Moyen de gouvernance interdit et efficace

L’année dernière, une enquête disciplinaire a démarré au sein de la Fraternité des policiers de Mont-Tremblant situé dans les Laurentides et le responsable de l’investigation a utilisé un système d’interphone afin d’écouter les policiers dans leur salle de réunion. Le résultat de l’enquête a permis au syndicat de découvrir que l’employeur a eu recours à l’intercom alors que cet objet était ignoré par les membres du poste de police et il n’y a aucun moyen de savoir lorsque l’appareil est mise en fonction. Cette information a énormément bouleversé le corps policier, car de nombreuses discussions professionnelles et personnelles se déroulent dans cette salle et la possibilité d’une surveillance à leur insu par leur employeur favorise la production d’un climat préjudiciable au sein de l’organisation.

Ce procédé demeure formellement interdit, car Robin Côté, un membre de la Fédération des policiers et policières municipaux du Québec, stipule clairement que cette pratique nécessite un mandat d’écoute. Une plainte du poste de police de Mont-Tremblant a été déposée auprès de la direction afin de retirer l’appareil ou simplement d’intégrer un dispositif qui permettra de révéler sa mise en fonction. Cette démarche n’a eu aucun succès puisque la direction affirme que le climat au sein de l’organisation est excellente en dépit des nombreuses déclarations de ses membres qui contredit cette proclamation.

Malgré l’illégalité de cette méthode, elle a procuré d’excellentes preuves dans l’enquête disciplinaire en plus de distribuer des sanctions et de mettre sous investigation 29 policiers dans le corps policier. Cette méthode de gouvernance administratif, interne et de contrôle devrait-elle être appliquée dans les organisations policières du Québec pour prévenir les cas de corruption à l’aide d’une surveillance électronique inconnue du corps policier ?

La légitimité de cette manœuvre est bien représentée par le dévoilement à l’émission J.E de la corruption répandue au sein du Service de police de la ville de Montréal. Cet événement a forcé le SPVM à remettre ses dossiers d’enquêtes envers la Sûreté du Québec afin de manifester une réaction face à ces allégations. L’utilisation de la surveillance électronique aiderait à découvrir les futurs cas de corruption majeure afin que la direction intervienne rapidement pour empêcher la révélation de cette situation auprès de la population par les médias et de s’efforcer à réparer les dommages pour maintenir leur réputation.

Au niveau de la sécurité, la proactivité est beaucoup plus souhaitable que la punition suite à la perpétration d’une infraction. L’intégration de cette pensée envers la déviance et la corruption policière pourrait prévenir la divulgation future de situations similaires à la corruption du SPVM et d’entretenir une notoriété acceptable parmi la population. Que ce soit par l’écoute électronique ou par un autre moyen, il est évident que des mesures approfondies sont nécessaire afin de réduire le plus efficacement possible les activités déviantes dans les organisations policières.

https://actupolicing.com/2017/03/23/division-des-affaires-internes-du-spvm/