Une nouvelle approche pour les interventions de crise en santé mentale
Les policiers au Québec sont de plus en plus appelés à intervenir avec des personnes vivant avec des diagnostics de troubles de santé mentale en crise et les ressources tentent de plus en plus de se préparer à les recevoir. En voici un bon exemple: la police est alertée par un homme armé d’un couteau qui dit entendre des voix. Les policiers réusissent à le conduire à l’hopital Charles-Lemoyne. Le personnel hospitalier lui donne congé quelques heures plus tard.
L’homme souffre de psychoses toxiques causées par les drogues dures selon sa famille. Suite à son hospitalisation, la cour suspendra temporairement la garde de l’enfant de l’homme puisqu’il consomme toujours. C’est alors que la section des enquêtes et interventions pour les personnes vulnérables entre en jeu. Il s’agit d’une unité spécialisée dans la gestion de crise entre autres auprès des personnes vivant avec des problèmes de santé mentale du Service de police de l’agglomération de Longueuil. Ils craignent que la nouvelle de la suspension de la garde de l’enfant ne rende l’homme imprévisible. L’équipe constate que l’homme est un danger pour lui-même et les autres puisqu’il consomme toujours. L’équipe s’entend sur un plan avec la mère et l’école de l’enfant: si monsieur se présente à l’école, ils doivent appeller la police ou la mère, car ils ont peur de se trouver dans une situation d’enlèvement s’ils ne sont pas préparés. En collaborant avec l’hopital, les policiers réussisent à convaincre l’hopital que monsieur doit être de nouveau hospitalisé. Puisque c’est l’hopital qui le demande, les policers n’ont pas besoin d’avoir un mandat d’arrestation de la cour. Les policiers font alors un plan en collaboration avec l’hopital, une travailleuse sociale et les ambulanciers. L’objectif est de faire de la pacification pour éviter une montée de l’agressivité et se retrouver avec un homme mort comme il est arrivé dans d’autres situations d’homme en crise aux prises avec des problèmes de santé mentale. Plutôt que d’entrer dans le logement, ils adoptent une approche moins confrontante, ils décident d’appeller l’homme, de lui expliquer la situation et de lui dire qu’ils vont l’amener à l’hopital. Quelques minutes plus tard, l’homme sort et est transporté en ambulance sans s’opposer. L’homme sera traité durant trois jours à l’hopital Charles-Lemoyne où il recevra un diagnostic pour sa situation et une médication pour celui-ci.
Cette intervention qui finit bien n’est pas le fruit du hasard. Suite à de nombreuses situations d’interventions auprès de personnes avec des troubles de santé mentale qui ont mal tournées, les services de police du Québec cherchent des moyens d’intervenir en collaboration avec les ressources de la communauté pour mieux intervenir dans ce genre de situation. La réponse du service de police de l’agglomération de Longueil est la section des enquêtes et interventions pour les personnes vulnérables. Il s’agit d’une section au sein du service de police qui se concentre sur l’intervention auprès de ce type de clientèle dont le but est qu’ils comblent un trou dans les services avec l’avantage de pouvoir intervenir en tout temps et d’effectuer des suivis. Il s’agit d’une équipe qui élabore en équipe d’avance des interventions préventives avant même d’être sur les lieux de l’intervention. Dans un contexte de police classique qui est réactive, les policiers s’en seraient tenus à leur première intervention et n’auraient été impliqués de nouveau que si, par exemple, la mère avait appelé parce que le père avait enlevé l’enfant. Cela permet d’intervenir avant que les personnes à risque posent un geste grave.
Ce nouveau projet, ainsi que l’intervention que nous avons observée, illustre très bien deux valeurs importantes de l’approche de la police communuataire. En effet, l’idée de prévenir les délits plutôt que de les punir est très importante dans cette situation. En faisant un suivi auprès de l’homme et en s’assurant qu’il recoive des traitements appropriés, on évite que l’homme ne commette des gestes criminels qui l’auraient mené en prison comme un voie de fait contre les policiers ou encore un enlèvement de son enfant. De plus, pour la population générale, en faisant le suivi auprès de l’homme qui était toujours dangeureux pour les citoyens, on a favorisé la sécurité des gens en réduisant les risques. On prévient donc plutôt que de se centrer sur la punition après les faits. Une autre valeur importante de la police communautaire qui est en jeu dans ce projet est celui des partenariats. En effet, plutôt que de travailler avec une équipe formée uniquement de policiers qui sont dans une approche réactive, les policiers ont communiqué avec le personnel de l’hopital et ont travaillé en concertation avec les ressources du milieu en plus de faire appel à une travailleuse sociale, qui a une autre approche que la leur. Plutôt que d’avoir la vision qu’ils détiennent la seule expertise pour la sécurité, les policiers de cette section entrent dans une vision de complémentarité, ce qui donne une autre couleur à leurs interventions.
Je pense qu’il est essentiel pour les services de police de se moderniser dans leurs approches comme le fait le service de police de l’agglomération de Longueil. En effet, étant donné la montée des demandes d’aide pour des raisons de troubles de santé mentale et les quelques interventions où un citoyen est décédé durant l’intevention, il faut nécessairement tenter des nouvelles approches. Comme le démontre l’intervention exposée ici, une approche préventive peut définitvement favoriser la sécurité des citoyens en faisant un suivi d’une personne qui peut être dangeureuse pour elle-même ou les autres. De plus, en évitant à la personne de commettre un crime, on lui évite la judiciarisation et on favorise son rétablissement auprès des profesionnels de la santé. Une personne de plus en prison parce qu’elle n’a pas eu de services n’apportera rien à la société, par contre si le service de police l’amène au premier pas de son rétablissement, on peut s’en féliciter. De plus, l’idée de miser sur la concertation auprès des profesionnels de la santé et des services sociaux est également excellente: ces professionnels ont une expérience différente qui saura sans aucun doute donner une nouvelle vision de ce genre d’intervention aux policiers.
Ping : Formation en santé mentale pour tous les patrouilleurs du SPVM d’ici 2022 | Actu Policing