Des agents de la «répression»
Des racines militaires
En 1999, le Nigeria adopte finalement un système politique démocratique après plusieurs années de règne militaire. Toutefois, la transition a laissé des marques profondes, particulièrement dans le régime policier qui agit avec violence et, où plusieurs de ses membres sont corrompus[1]. Pour une société qui est théoriquement démocratique, qui célèbre même celle-ci chaque 12 juin, la police nigérienne reflète très mal les valeurs et principes de la liberté et de l’égalité. Dans un société démocratique, le rôle de la police est de maintenir la paix et de protéger les citoyens. Bien qu’il serait malhonnête de généraliser, les cas d’abus, d’extorsions et même d’agressions sont choses courantes au cœur de la police nigérienne. L’influence de l’ancien régime militaire se fait ressentir avec un uniforme militaire et des policiers qui patrouillent encore avec des armes d’assauts.

Les nigériens plongés dans la pauvreté
Il faut prendre en considération que ces policiers pratiquent leur métier dans un des pays les plus pauvres au monde[2]. Un pays où la violence est quotidienne et où la population générale fait son possible pour subvenir à ses besoins. Les policiers ne font pas exception à la règle. Il n’est pas surprenant que ceux-ci abusent de leur pouvoir afin d’obtenir de l’argent. Dans des circonstances où la plupart des familles nigériennes sont très grandes, le policier peut se déculpabiliser en se convainquant que c’est pour ses enfants ou pour sa survie qu’il agit de la sorte. Bien sûr, cela ne répond pas à la question d’agression physique. Il est connu que la pauvreté évolue parallèlement au crime et que le crime amène la violence. Les policiers nigériens travaillent donc dans un environnement très tendu ce qui peut, en partie, expliquer leur attitude violente. En 2009, 250 policiers nigériens ont été tués dans l’exercice de leurs fonctions[3].
Le réel pouvoir des policiers
Les policiers nigériens ont pu développer une culture de supériorité à cause de tous les passes droits qu’ils obtiennent et du contrôle qu’ils ont sur la vie de leurs citoyens. Ils peuvent se permettre de dépasser les limites professionnelles et publiques de leurs fonctions sans être réprimandés. La structure de la société leur confère donc beaucoup de pouvoir.
Le meilleur exemple est celui de Dolapo Badmos, une policière qui a une influence importante au Nigeria. Très populaire sur les réseaux sociaux comme Instagram (son compte @opetodolapo), elle a récemment publié un message homophobe encourageant les homosexuels de quitter le pays sous peine d’incarcération[4]. Bien que le message ait bien été reçu dans le pays et même appuyé, dû au fort pourcentage de la population qui est religieux, il a fait la Une des grands sites de nouvelles à l’international. Si les forces de l’ordre encouragent la persécution d’une minorité, il est normal que la population s’incline dans la même direction. Cette policière serait certainement expulsée des forces policières dans la majorité des pays occidentaux où la neutralité et l’objectivité sont de mise lorsque nous portons l’uniforme.
Des enjeux parallèles
Bien qu’au Nigéria l’homosexualité soit illégal, cette policière a directement incité la population à réprimer cette minorité.
Dans un pays conservateur et patriarcal où les traditions sont encrées profondément et où le femmes sont loin d’avoir atteint le statut d’égalité avec les hommes, il est encourageant de voir une femme avec un poste et une influence importante. Toutefois ne devrait-elle pas s’identifier au combat que les homosexuels conduisent ? Un combat d’émancipation que les femmes nigériennes mènent elles aussi actuellement.[5]
[1]https://www.hrw.org/report/2010/08/17/everyones-game/corruption-and-human-rights-abuses-nigeria-police-force#
[2]http://fr.africanews.com/2018/06/28/le-nigeria-capitale-mondiale-de-l-extreme-pauvrete//
[3]https://www.hrw.org/report/2010/08/17/everyones-game/corruption-and-human-rights-abuses-nigeria-police-force#
[4]https://www.cnn.com/2019/01/23/health/nigeria-police-gay-prosecution-warning/index.html