Au SPVM, un scandale n’attend pas l’autre

C’est au début du mois de juillet de l’année 2016, que le Service de Police de la Ville de Montréal (SPVM) a procédé à l’arrestation de quatre de ses membres pour inconduites sexuelles, actes criminels, parjure et tentative d’entrave à la justice. Malheureusement, le SPVM, qui auparavant était nommé le Service de police de la Communauté urbaine de Montréal (SPCUM), fait face à de nombreux scandales et pas seulement depuis l’année 2016. En effet, en 2011, le SPVM est accusé de profilage racial. Par la suite, en 2014, deux agents ont été suspendus à la suite d’une vidéo qui les montraient en compagnie de deux femmes intoxiquées par l’alcool et qui étaient assises sur leurs genoux, dans leurs voitures de patrouille. Et pour combler le tout, en 2019, les citoyens dénoncent la lenteur du service des enquêtes criminelles.

Le dossier présent fait part des accusations de parjure et de tentative d’entrave à la justice portées contre deux des quatre policiers arrêtés en juillet 2016, Faycal Djelidi et David Chartrand. Le policier Faycal Djelidi, qui au moment des actes étaient en fonction depuis 16 ans, a aussi à son dossier : « des accusations d’abus de confiance, de sollicitation et d’obtention de services sexuels moyennant rétribution».

Quand les policiers dépassent leurs fonctions

La Sécurité publique du Canada (SPC) a sous responsabilité le service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) et la Gendarmerie Royale du Canada (GRC) qui offre des services centralisés comme le Service canadien de renseignements criminels (SCRC). Pour réussir à piéger les policiers fautifs, la GRC, en collaboration avec le SPVM, a mis un agent double dans les pattes des policiers Djelidi et Chartrand. L’agent double agissait à titre d’informateur auprès des deux hommes. L’idée était que celui-ci devait les aider dans une ample saisie de drogues. Puis, Faycal Djelidi et David Chartrand, auraient falsifiés des documents à défaut d’avoir assez d’informations pour procéder à une perquisition.

Le but premier d’un policier est de protéger le citoyen des menaces qui pourraient l’entourer et d’appliquer les lois prescrites par le code criminel. En commettant des actes criminels, le policier fait exactement le contraire de sa mission première. Comment les citoyens canadiens, dans le cas présent, les québécois, peuvent-ils faire confiance à leur corps policier quand il y a autant de failles à l’intérieur? Le directeur du SPVM Philippe Pichet souligne que :

« On se sent tous concernés lorsqu’un des nôtres traverse la ligne. C’est toute la communauté policière qui s’en trouve affectée [..], la très grande majorité des policiers et des employés civils du SPVM font leur travail avec éthique et intégrité, dans le respect des valeurs organisationnelles. »

De plus, c’est surtout la crédibilité du service de police en question qui est affectée lorsque ses employés commettent des actes contraires à leur mandat. À ce sujet, la Fraternité des policiers et policières de Montréal insiste sur le fait que selon eux :

« Le processus disciplinaire au sein du SPVM souffre déjà d’un grave déficit de crédibilité et ignore les règles de justice naturelle ».

Le SPVM ne doit pas banaliser les actes déviants commis par leurs employés et ne devrait pas attendre que l’acte devienne de plus en plus grave avant d’appliquer des sanctions. C’est de leur responsabilité de s’assurer qu’aucune déviance quelconque soit commise au sein de leur service et au sein de leurs employés, autant civils que policiers.

Encore d’autres arrestations et scandales

            En plus de devoir arrêter quatre de ses membres pour parjure, tentative d’entrave à la justice, d’inconduites sexuelles et d’actes criminels, le SPVM vit depuis 2014 dans un climat de tension avec les policiers[. En fait, pour exprimer leur mécontentement vis-à-vis les réductions budgétaires et les changements de leur régime de retraire, les policiers s’habillent de façon non-conformes au règlement en abordant des pantalons de camouflage et une casquette rouge.

Marie-Ève Dumont. (2014). Les policiers en pantalons colorés.  Journal de Montréal  [format électronique]

Il est possible de voir leur geste comme une sorte de « manifestation silencieuse ». Ce climat de tension est surtout dû au nombre de démissions au sein des têtes dirigeantes du service. En 2015, après cinq longues années d’occupation au poste de chef du SPVM, Marc Parent démissionne. Quelques temps plus tard, c’est autour du responsable des communications Ian Lafrenière d’être muté. Le chef Philippe Pichet justifie ce retrait en mentionnant qu’il voudrait que ce soit désormais un employé civil qui maîtrise le domaine de la communication et non un policier qui s’occupe de ce poste.

Le fait d’engager des employés civils pour les postes qu’occupaient les policiers permet d’économiser sur de nombreux plans et de permettre du même coup qu’il y ait une présence plus accrue sur le terrain étant donné le remplacement. Cependant, Philippe Pichet n’a pas tenu sa promesse et a donné le poste de monsieur Lafrenière à une policière prénommée Marie-Claude Dandenault et non pas à une personne civile qualifiée en communication. Un scandale de plus pour le Service de Police de la ville de Montréal.


Sources

Emili Tremblay. Actu policing. URL : https://actupolicing.com/2018/03/09/le-spvm-accuse-de-profilage-racial/ Consultée le 5 février 2019

Mireille Lantagne. Actu policing. URL :https://actupolicing.com/author/mireillelantagne/ Consultée le 5 février 2019.

Brigitte Noël. Vice. URL : https://www.vice.com/fr_ca/article/ppv37z/au-spvm-un-scandale-nattend-pas-lautre-1 Consultée le 5 février 2019.

KIEDROWSKI John et al. (2015) La civilarisation des services de police au Canada [format électronique]. Sécurité publique du Canada. Canada.