L’affaire Villanueva
L’un des débats présent dans le cœur des médias depuis maintenant quelques années est l’usage de la force de la part des policiers. Est-ce qu’il y a des cas où un usage de la force qui occasionnerait des blessures physiques graves ou le décès d’un civil suite à une intervention policière serait justifiée?
Le cas de Freddy Villanueva
L’affaire Villanueva qui s’est passée il y a déjà presqu’onze ans est toujours d’actualité. La preuve, l’édition d’automne 2018 de la revue des droits et libertés ont consacré un article à sa mémoire.
Le 9 août 2008, trois jeunes jouaient aux dés dans un stationnement d’un parc à Montréal-Nord. Jean-Loup Lapointe et sa collègue ont procédés à une intervention qui au départ devait être la remise d’une infraction municipale s’est avéré à faire un mort (Freddy Villanueva) ainsi que deux blessés. Jean-Loup Lapointe vide son arme en 57 secondes sur les trois individus.
Après enquête, témoignages, versions contradictoires des personnes impliquées et pression de la population de Montréal-Nord a ‘’punir’’ le policier ayant fait feu, aucune charge ne fut retenue contre Jean-Loup Lapointe et sa collègue.
Il faut garder en tête que la police se dit dans un système plus ‘’communautaire’’ et devrait donc répondre à divers critères. Dont la prévention avant la répression, augmenter le sentiment de sécurité et de confiance de sa population. La police a un champ d’action qui est la communauté. Donc, travailler en proximité avec celle-ci, augmenter la responsabilisation de l’agent (ex.: être au courant des divers événements, enjeux, conditions, etc. de son quartier auquel il est attitré), et etc. Au niveau de la responsabilisation, ne serait-il pas important qu’en ayant connaissance qu’un quartier en particulier (ici, nous parlons de Montréal-Nord en 2008) où se trouve une diversification ethnoculturelle, qu’il serait important pour l’agent de police d’avoir des formations sur les populations immigrantes ainsi que ses différentes cultures ? Dans le cas de Jean-Loup Lapointe, il précise ne jamais avoir eu ce type de formation.
Formation policière : toujours à jour?
Plusieurs organismes, professionnels et militants abordent de différentes façons l’usage de la force d’un agent de la paix. Ils sont majoritairement tous en accord sur un point : la formation des policiers est à revoir et doit être renforcée. C’est le cas du coroner Perreault qui a fait diverses recommandations lors de l’affaire Villanueva. Dans celles-ci, il aborde le changement d’armes à feu portées par le policier (que celles-ci aient une séquence de tir moins rapide), de la formation sur les conditions qui entourent l’usage d’une arme à feu et des formations afin d’intervenir ‘’auprès de personnes issues de minorités ethnoculturelles’’.
Comme nous le savons, l’aliénation du policier peut emmener un manque de confiance de la population envers les services de police et un manque de confiance des policiers envers les citoyens. Certains articles de la Ligue des Droits et Libertés soulèvent le point que les policiers sont formés afin de percevoir une menace constante et peuvent utiliser leur arme beaucoup plus rapidement que prévu. Malgré la présence du modèle national de l’emploi de la force, celui-ci semble des fois être négligé et les interventions escaladent rapidement. L’aliénation des policiers est d’autant plus vraie avec les différentes minorités ethnoculturelles… ce qui amène des tensions ethniques (la police est alors considérée comme étant racistes). Ils y a des différences de perceptions entre les divers groupes.
Qu’en est-il des sous-cultures policières ?
Une étude de l’UQAM faite en 1996 par André Jacob montre que la pensée généralisée des policiers qui ont été sondés est que les formations interculturelles sont peu ou aucunement utiles. De plus, il était montré que 73.74% des policiers ont répondu ne pas être favorable à la prévention. Malgré le fait que cette étude date de quelques années, elle reste tout de même pertinente puisque nous pouvons voir le type de perceptions que certains policiers entretiennent.
Racisme ou absence d’auto régulation?
Nous ne pouvons savoir avec certitude si l’intervention dans le cas de Villanueva est basée sur le racisme ou alors un manque de « capacité [à] maîtriser les « délinquants » sans usage démesuré de la violence ». Oui, Abdoul Echraf Ouedraogo croit qu’il y a une relation entre l’usage de la force (non justifiée ou abusive) et le manque de contrôle émotif qui doit être professionnellement présent afin d’exercer l’emploi de policier. Peut-être serait-il intéressant de créer des outils favorisant une connaissance des diverses cultures en plus d’outils favorisant la maîtrise de soi. Surtout qu’en contexte d’autorité et d’application de la loi il est important d’avoir un agent calme qui est capable de prendre des décisions rationnelles en situation de crise ou de stress énorme.
Qu’en est-il des décès, à ce jour ?
Alexandre Popovic, militant pour la Coalition contre la répression et les abus policiers, a noté qu’au Canada, une personne aux quatre jours meurt des mains des policiers. Pour être plus précis, il mentionne que le SPVM est au 3e rang au niveau de du nombre de décès (soit 30 décès en 2018). De plus, 36 individus sont décédés d’une mort violente par les mains de la police (au Canada) en 2018.
Le bilan de Popovic et les diverses recommandations reçues concernant la modification des formations policières sont claires : il reste encore du travail à faire afin d’assurer la sécurité des travailleurs policiers et celle des citoyens.
‘’ La meilleur façon de sauver la vie de personne en crise, c’est encore de privilégier les méthodes non violentes’’. – Alexandre Popovic
Peut-être serait-il pertinent de mettre en avant plan la police par résolution et ainsi fonctionner en tout temps avec des modèles comme celui du ‘’SARA’’ qui vont traiter les problématiques ‘’cachées’’ d’un événement. Peut-être qu’avec un type d’approche comme celui-ci, les drames comme celui de Freddy Villanueva pourront être évités.