Un enquêteur du service de police de Vancouver condamné pour exploitation sexuelle.
Protéger et servir, c’est bien sûr ce qu’on attend des services de police et bien que la majorité du temps, c’est ce qu’ils font ou ce qu’ils tentent de faire, parfois certains policiers semblent oublier ce pourquoi ils ont décidé de devenir agents de la paix. D’autres vont majoritairement agir dans le respect des règles, tout en déviant de la ligne de temps à autre. Dans des cas plus rares, fort heureusement, des policiers vont aller complètement à l’encontre de leur devoir.
C’est le cas de Jim Fisher, un enquêteur de 29 ans de carrière au Service de police de Vancouver. L’enquêteur Jim Fisher fit face à plusieurs chefs d’accusation, donc trois chefs d’exploitation sexuelle, un chef d’abus de confiance, d’agression sexuelle et un chef de tentative d’entrave à la justice.
Ironie du sort
L’enquêteur Jim Fisher a longtemps travaillé dans la « Counter Exploitation Unit » qui se spécialise dans la lutte contre le trafic humain, l’exploitation sexuelle et l’obtention du sexe par l’exploitation. Il fût même décoré de plusieurs prix, dont un prix pour une enquête qu’il a menée et qui a permis de démanteler un réseau de trafic humain d’adolescents en 2014. Entre autres, c’est dans le cadre de cette enquête que fut arrêté Reza Moazami, première personne à être accusée de trafic humain en Colombie Britannique. Jim Fisher avait également comme devoir d’assister les travailleurs du sexe qui essayaient tant bien que mal de se sortir du milieu. De plus, un rôle qui lui revenait était d’enquêter les crimes en lien avec la prostitution, par exemple les incidents avec de la violence, les jeunes victimes, les affiliations avec le crime organisé et le trafic humain. Somme toute, mis à part le cas de l’enquêteur Fisher, cette unité s’est montrée très efficace dans la résolution de cas concernant les adolescents et les enfants.
Omerta…ou pas
Bien que la sous-culture policière impose fortement une loyauté et une discrétion inter-policiers en ce qui a trait aux pratiques policières, il y a toujours ceux qui dépassent les limites et qui amènent certains à se sentir obligés de dénoncer un collègue. Parfois, cela se règle à l’interne, mais ce ne fût pas le cas pour l’enquêteur Fisher. Tout a débuté lorsqu’un collègue de Jim Fisher eut des doutes quant à l’intégrité du travail policier de ce dernier en raison de rumeurs qui se répandaient à son sujet. Son collègue l’a alors rapporté à ses supérieurs, qui par la suite ont décidé d’ouvrir une enquête. L’enquête a duré environ huit mois, de 2015 à novembre 2016. Le Chef de police Adam Palmer a commenté qu’il était nécessaire que l’enquêteur Fisher continue de travailler jusqu’à temps qu’ils obtiennent assez de preuves pour porter des accusations. Ce dernier ignorait complètement qu’il était sous enquête jusqu’à ce qu’il soit suspendu de ses services au terme de l’enquête et par la suite, arrêté en décembre 2016, avec à l’origine six chefs d’accusation criminelle.
Protéger et servir ?
L’une des victimes de Fisher est une jeune adolescente qui avait 15 ans lorsqu’il l’a rencontrée. L’enquêteur Fisher a amené cette dernière, qui agissait à titre de témoin dans une affaire de de proxénétisme, de trafic sexuel et qui était sous sa protection, pour consulter un psychiatre. C’est dès lors qu’il l’aurait embrassée pour la première fois pendant plusieurs minutes en 2015. Le fait que la victime se soit retrouvée dans cette situation avec un enquêteur qui détient une position d’autorité, tout en se faisant traiter comme un objet sexuel, a contribué à ce qu’elle subisse de la pression à répondre aux avances sexuelles en échange de sa protection. Ces gestes sont à l’origine des chefs d’accusation d’exploitation sexuelle et d’abus de confiance. Son autre victime, qui considérait Fisher comme un père, était âgée de 21 ans lorsque ce dernier l’embrassa dans son auto après lui avoir fait des avances, également en 2015.
Plaidoyer de culpabilité et sentence
Après avoir fait face à plusieurs charges, notamment d’agression sexuelle, d’abus de confiance et d’entrave, l’enquêteur Fisher a plaidé coupable à trois chefs d’accusation, notamment d’abus de confiance pour avoir embrassé une jeune femme dans un but sexuel, d’abus de confiance pour en avoir embrassé une deuxième dans des circonstances similaires et dernièrement, d’avoir exploité sexuellement la première victime. Lors du procès, l’enquêteur Fisher a tout de même fait preuve d’empathie, de regrets et a présenté ses excuses, ce qui ne lui a pas évité la prison. Le 29 juin 2018, il fût condamné à une sentence de vingt mois de prison, ainsi qu’à deux ans de probation pour abus de confiance et exploitation sexuelle sur deux jeunes femmes qui étaient témoins dans une affaire criminelle.
Un verdict qui ne fait pas plaisir à tous
À la suite du prononcé de la sentence de l’enquêteur, la porte-parole du « Vancouver Rape Relief and Women’s Shelter », Sophia Hladik, exprima son insatisfaction. Selon elle, le plaidoyer de culpabilité de l’enquêteur Fisher n’est pas représentatif de l’ampleur et de la quantité des chefs d’accusation qui pesaient contre lui au départ. Autrement dit, les sentences qui sont normalement associées à ce genre de chefs d’accusation sont généralement plus sévères pour un individu moyen. Le Vancouver Abolition Coalition a également ajouté que la culture qui règne dans le département de police de Vancouver a engendré un environnement qui a augmenté le sentiment de légitimité quant à l’obtention de service sexuels envers les filles et les femmes prostituées.
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