcement ), a donné lieu à 61 arrestations et à plus de 50 fermetures de compte Darknet utilisés à des fins illégales, dont Dream Market, un des principaux marchés illicites depuis la fermeture de Silk Road. Au total, les autorités américaines et internationales ont saisi 300 kilogrammes de drogue, des armes à feux et plus de 7 millions de dollars en cryptomonnaie et en liquide. Il s’agit de la deuxième opération de ce genre conduite par J-CODE, cette unité spéciale créée par le ministère de la justice américaine et chargée de mettre un terme au marché d’opioïdes dans le monde criminel. Grâce à la participation de plein d’acteurs internationaux, ces opérations ont été des succès.
« Cette opération réussie envoie un message clair : la DEA, en collaboration avec nos partenaires, va perturber, démanteler et détruire les organisations de trafiquants de drogue qui apportent du poison dans nos communautés. Les trafiquants seront tenus responsables quelle que soit la technologie qu’ils utilisent. »– Uttam Dhillon, administrateur de la DEA.
Les agences participantes au projet ont également cru bon d’offrir un volet de sensibilisation et d’éducation au public sur les dangers de l’abus d’opioïdes et autres substances illicites. Ces drogues vendues sur internet sont des opioïdes puissants synthétiques, comme le fentanyl, et la majorité des acheteurs ne savent peu ou rien sur la provenance du produit qu’ils achètent dans le confort de leur foyer ni même de quoi il est composé. L’an dernier, on a estimé à 70 237 le nombre de décès par overdose aux États-Unis. Les achats illégaux sur le Darknet continuent donc d’inquiéter le FBI qui y voit une menace en constante évolution.
La cybercriminalité, un phénomène en expansion
La cybercriminalité peut s’avérer être très complexe et parfois difficile à déceler car elle prend plusieurs formes. Elle comprend les usages illicites d’informations, ou ce qu’on nomme piratage, tels les fraudes et les arnaques visant à soutirer de l’argent à un individu, les violations de droits appartenant à l’industrie musicale et cinématographique (les copyrights), les vols d’identité, les hacktivistes comme le groupe Anonymous et un plein de contenu illicite comme la pédopornographie. Elle peut prendre la forme d’attaques personnelles qui est une forme d’harcèlement et d’intimidation fréquemment utilisée de nos jours, comme le « revenge porn » par exemple qui est phénomène de plus en plus vu avec l’ascension des réseaux sociaux. On voit aussi ce qu’on surnomme le « doxxing », c’est-à-dire révéler des informations personnelles sur quelqu’un à la communauté web. Le Darkweb pour sa part, est un endroit d’internet accessible via TOR (The Onion Router) et qui est indexé à la main, ce qui rend très difficile sa traçabilité et garantie presque l’anonymat. Ces usagers s’en servent pour vendre ou acheter du matériel illégal comme les armes ou la drogue. Il faut toutefois préciser que le Darkweb n’est pas toujours utilisé de façon illégale, il a été conçu pour les besoins de l’armée entre autre.
La coopération de plusieurs acteurs internationaux dans l’opération SaboTor illustre bien le concept de glocalisation, décrit comme un mouvement d’internationalisation des polices. Avec les technologies qui ne cessent de se développer, les menaces à notre sécurité peuvent venir de partout au travers le monde, et pas seulement de l’intérieur. Il devient donc nécessaire de décentraliser la prise de décision et de créer des alliances avec d’autres États pour avoir plus d’emprise sur des criminels situés à l’étranger.
Il devient de plus en plus inquiétant pour certains de ne plus pouvoir se sentir en sécurité derrière leur écran d’ordinateur. Certes, il apparaît être un choix que d’aller sur le darknet pour acheter des produits illégaux, mais notre génération fait en sorte que les jeunes ont accès à des ordinateurs ou des téléphones intelligents et à ce genre de contenu de plus en plus tôt dans leur vie. Il est donc crucial de sensibiliser de de prévenir les gens sur les dangers et les effets néfastes d’internet. Que l’on parle de groupes terroristes qui utilisent des plates-formes mobiles pour recruter des adeptes, de pornographie juvénile, de détournements de fonds, les actes répréhensibles commis sur la toile sont devenus de véritables crimes et personne n’y est à l’abris.
Marc-Antoine Dufresne-Bernatchez