La vidéosurveillance: une industrie de la peur?
New-York 2018
Une chose est certaine, être policier au pays des armes à feu n’est pas une tâche facile. En effet, les corps policiers américains doivent user de stratégies afin de faire valoir leur travail et afin d’avoir une certaine notoriété. Ils doivent constamment se renouveler question de rester à l’affût des nouvelles technologies qui apparaissent sur le marché et qui pourraient, par le fait même, être utiliser dans le but de commettre de futures infractions. Les polices américaines, plus particulièrement la police de New-York (NYPD), sont rendues de fières défenseuses de la criminalité. Le NYPD est effectivement rendu un expert en termes de nettoyage de la criminalité. La Grosse pomme n’a jamais été aussi cosmopolite et accueillante – rien à voir entre les années 70 et 80. À cette époque, la ville de New-York avait de sérieux problèmes de délinquance. Les quartiers de la future métropole étaient inhabitables, invivables, en d’autres mots, c’était le bordel aux quatre coins de la ville. Ce phénomène a été largement étudié par James Wilson et Georges Kelling en proposant une théorie – celle des vitres cassées (broken windows), 1982. Cette logique explique que lorsqu’une ville, un quartier ou une communauté commence à accepter des symboles de désordres, par exemple, une voiture abandonnée ou des graffitis, cet abandon visible laisse présager que tout est permis et cette permission apporte une débandade au sein de cette dite communauté. New-York était prise dans cet engrenage, alors afin d’éradiquer cette délinquance elle a, entre autres, déployé un nombre considérable de policiers et créée un logiciel qui permet de compiler des statistiques sur la criminalité de ses quartiers (CompStat). Le NYPD a donc appliqué une tolérance zéro partout sur le territoire newyorkais et c’est ce qui lui vaut aujourd’hui cette popularité. Cette tolérance zéro «appelle à punir plus sévèrement les délinquants à la moindre infraction, vise à raccourcir au maximum le délai entre le délit et la réponse judiciaire et prône un renforcement de l’institution policière».
Aujourd’hui, le service de police de la ville de New-York maintien toujours cette tolérance zéro, continue d’alimenter le CompStat dans le but d’éliminer la criminalité et il y a toujours autant de policiers qui sont en service sur le territoire. Le NYPD exerce donc un contrôle sur les délinquants – il y a une présence oui physique, mais il exerce aussi une présence technologique avec des caméras de surveillance dans les rues et l’utilisation de drones pour certaine opération.


La haute technologie
Un des corps de police le plus célèbre de la planète s’est donc ajusté à l’arrivée des nouvelles technologies et obtient l’autorisation d’utiliser des drones pour enrayer le plus possible la criminalité et de donner un coup de pouce aux enquêtes criminelles. Selon une conférence de presse qui a eût lieu en décembre dernier, le NYPD s’armerait de plus d’une douzaine de véhicules aériens sans pilote et que, selon le commissaire de la police de New-York James O’Neill, cette technologie serait utilisée seulement pour des opérations précises.
«En tant que plus grand département de police municipale des États-Unis, le NYPD doit toujours être prêt à exploiter les avantages d’une technologie nouvelle et en constante amélioration. Notre nouveau programme de système d’avion sans pilote […] fait partie de cette évolution – il permet à nos policiers hautement qualifiés d’être encore plus réactifs vis-à-vis [l]es personnes que nous servons et d’accomplir le travail critique du NYPD de manière plus efficace et sûr pour tout le monde».
– James O’Neill
La sécurité publique au profit de la liberté individuelle
La question des drones prend de plus en plus de place dans l’ordre sécuritaire mondial. L’utilisation de ces objets volants soulève de nombreuses interrogations au sein de la population newyorkaise. Notamment, toute la question sur les libertés individuelles. Le NYPD utilise des technologies modernes de manière assez brutale. En effet, elle ne l’utilise plus de manière conventionnelle – elle ne hiérarchise plus les problèmes de désordre, la police newyorkaise intercepte absolument tout. Si elle intercepte tout individu, en passant par les mendiants et les assassins c’est qu’elle observe tout le monde sans exception même les honnêtes citoyens. Alors, la sécurité publique est au détriment de la liberté individuelle et de la vie privée de ces citoyens. D’une certaine façon ces moyens de capturer ces informations représente un danger pour la démocratie et la liberté des résidents.
«Outre les drones, la police dispose de milliers de caméras dans les lieux publics, de lecteurs de plaques d’immatriculation et de dispositifs capables de siphonner les informations des téléphones portables en imitant les tours de téléphones portables».
– Avocats spécialisés dans les affaires de libertés civiles
Autrement dit, les polices américaines commencent à se militariser de plus en plus en utilisant les mêmes techniques que les Forces armées étasuniennes. On s’aperçoit que cette militarisation se répand à une vitesse fulgurante au sein des corps policiers – c’est le spectre d’une nouvelle ère du maintien de l’ordre. Le NYPD est rendu expert en matière de criminalité et cette technologie ne fait que bonifier cette position à l’échelle mondiale. Toutefois, de nombreuses questions méritent d’être soulevées puisque, paradoxalement, les citoyens ordinaires se sentent de moins en moins en sécurité suite à l’imposition de toutes ces technologies dans les espaces publics et se sentent effectivement épiés. À quel point ces technologies modernes sont efficaces dans cette bataille contre la criminalité? C’est une question qui a son mérite : la vidéosurveillance est-elle finalement une industrie de la peur aux États-Unis?