Une opération conjointe mène à l’arrestation d’un présumé tueur à gage

Montréal, Canada

Le samedi 23 février 2019, vers 01h00 du matin, le Groupe tactique d’intervention (GTI) du Service de police de la ville de Montréal (SPVM) procéda à l’arrestation de l’un des dix criminels les plus recherchés au Québec, le présumé tueur à gages Frédérick Silva. L’opération se déroula sans résistance de la part du suspect. Les autorités l’accusèrent préalablement de deux meurtres au premier degré ainsi que d’une tentative de meurtre. Elles ajoutèrent un chef d’accusation pour possession non autorisée d’une arme à feu conséquemment à la découverte d’un revolver Smith & Wesson durant la fouille du suspect. Cependant, les forces policières soupçonnent l’implication de Frédérick Silva dans au moins huit autres dossiers concernant la perpétration d’homicides sous contrat, dont certains en Ontario.

Recherché à travers le Canada

Le 24 mai 2017, dans le stationnement du Cabaret Les Amazones, situé à Montréal, Frédérick Silva tira des coups de feu suite à une dispute, atteignant ainsi mortellement Daniel Armando Somoza Gilda. En raison de cet événement, un mandat d’arrestation pancanadien, en collaboration avec la Sureté du Québec (SQ) et le SPVM, le visait à partir du 02 juin 2017. La SQ et le SPVM le recherchaient aussi pour la tentative de meurtre contre le chef de clan de la mafia, Salvatore Scoppa. Cet événement se déroula à Terrebonne le 21 février 2017. Par la suite, le Service de police de Terrebonne (SPT) transmit le dossier à la SQ. Ensuite, on lui reprocha l’assassinat d’Alessandro Vinci, tué à Laval sur son lieu de travail le 11 octobre 2018. En tenant compte d’un lien fort probable avec le crime organisé, la section des crimes majeurs du Service de police de Laval (SPL) transféra le dossier à la SQ. Du côté du SPVM, les enquêteurs de la division homologue soupçonnaient sa participation dans un autre cas d’homicide survenu le 20 décembre 2018. Cela concernait la mort d’un ex-motard des Rockers, Sébastien Beauchamps. Possédant déjà des antécédents criminels impliquant la violence, les autorités considéraient Frédérick Silva comme étant un suspect armé et dangereux.

Évidemment, lorsque ce type d’événement se produit, l’enquête policière contient plusieurs étapes et éléments à envisager jusqu’au procès. Par exemple, la juridiction des corps policiers par rapport aux services requis importe. En ce sens, un service de niveau deux comme le SPT n’offre que la gendarmerie, l’enquête, l’intervention ainsi que l’infiltration. Du côté d’une organisation de niveau trois comme le SPL, celle-ci rajoute la juricomptabilité, la filature ainsi qu’une équipe en charge des crimes majeurs. Néanmoins, le SPL ne pourrait guère intervenir en matière de crime organisé, contrairement au SPVM qui se situe au niveau cinq. Cela explique donc le transfert des dossiers survenus sur le territoire des municipalités de Terrebonne et de Laval à la SQ. Bien que les homicides constituent des crimes majeurs, il faut quand même retenir que la majorité des enquêtes concernent des crimes mineurs. Ensuite, divers intervenants assistent les policiers au besoin comme le Service de l’identité judiciaire (SIJ) qui cherche à prélever et préserver des indices. Toutefois, l’enquête ne consiste aucunement à les collecter des afin d’élucider un crime. En fait, ils servent à créer la preuve de la commission d’un crime ainsi que d’y relier les personnes concernées. Généralement, si l’enquêteur ignore l’identité de l’auteur au cours des vingt-quatre premières heures suivant le délit, la probabilité de résoudre l’affaire devient malheureusement très mince. Et puis, en envisageant le statut de dangerosité attribué par les forces policières, il semblait davantage sécuritaire et judicieux d’effectuer une arrestation dynamique par le GTI.

Une collaboration policière

Suite aux crimes commis dans la région de Montréal en 2017, la division des crimes majeurs ainsi que la division des crimes contre la personne du SPVM travaillèrent de concert avec la SQ et la Gendarmerie Royale du Canada (GRC) dans cette affaire. En ce sens, des agents de la GRC chargés de surveiller Stefano Sollecito, un dirigeant de la mafia montréalaise, identifièrent Frédérick Silva en sa compagnie lors d’une rencontre avec une autre tête dirigeante, le fils de Vito Rizzuto, Léonardo Rizzuto à Dorval. De plus, durant cette opération en 2014, les policiers l’aperçurent aussi avec un trafiquant des Hells Angels, Gaétan Sévigny, et Sébastien Beauchamps, l’ex-motard et présumé victime de Frédérick Silva. En somme, les organisations policières lui connaissaient trois fausses identités, impliquant des changements physiques, afin d’échapper aux forces de l’ordre plus facilement.

Déclaration d’une source du Journal de Montréal:

« Silva représente bien le crime organisé en 2019, où les différents groupes collaborent ensemble en s’échangeant des ressources professionnelles. »

En effet, l’entraide existe autant entre les organisations criminelles que celles appliquant la loi. Manifestement, le renseignement criminel joue un rôle primordial, notamment par la centralisation de l’information policière. Cela permet donc de faciliter l’échange de données concernant les activités criminelles d’un suspect. Ainsi, en partageant le profil de Frédérick Silva entre les divers services policiers, les enquêteurs pouvaient établir plus précisément son modus operandi, ses relations avec divers groupes criminalisés, son type de déplacement, ses tatouages, son penchant pour les déguisements et cetera. En fonction de la probabilité de résoudre d’autres homicides, les enquêteurs procédèrent à une méta-enquête. Pour l’instant, on sait que Frédérick Silva utilisait une arme à feu avant de prendre la fuite en voiture et qu’il se déguisait. Selon les articles publiés par divers médias, le partenariat entre les sections des crimes organisés et des crimes contre la personne représenterait un cas particulier. Cela s’explique en partie, car normalement, ces deux escouades différentes œuvrent indépendamment l’une de l’autre. En plus, des policiers fileurs participèrent à la coordination de l’arrestation du suspect. Voici alors pourquoi la communication des renseignements criminels importe beaucoup entre les diverses organisations.

Finalement, cette situation rappelle bien la particularité de la police au Canada. D’abord, notre police fédérale, la GRC, offre également des services provinciaux et municipaux sauf au Québec et en Ontario. Ces deux provinces possèdent leur propre corps provincial respectif. Il s’agit de la Sûreté du Québec et la Police Provinciale de l’Ontario. Au Québec, la SQ agit aussi à titre de police municipale. Ensuite, la GRC, plus centralisée, s’inspire de la Royal Ulster Constabulary alors que le SPVM, à l’inverse, suit davantage un modèle décentralisé se rapprochant de la conception de Sir Robert Peel. En conclusion, malgré qu’il s’agisse d’unités distinctes ou de corps policiers différents, rien n’empêche d’unir ses forces.