Un homme fonce sur la foule en camionnette au centre-ville de Toronto
Lundi le 23 avril 2018, une attaque sanglante au camion-bélier a eu lieu dans les rues de Toronto. Un homme de 25 ans a conduit sa camionnette sur un trottoir bondé de la rue Yonge, située dans le quartier North York. Il s’agit d’une des rues les plus animées et achalandées de Toronto, et même du pays. À 13 h 27 lundi, la police de Toronto a reçu un appel au 911 au sujet d’un véhicule, au coin de la rue Yonge et Finch, roulant sur les trottoirs en direction sud percutant les piétons. L’homme a foncé sur les piétons sur une distance de près d’un kilomètre. Il aurait heurté environ 25 personnes. Au total, l’homme a tué 10 personnes et fait 15 blessés. La camionnette du suspect était visiblement très abimée, démontrant la force de son attaque. Plusieurs citoyens présents sur les lieux ont d’ailleurs vu des gens être projetés dans les airs.

photo : Olivier Jean, La Presse
L’arrestation
7 minutes après avoir reçu un premier appel au 911, la police de Toronto trouve la camionnette une vingtaine de coins de rue de l’attaque sur l’avenue Poyntz, à l’ouest de la rue Yonge. Une vidéo permet de voir le déroulement de l’arrestation. Tout d’abord, le policier et l’homme sont sortis de leurs véhicules respectifs. Le policier avait son arme en main. Le policier, seul, a demandé au suspect de se rendre, mais ce dernier lui a demandé de le tuer. Le suspect a alors prétendu avoir une arme dans sa main et a tenté de menacer le policier. Il semblait alors s’agir d’un suicide par policer interposé. Le suspect a fait mine de dégainer un objet à sa ceinture à deux reprises. Le policier Ken Lam n’a tout de même pas tiré. Il a même préféré sortir son bâton télescopique et ranger son arme à feu. Le suspect a lâché ce qu’il tenait et s’est rendu. L’agent a donc procédé à l’arrestation du suspect sans aucun coup de feu. Le suspect était en vie, il sera alors possible de l’interroger et de vérifier s’il était affilié à certains groupes criminels ou terroristes.
L’homme en question est Alek Minassian, 25 ans, programmeur informatique. Il était établi à Richmond Hill, en banlieue de Toronto. Le ministre fédéral de la Sécurité publique, Ralph Goodale, a mentionné que rien ne prouve pour l’instant que l’attaque au camion bélier était un acte terroriste. Selon lui, « La sécurité nationale n’a pas été menacée ».
Une arrestation modèle

photo : Radio-Canada/Clark Hua Zhang / Twitter
Cette arrestation a été saluée par de nombreux policiers et cadres de police dont le chef de la police de Toronto, Mark Saunders, et l’ancien directeur du SPVM, Marc Parent. La vidéo de l’arrestation a fait le tour du monde. Le président du syndicat des policiers de Toronto, Mike McCormack, a même prétendu que Ken Lam n’aurait pas eu de difficulté à se justifier s’il avait utilisé son arme contre le suspect. Néanmoins, il a réussi cette arrestation avec brio, et cela, sans causer un décès supplémentaire après la tragédie. Selon Marc Parent, « il a établi une communication verbale très affirmée dès le début, il lui a donné des commandements, il lui a demandé d’obtempérer, il a insisté, il a persisté à communiquer avec lui tactiquement. Il s’est donné toutes les conditions gagnantes pour pouvoir rester en contrôle ».

photo : La Presse canadienne/Aaron Vincent Elkaim
Les médias et la police
Le nom du suspect n’a pas été révélé tout de suite après l’attentat. Fait intéressant : le nom du suspect, Alek Minassian, est sorti dans les médias américains avant son annonce au Canada. Le gouvernement canadien avait partagé le renseignement à nos voisins du Sud puisqu’ils sont proches et que les renseignements de sécurité du Canada peuvent être utiles aux États-Unis également. De plus, les Américains auraient pu avoir des informations sur le suspect. Néanmoins, son nom a été divulgué aux médias. Le gouvernement canadien a attendu plus longtemps pour révéler l’identité du suspect pour plusieurs raisons. Premièrement, comme le mentionne Éric Buchlin, ancien membre du GIGN, le Groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale, « les forces de police n’aiment pas trop que le nom sorte rapidement, parce que les personnes qui le connaissaient peuvent détruire toutes les preuves de communication, peuvent disparaître, parce qu’elles ne veulent pas être arrêtées par les policiers. » Cela pourrait nuire à l’enquête suivant un événement. Également, les policiers et le gouvernement souhaitent empêcher un tribunal médiatique. S’ils révèlent le nom d’une personne innocente, celle-ci peut perdre sa réputation aux yeux de tous et ce, sans fondements véritables.
Du déja-vu
Cet évènement rappelle un autre article sur ce site, qui parle de l’attentat de Londres du 22 mars 2017. Presque 13 mois exactement avant l’attaque de Toronto, un homme a également fauché la foule sur le pont de Westminster, à Londres, à l’aide de son véhicule. L’attaque aura fait au total 5 décès et 50 blessés.