Disparition d’Ariel Kouakou : le SPVM critiqué sur son délai d’intervention
Depuis maintenant plus de 11 mois, nous sommes sans nouvelles d’Ariel Jeffrey Kouakou, âgé de 10 ans. En effet, le lundi 12 mars 2018, vers midi, le jeune Ariel quittera son domicile à pied afin de se rendre chez un ami, dans l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville, à Montréal. Il sera aperçu pour la dernière fois au parc des Bateliers, à mi-chemin entre les deux endroits. Jamais le garçon ne sera revu par la suite et sa famille restera sans nouvelles.
Montréal étant une ville de plus d’un million d’habitants, le niveau de services policiers requis est de niveau 5 en vertu de l’article 70 de la Loi sur la police. Ainsi, c’est le Service de Police de la Ville de Montréal (SPVM) qui se devait d’intervenir en premier lieu.
Déclenchement de l’alerte AMBER
Le même jour, vers l’heure du souper, le père du disparu se rendra dans un poste de quartier du SPVM afin de signaler la disparition de son fils. Toutefois, tel que le rapporte La Presse, la policière qui aurait répondu au signalement aurait dit à l’homme de retourner chez lui et de composer le 911, recommandation à laquelle il aurait obtempéré. Selon la procédure habituelle, la policière aurait cependant dû en informer immédiatement son supérieur afin que les patrouilleurs puissent entreprendre aussitôt les recherches, ce qui n’a pas été fait. En effet, l’information communiquée à l’un des 49 postes de quartier se doit par la suite d’être transmise à l’un des 4 centres opérationnels d’enquête.
Ce n’est que le lendemain que l’alerte AMBER sera déclenchée, soit plus de 24 heures après le signalement de la disparition. Les policiers ont toutefois pris la décision de lever l’alerte AMBER près de 23 heures plus tard, jugeant que les critères pour la maintenir n’étaient pas tous remplis. «Normalement, pour le déclenchement d’une alerte AMBER, on a la description d’un ravisseur, la description d’un véhicule de fuite, des informations que l’on n’a pas dans ce cas-ci», justifiait ainsi l’argent Laurent Gingras. En effet, les autorités affirmaient ne pas avoir assez de preuves pour croire à un enlèvement, malgré que les parents d’Ariel Kouakou en soient persuadés.
Les critères afin de répandre l’alerte AMBER au Canada et au Québec sont sensiblement les mêmes pour Alerte AMBER Québec et pour le Centre canadien pour la protection des enfants. Ainsi, les autorités doivent avoir des raisons de croire (ou des motifs raisonnables de croire) que l’enfant âgé de moins de 18 ans ait été enlevé et qu’il court un danger physique imminent. Également, les autorités doivent disposer d’informations suffisantes à communiquer qui aideraient à localiser l’enfant disparu ou son ravisseur (par exemple, la description d’un véhicule, du suspect ou de l’enfant).
Ainsi, dans ces situations, c’est le citoyen qui enclenche le processus d’intervention policière en faisant le signalement de la disparition. Une fois que le corps policier décide de déclencher l’alerte AMBER, les médias jouent un rôle important dans l’opération policière puisqu’ils s’assurent de relier l’information à tous les citoyens et servent d’entremetteur pour les communications entre les forces de l’ordre et la population.
TLMEP – Forte critique du délai d’intervention du SPVM
Dans l’émission Tout le monde en parle du 25 mars 2018, trois invités ont discuté de la disparition d’Ariel Kouakou et du déploiement du processus policier lors de la disparition d’un enfant. La directrice du Réseau Enfants-Retour, Pina Arcamone, y a dénoncé le fait que son organisme a été mis au courant de la disparition de l’enfant plus de 24 heures après le signalement, par l’entremise des réseaux sociaux. De plus, Monic Néron, reporter judiciaire, y a dénoncé le délai d’intervention souvent trop lent dans les cas de disparitions d’enfants. En effet, comme le rapporte l’article du Journal Métro, la journaliste a été indignée de constater qu’il a fallu près de 24 heures afin que la « machine » ne soit enclenchée complètement et que les recherches à grand déploiement se mettent en branle. Selon elle, le SPVM aurait perdu un précieux temps en intervenant trop tard et elle va même jusqu’à affirmer que toutes les ressources disponibles n’auraient pas été exploitées.
Une autre critique faite à l’égard du SPVM dans ce dossier est à l’effet que la Division des crimes majeurs aurait dû recevoir le dossier plus tôt, afin de pouvoir déployer les ressources expérimentées plus rapidement.
Il est juste d’affirmer que les médias ont eu une double utilité dans cette enquête jusqu’à maintenant. En effet, ils ont non seulement assuré la diffusion de l’alerte AMBER, mais ils ont également permis à l’opinion publique de revoir et de critiquer les méthodes policières pour ce genre d’opérations.
Évidemment, le SPVM se défend ardemment aux nombreuses critiques qui lui ont été formulées dans cette affaire. En effet, Ian Lafrenière, porte-parole du SPVM, affirme que les recherches ont débuté dès le moment du signalement de la disparition. Le SPVM aurait déployé alors énormément de ressources (plusieurs voitures de police, un maître-chien, des cavaliers, l’hélicoptère de la SQ, un expert en recherche et sauvetage, un profileur, etc.) et aurait travaillé en collaboration avec la SQ. L’organisation policière affirme même avoir interrogé plus de 40 individus.
Malgré qu’il défende sa gestion de l’affaire, le SPVM promet toutefois de faire une rétroaction de son intervention, une fois l’enquête terminée.
Dernières informations
À ce jour, le garçon de 10 ans reste toujours introuvable. Selon le dernier article de La Presse à ce sujet, la thèse privilégiée par la police est celle de l’accident, soit une chute et une noyade dans la rivière des Prairies, près du parc où il aurait été aperçu pour la dernière fois. La police semble préférer cette thèse à celle de l’enlèvement qui est fortement soutenue par les parents de l’enfant, malgré que des recherches dans la rivière n’aient aucunement permis de confirmer cette hypothèse.
Il ne fait aucun doute que les habitants du quartier Ahuntsic-Cartierville restent préoccupés et inquiets face à cette mystérieuse disparition qui n’est toujours pas résolue. Jusqu’à maintenant et malgré leurs efforts, les policiers n’ont pas réussi à remplir une de leur mission première, soit de maintenir l’ordre et d’assurer un sentiment de sécurité chez les citoyens, qui restent soucieux des risques d’enlèvement et de disparition pour leurs enfants.
* INFORMATIONS :
Ariel Jeffrey Kouakou
Grandeur : 140 cm (4’8 »)
Poids : 40 kg (90 lbs)
Peau noire, yeux noirs, cheveux noirs et s’exprime en français.
Au moment de sa disparition, il portait un manteau noir avec un capuchon, un pantalon gris et des souliers jaunes.
Toute personne ayant de l’information à communiquer concernant cette disparition peut le faire de façon anonyme et confidentielle avec Info-Crime Montréal au 514 393-1133 ou au 911.