Tesla : une marque convoitée par les amateurs de voiture autant que par les cybercriminels
Les grands leaders automobiles comme Volkswagen, Audi et Tesla Motors ont emboité le pas en ce qui concerne l’intégration de systèmes de pilotage automatique dans la conception des véhicules modernes. Il va sans dire que cette idée technologique intrigue les consommateurs curieux ainsi que les amateurs de ce genre d’innovations.
Récemment, des nouveaux modèles de voiture de la compagnie automobile Tesla Motors ont été dans le collimateur de plusieurs chercheurs en sécurité informatique. Le 29 mars dernier, il semblerait que l’équipe de scientifiques de Tencent Keen Security Lab ait déposé un rapport faisant état de plusieurs failles quant à la sécurité informatique des systèmes de pilotage automatique. D’ailleurs, leur plus grande percée fut d’arriver à faire dévier une Tesla de sa voie sur la route. Le groupe de chercheurs est parvenu à détourner la voiture de sa bonne direction en envoyant des informations erronées à un algorithme et ce, sans qu’il s’en aperçoive. En d’autres termes, les spécialistes sont arrivés à modifier la trajectoire en exploitant une faiblesse du programme informatique d’intelligence artificielle (IA).
Un pilote automatique est un dispositif pour contrôler la trajectoire d’une automobile sans avoir besoin d’une quelconque intervention humaine. Ceci étant dit, les pilotes automatiques sur le marché ne peuvent conduire un véhicule qu’en autonomie partielle, mais les objectifs visés à long terme sont toutefois l’atteinte d’une autonomie totale. Le cas échéant, le système de capteur du logiciel constituait le talon d’Achille, voire la principale faille exploitable du prototype actuellement sur le marché. Évidemment, les experts en informatique ont sauté à pieds joints sur l’occasion d’exploiter cette faiblesse en plaçant des autocollants sur la route; ce qui eu comme effet de déjouer les caméras disposées à certains endroits stratégiques du véhicule. Autrement dit, les chercheurs sont parvenus à prouver que la reconnaissance automatique des images pouvait très facilement être dupée par des objets qui sont à la portée de tout le monde.
Également, les chercheurs en sécurité informatique de Tencent Keen Security Lab ont réussi à démontrer dans une vidéo qu’il était possible de pirater et de prendre le contrôle d’une voiture à l’aide d’une manette de jeux vidéo.
Nous devons le reconnaître, les nouvelles technologies partent majoritairement de bonnes intentions. En effet, plusieurs ingénieurs et entrepreneurs tentent sans cesse de développer des produits pouvant contribuer à améliorer notre qualité de vie. Par contre, il y aura toujours des personnes pour abuser ou faire mauvais usages de ces nouvelles innovations. Tel l’homme préhistorique fut émerveillé lorsqu’il a découvert le feu, l’homme du 21e siècle semble (et sera probablement toujours) fasciné par les technologies. En 2019, le consommateur est exigent et le marché est extrêmement compétitif. On comprend que l’utilisation de ce genre de technologie, c’est-à-dire l’intelligence artificielle (IA), est en croissance constante dans de multiples domaines dans notre société. Elle sert notamment à augmenter la productivité dans les usines qui luttent contre le manque de main d’oeuvre, mais on la retrouve également dans toutes les sphères de notre système où l’on s’attend à un bon rendement (résultats). Dans le cas des pilotes automatiques utilisés dans l’industrie automobile, les ingénieurs ont supposé que ce genre d’avancée technologique pouvait permettre au conducteur de focaliser son attention sur des facteurs imprévisibles et incontrôlables, comme la météo ou les conditions routières. On comprend donc que ces progrès technologiques sont intégrés à nos modèles classiques dans le but d’éradiquer, voire de neutraliser des risques reliés à des accidents qui causent plusieurs décès chaque année sur les routes. Autrement dit, Tesla Motors élabore des nouvelles stratégies pour aider ses consommateurs, mais les nouvelles innovations sur le marché amènent elles-aussi leur lot de nouveaux risques.
On peut faire un lien entre le concept de « Société du risque » développé par Ulrich Beck et notre consommation (dépendance) des technologies omniprésentes, voire invasives au sein de notre société. Ce concept dénonce la tendance à laquelle l’homme tente de neutraliser un facteur de risques X avec un nouveau « bidule » amenant lui-aussi des risques. Au final, on se retrouve dans un cercle vicieux : on évite automatiquement les problèmes et les risques prolifèrent. On peut même dire que la tolérance aux risques en général se fait de plus en plus mince et c’est ce qui peut expliquer pourquoi les organisations policières doivent désormais faire la gestion des risques. C’est très important de faire « un triage des risques » (comme le système de triage à l’urgence), car il n’existera jamais de régime de risque ZÉRO. Les policiers ne sont pas immunisés contre cette exaltation des innovations. De la même manière que les consommateurs sont en admiration devant les multiples fonctionnalités high-tech dans les véhicules, les policiers sont constamment en train d’acheter des nouvelles technologies (technologies de surveillance, des armes sophistiqués, etc.). Pour arriver à un niveau optimal de gestion, il faut avoir le plus d’information possible pour être en mesure de bien évaluer et calculer le risque que peut représenter un phénomène, afin d’éviter qu’il se produise. Par le fait même, l’information devient un aspect capital, voire essentiel dans le concept de la gouvernance moderne et ainsi peut on dire que la police dans cette « société du risque » est en fait un corps policier qui se concentre majoritairement sur l’analyse et le traitement de l’information.
Les décisions des organisations (politiques, gouvernementales et même policières) sont affectées par notre dépendance aux technologies et cela peut s’expliquer par le syndrome du Techno-Fix. Plus précisément, nous avons la mauvaise habitude de nous tourner vers une solution technologique, même pour des problèmes environnementaux sur lesquels nous n’avons aucun contrôle (par exemple, des tornades ou des ouragans). Malheureusement, nous avons le réflexe de choisir la facilité (une machine magique qui pourrait réparer les choses pour nous) au lieu de mettre en place des stratégies concrètes et d’apprendre de nos erreurs. À titre d’exemple, la Ville de Québec pourrait forcer ses citoyens à faire du compost; ce que fait déjà la Ville de Lévis.
Les structures organisationnelles dans notre société ont tendance à dédramatiser la situation lorsqu’on s’inquiète que notre environnement commence à ressembler à l’oeuvre 1984 (roman), au sens où nous sommes constamment surveillés. La plupart des gens ne sont pas gênés par cette surveillance/écoute électronique, puisqu’ils n’ont «rien à cacher»; jusqu’au jour où cette collecte de données pourrait se retourner contre eux, contre leur famille, ou même contre leur nation . Pour revenir à l’industrie automobile, il serait bénéfique de se questionner sur notre dépendance technologique à savoir, est-ce que la distraction humaine imprévisible est à un tel point intolérable que les risques associés aux logiciels d’intelligence artificielle constitueraient des risques plus socialement acceptables, sachant qu’ils causent des décès qu’une intervention humaine aurait pu empêcher ?