Les principaux corps policiers du Québec traversent une tourmente

Les principaux corps policiers du Québec traversent une tourmente

Un texte d’Amélie Bureau

           C’est au début du mois de mars 2019 que la ministre de la Sécurité publique Geneviève Guilbault annonçait la suspension du directeur général de la Sûreté du Québec, Martin Prud’homme, à la suite d’allégations criminelles portées contre lui. La décision fût prise par la secrétaire générale associée aux emplois supérieurs du ministère du conseil exécutif. Une fois de plus, les corps policiers québécois et les corps politiques ne sont pas à l’abri des scandales. En fait, c’est aussi au tour du député de Chomedey, Guy Ouellette, qui était anciennement policier à la Sûreté du Québec, d’être sous les projecteurs.           

Le dossier présent fait part du scandale entourant la suspension de Martin Prud’homme et du politicien Guy Ouellette. La nature des allégations n’a pas encore été dévoilées, mais tout porte à croire que l’ancien directeur général de la Sûreté du Québec donnait des informations à un de ses anciens collègues, Guy Ouellette. 

La corruption policière et la politique

            Il y a près de cela cinq ans, soit en 2014, que Martin Prud’homme avait été nommé chef de la Sûreté du Québec (SQ). En décembre 2017, le policier Prud’homme est envoyé provisoirement au Service de Police de la Ville de Montréal (SPVM) comme administrateur pour remédier à la situation interne, à la suite de nombreux conflits internes, causé par l’ancien directeur Philippe Pichet. Depuis quelques temps, les corps policiers sont victimes de corruption. Celle-ci consiste à agir contre l’organisme pour lequel nous avons prêté allégeance ou d’accepter quelque chose en violation de ses devoirs. Il en existe plusieurs types. Dans le cas présent, étant donné que la nature des allégations contre l’ancien directeur général de la SQ n’a pas encore été dévoilées pour ne pas nuire à l’enquête en cours, il est difficile de dire de quel type il s’agirait.

Du côté de Guy Ouellette, c’est l’Unité permanente anticorruption (UPAC) qui a procédé à son arrestation en octobre 2017, mais l’histoire débute bien avant cette date. C’est à l’époque où l’ancien premier ministre Jean Charest et son ancien trésorier Marc Bibeau étaient encore en poste au sein du Parti Libéral du Québec (PLQ) que tout a débuté. Cette époque fût parsemée de corruption, surtout avec la Commission Charbonneau (CEIC), qui voulait mettre la lumière sur la corruption de l’autorité (acceptation de cadeaux, ou plus précisément d’une certaine « enveloppe brune ») au sein du ministère Charest. C’était la responsabilité de l’UPAC d’enquêter sur celle-ci. En fait, Guy Ouellette aurait coulé de l’informations dans les médias quant à cette enquête. François Doré, qui est un ancien policier de la SQ qui collaborait avec l’Interpol se demande si les documents divulgués dans les médias par M. Ouellette :

« Voulaient faire avancer l’enquête ou, au contraire, cherchaient à protéger MM. Charest et Bibeau ».

Jusqu’à ce jour, aucune information n’a encore été publiée concernant l’idée principale derrière cette fuite de documents dans les médias et Guy Ouellette n’a pas encore été arrêté et aucune accusation n’a été déposée contre lui.

Dans un contexte démocratique, on peut s’attendre à ce que la police respecte certains standards. En fait, l’organisation policière devrait être « sensible », en d’autres mots, elle doit être à l’écoute des entités démocratiques. De plus, elle devrait avoir et pouvoir punir les policiers fautifs et réparer les fautes commises par ceux-ci. Malheureusement, ce n’est pas toujours le cas, comme nous pouvons observer dans les faits mentionnés plus haut. La surveillance des activités policières se fait par des organisations telles que le Commissaire à la déontologie policière, le Bureau des enquêtes indépendantes (BEI) et les organismes politiques, qui avec la décentralisation des contrôles, les politiques locales ont plus de pouvoirs quant aux règlements et lois, ce qui permet de régler les problèmes différemment et sous un nouvel angle.

Le citoyen et le policier

            La police a pour rôle d’assurer la sécurité des citoyens et de contrôler la criminalité. Lorsque celle-ci est victime de corruption, il est difficile pour les citoyens de lui faire totalement confiance. Pour Maria Mourani, criminologue et ancienne député du Bloc québécois : 

« Il est difficile de dire si les Québécois ont commencé à perdre confiance envers leurs forces policières. »

François Doré, un ancien policier de la SQ ajoute que :

« Les attentes de la population envers les forces policières sont plus élevées aujourd’hui qu’à l’époque où il a commencé à travailler à la fin des années 1970. […] Il n’y a pas un manque de confiance, a-t-il soutenu. Ce qui me rassure, c’est que les gens posent plus de questions. Ils veulent savoir ce qui se passe ».

En fait, il faut seulement un seul scandale pour que toute l’organisation policière soit affectée par celui-ci et du même coup, l’opinion publique. La communauté est ce qui permet à la police de travailler, c’est lorsque le citoyen compose le 911 ou que des crimes sont commis que la police peut intervenir. Cet élément est en lien au sept principes élaborés par Rawson et Mayne à propos de la source de la police communautaire, « la police est le public, et le public est la police». Cette citation signifie que c’est la police qui permet de voir ce que les citoyens font et que c’est le public, qui comme mentionné plus haut, permet à la police de faire son travail. Les informations données à la police à propos de certains crimes sont données par des informateurs qui sont entre autres les policiers, les personnes du public, les délateurs et les témoins expert.

Sources :

Patrick Bellerose, Journal du Québec. URL : https://www.journaldequebec.com/2019/03/13/legault-ne-connait-pas-la-nature-des-allegations-criminelles-contre-le-dg-de-la-sq-suspendu

Giuseppe Valiante, Actualité. URL : https://lactualite.com/actualites/2019/03/10/les-principaux-corps-policiers-du-quebec-traversent-une-tourmente/