Cannabis : le crime organisé ne sera pas écarté du marché

Le 17 octobre 2018, le Canada est devenu le premier pays du G20 à légaliser le cannabis récréatif. En effet, cette réforme historique était tant attendu. Trois ans après les élections du gouvernement libéral de Justin Trudeau, le cannabis est autorisé pour usage récréatif au Canada. Le Société québécoise du cannabis (SQDC) démarre avec 12 magasins, mais elle a pour objectif d’atteindre 150 magasins d’ici 3 ans. 

Un article du journal La Presse, exprime le point de vue de la GRC par rapport au crime organisé en lien avec la légalisation du cannabis. En effet, quelques mois avant la légalisation du cannabis, certaines affirmations du premier ministre Justin Trudeau ainsi que plusieurs ministres responsables de la légalisation de la marijuana au sein du gouvernement fédéral font réagir la Gendarmerie Royale du Canada (GRC). Selon M. Trudeau et les ministres responsables, il est impératif de légaliser le cannabis pour écarter le crime organisé du marché noir. De plus, ce dernier a souvent utilisé l’argument que la légalisation empêcherait les consommateurs de se procurer du cannabis auprès du marché illicite pour mettre son projet de l’avant.

La GRC est sous la responsabilité de Sécurité publique Canada, dont le ministre est Ralph Goodale. Ce dernier prend la parole pour remettre sur table le fait que l’un des principaux objectifs du gouvernement Trudeau envers cette légalisation était d’éliminer la présence de crime organisé du trafic de cette drogue.

Témoignant devant un comité du Sénat, le commissaire par intérim de la GRC, Kevin Brosseau explique que nous devons pas s’attendre à ce que la légalisation de cette substance psychoactive élimine la présence du crime organisé dans le commerce du cannabis étant donné l’étendue de l’implication du crime organisé dans le terrain illicite. Bien-sûr, il est possible que cela réduise, mais ça ne va pas l’éliminer.

De plus, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a aussi mentionné avoir des doutes sur les prétentions du gouvernement fédéral, puisque le crime organisé a déjà modifié ses stratégies pour déjouer les forces de l’ordre en prévision de la légalisation du cannabis. Selon, un autre article sur le même sujet, des rapports d’experts ont confirmés que le marché illicite ne cessera pas d’exister.

Il est complètement ridicule de croire que le crime organisé n’aurait pas vu venir la légalisation du cannabis ou encore qu’il ne se soit pas adapté à cette nouvelle loi, autant ridicule que de croire que légaliser le cannabis fera en sorte d’écarter le crime organisé du marché noir. Il est évident que le crime organisé trouvera des solutions et des méthodes alternatives pour continuer leurs activités. Le crime organisé a eu le temps de se préparer pour l’arrivée de ces énormes changements, peut-être même qu’il était mieux préparé que les organisations policières. 

Le porte-parole du SPVM, Ian Lafrenière, s’exprime notamment au Journal de Montréal que : « Le crime organisé, le mot le dit, il est organisé. Il s’ajuste à la réalité du marché, je peux vous dire qu’on a déjà l’information révélant qu’ils se sont réorganisés [en fonction de la légalisation du cannabis] ».

De plus, M. Brosseau a affirmé que la GRC faisait en leur possible pour former le plus rapidement possible des policiers en prévision de ce nouveau projet de loi. Ce dernier a jugé important de souligner que le corps policier aurait apprécié avoir plus de temps en vue de se préparer pour ce projet de légalisation.

En effet, ce que cela montre est que le gouvernement détient une influence énorme sur les missions de la police, puisqu’il est responsable des lois et des projets. Au total, la légalisation pourrait coûter 9,3 millions de dollars par année à Montréal pour assurer la sécurité et lutter contre la contrebande. Ce qui implique aussi d’engager de nouveaux employés pour assurer la sécurité, que ce soit pour faire de la patrouille, donner des conseils en sécurité ou encore faire enquête.

La légalisation du cannabis touche directement la police fédéral, qui est la Gendarmerie Royale du Canada (GRC) puisqu’elle a juridiction sur les crimes qui traversent les juridictions provinciales surtout en matière de crime organisé, de sécurité frontalière, de criminalité économique et de terrorisme.

Les missions actuelles de la police au Canada peuvent être classées en trois grandes famille, c’est-à-dire le maintien de l’ordre (patrouille, réponses aux urgences, règlement de conflits), l’application de la loi (contrôler la criminalité, arrêter des suspects, faire enquête) et les services ( donner des informations, faciliter des évènements populaires, donner des conseils de sécurité). De plus, comme mentionné précédemment, il est possible de constater que les gouvernements ont une grande influence sur les organisations policières. Ce sont eux qui votent les budgets alloués et les lois/règlements que la police devra en principe faire respecter. C’est la police elle-même qui décide des cibles prioritaires de son travail, des stratégies employées, mais reste que le gouvernement a une influence sur les politiques et les missions à mettre en priorité. Cette légalisation ne touche pas seulement la GRC , mais toute l’organisation de la police. Il y a constamment un élargissement du mandat de la police, et la légalisation du cannabis contribue à cet élargissement.