PROFILAGE RACIAL : LA POLICE DE LAVAL ACCUSÉE D’AVOIR UTILISÉ UNE FORCE EXCESSIVE LORS DE L’ARRESTATION D’UNE ADOLESCENTE

L’événement rapporté par Radio-Canada et CBC News a eu lieu dans la nuit du 24 mars dernier, lorsque des policiers sont intervenus pour arrêter Saleanna Sylla, une jeune fille de 16 ans.

Selon la version de cette dernière, elle aurait pris part à une bagarre avec un ami, à la sortie d’une fête. Les policiers étant appelés sur les lieux, ils l’auraient interpellée et elle aurait alors eu le réflexe de se dégager lorsqu’un policier lui aurait agrippé le bras. Suite à ce mouvement, elle se serait retrouvée soumise, couchée sur l’asphalte et menottée. Les agents lui auraient par la suite infligé deux coups de poing et lui auraient mis le garde-crachat. Elle avait alors du mal à respirer, étant donné qu’elle s’étouffait avec son sang. La plaignante aurait été prise d’une forte panique pendant l’événement.

Son nez aurait été cassé lors de l’altercation et elle avait, le lendemain, les deux yeux au beurre noir. Elle aurait également subi une commotion cérébrale.

Selon ce que rapporte Global News, les policiers auraient affirmé à la mère de la plaignante, lors de son arrivée à l’hôpital, que la jeune fille s’était infligé elle-même les blessures.

Dans les jours qui ont suivi, la plaignante a fait circuler sur les médias sociaux une photo d’elle avec le visage et les vêtements ensanglantés afin de dénoncer ce dont elle affirme avoir été victime.

La mère de celle-ci a affirmé aux journalistes lors d’une conférence de presse que sa fille a probablement dû être traitée ainsi à cause de la couleur de sa peau et de ses cheveux foncés.

LA VERSION DE LA POLICE DE LAVAL

Arrivés sur les lieux, les policiers enquêtaient pour une plainte en lien avec des bris de rétroviseurs extérieurs de voiture. La plaignante se trouva à être suspecte.

Les agents soutiennent plutôt qu’en tentant de menotter la jeune fille, elle serait tombée par terre et se serait cogné le visage contre le sol. Cette dernière était déjà ensanglantée au moment de l’arrivée des policiers, à cause des rétroviseurs brisés.

La jeune fille, à la suite de cet événement, aurait reçu deux contraventions, pour ivresse publique et pour agression d’un policier. Le dossier étant présentement sous analyse, elle pourrait de plus faire face à des accusations de nature criminelles.

Évelyne Boudreau, la porte-parole du Service de police de Laval, soutient que la conduite des agents qui sont intervenus aurait été examinée par les superviseurs et aurait été jugée adéquate.

L’OBLIGATION DÉONTOLOGIQUE DE LA POLICE

Rappelons que les obligations déontologiques policières sont claires à cet effet : le policier « ne doit pas avoir recours à une force plus grande que celle nécessaire pour accomplir ce qui lui est enjoint ou permis de faire. »

Comme le montre la théorie d’Hebert Packer, l’arrestation d’un suspect est primordiale (crime control), mais il faut toutefois respecter la procédure et les droits et libertés des citoyens (due process) dans ce processus.

Ainsi, si la version de la plaignante s’avérait véridique, il en ressortirait que les agents ayant fait l’intervention auraient outrepassé leurs pouvoirs et devraient normalement se voir imposer une sanction disciplinaire ou faire face à des accusations criminelles.

Or, à la lumière des informations qui circulent dans les médias, le Bureau des enquêtes indépendantes (BEI) ne semble pas avoir encore été impliqué dans l’affaire.

LES GROUPES DE PRESSION

Dans un premier temps, le Centre de recherche-action sur les relations raciales (CRARR) affirme être préoccupé par l’usage excessif de la force lors de l’arrestation de la jeune fille. L’organisation qui a organisé une conférence de presse avec la plaignante et sa mère l’aidera d’ailleurs à déposer une plainte contre la police.

Le Collectif opposé à la brutalité policière (COBP), de son côté, a également souligné l’événement sur son site. Le groupe autonome a pour objectif de dénoncer les harcèlements, violences, intimidations, arrestations et abus des pouvoirs policiers et de soutenir ceux qui en sont victimes.

Ces deux organisations se trouvent à être des entrepreneurs moraux qui critiquent fortement le travail des policiers.  

INQUIÉTUDES DANS LA COMMUNAUTÉ

Il n’est pas rare que des policiers fassent l’objet d’une plainte pour brutalité. En effet, plusieurs exemples se trouvent sur le présent blogue, comme l’événement du 8 septembre dernier qui y a été rapporté.

Si les faits allégués sont vrais, il serait préférable, afin que l’institution policière garde sa crédibilité aux yeux du public, qu’une certaine gouvernance soit effectuée et qu’une enquête indépendante soit enclenchée, par le BEI, afin d’évaluer la légitimité et la légalité des gestes posés par les deux policiers.

Les faits se doivent d’être imputables non seulement aux deux agents qui sont intervenus, mais également au Service de police de Laval qui est responsable des agissements de ses agents de police.

De tels évènements rapportés dans les médias créent une inquiétude et une méfiance des citoyens envers les services policiers. En effet, les médias étant les principaux véhicules de l’information policière pour le grand public, cet événement a probablement engendré un fort sentiment d’insécurité pour les citoyens de Laval.

Mentionnons qu’il faut toutefois rester méfiant face à ce genre de nouvelles, puisqu’il peut s’agir de Backfire, soit d’une couverture médiatique exagérée en raison d’un manque d’événement policier à couvrir. En effet, les médias semblent particulièrement aimer couvrir les évènements en lien avec les bavures policières…