Profilage racial à la STM? Une enquête indépendante demandée
Le 8 mars dernier, un jeune basketteur a été interpellé par les agents de la Société de transports de Montréal, dans le quartier Notre-Dame-de-Grâce.
Il aurait été notamment averti pour ne pas avoir payer son titre de transport, pour avoir dribbler son ballon de manière dérangeante pour les autres usagers du service, et c’est en l’accostant que les agents de la STM se sont rendu compte que le jeune homme n’avait pas payé son titre de transport. La STM rapporte que le jeune aurait d’abord collaboré avec les gens et il a ensuite tenté de prendre la fuite une fois rendu à la station Villa-Maria située dans le quartier Notre-Dame-de-Grâce.
La suite de l’altercation a été filmée et mise sur les médias sociaux. On peut y voir les deux agents blancs de la STM donner des coups de matraque à un homme noir tandis qu’il essaie de les fuir. L’homme tombe et se retrouve sur le dos ou les agents continuent de lui envoyer des coups pendant qu’il a les mains dans les airs. Il finit par se relever lorsque un wagon passe à quelques centimètres de son crâne.
L’affaire a fait beaucoup jaser, particulièrement sur Facebook ou plusieurs membres de la diaspora africaine et caribéenne disent avoir un sentiment de déjà-vu ou affirment avoir déjà vécu des situations de profilage racial ou de même de brutalité policière de la part des agents de la STM.
Le 18 mars, un groupe d’élus et quelques représentants de la diaspora noire ont réclamé une enquête indépendante sur les événements, notamment en raison du niveau de violence impliqué en réponse à l’acte criminogène.
‘’Le niveau de violence et le manque total de préoccupation des agents de sécurité pour le bien-être et même la vie du jeune Noir soulèvent de sérieuses questions d’ordre moral, légal et social », dit Alain Babineau, ex-policier de la GRC détenant 26 ans d’expérience et porte-parole du Centre de recherche-action sur les relations raciales (CRARR).
D’anciens policiers, agents de la STM et citoyens mettent également en lumière que les agents de la STM ne sont pas considérés comme des policiers, ni des agents de la paix, ni comme des constables spéciaux, ils ne peuvent donc pas être jugés devant le Comité de la déontologie policière, mais on toutefois la possibilité de faire usage de la force dans le cadre de leurs fonctions si un citoyen refuse d’obtempérer.
En cas de faute professionnelle, le processus de reddition de comptes ne peut que se tenir à l’intérieur de l’organisation de la STM. Cette stratégie peut être un frein à nombreux citoyens issues des communautés culturelles, les personnes autochtones, les personnes itinérantes, et les personnes issues de milieux pauvres, à porter plainte en cas de profilage social ou racial puisque ceux-ci peuvent avoir l’impression qu’il y a un biais institutionnel qui avantage les policiers dans le fait que ce soient leurs collègues qui enquêtent sur les affaires les concernant.
Il y n’y a pas de mécanismes mis en place pour répertorier correctement les incidents de discrimination faits spécifiquement par les agents de la STM, donc les personnes victimisées peuvent se convaincre de ne pas porter plainte, de crainte que les contrevenants ne soient pas tenus responsables.
Ce mode de fonctionnement interne mis en parallèle avec certaines dynamiques de la sous culture policière selon Reiner. Par exemple, la solidarité interne au sein des corps policier peut être comparée avec celle au sein des rangs de la STM puisque le processus de reddition n’est pas confié à un arbitre extérieur et neutre. L’événement du 8 mars quant à lui rappelle la présence de racisme au sein des forces de l’ordre, puisque un usage excessif de la force est appliqué envers une personne d’un groupe minoritaire.
Les médias sociaux ont permis la prolifération de la diffusion d’actes de brutalité de la part de membres de forces de l’ordre, ce qui peut d’une part aider les personnes touchées par de tels actes d’obtenir justice, mais également créer au sein de la population un sentiment de méfiance et un manque de confiance accru envers ces formes d’autorité. Des groupes de citoyens peuvent avoir l’impression que ces professionnels n’accomplissent pas les tâches qu’ils devraient faire et abusent de la force qui leur est attribuée.