Des brigadiers scolaires équipés de caméras GoPro
Bon nombre d’institutions et d’organismes font déjà l’utilisation des caméras de surveillance. Dans les CHSLD, par exemple, on y retrouve des caméras pour repérer la maltraitance envers les patients. Il y a aussi eu, il n’y a pas si longtemps, l’installation de caméras dans certaines autobus scolaires dans le but de surveiller et de constater les infractions commis par les automobilistes. La liste des institutions ne cesse de s’allonger. Dans les dernières semaines, ce fut au tour de la ville de Saint-Raymond de Portneuf de prendre d’assaut la sécurité des étudiants, des piétons et des brigadiers par le port de caméra de type Gopro par ces derniers. Après plusieurs plaintes au sujet d’automobilistes ne respectant pas les panneaux d’arrêt ou en excès de vitesse, la ville de Saint-Raymond a élaboré ce projet pilote dans le but de refroidir les automobilistes ne respectant pas le code de la route et, ainsi, pouvoir les identifier en cas d’infractions.
Rappelons-le, l’objectif principal de ce projet étant d’assurer la sécurité de tous et chacun circulant à pied dans la ville. Mais la ligne n’est-elle pas mince entre la sécurité et la protection de l’intimité et le droit au respect de la vie privée que l’on retrouve à l’article 5 et 9.1 dans la charte des droits et libertés de la personne. Bien que la surveillance par vidéo est considérée comme une sorte d’intrusion, La loi 64 a pour but de régir l’utilisation de ce mode de surveillance s’il y a nécessité : «Nul ne peut, au nom d’un organisme public, recueillir un renseignement nominatif si cela n’est pas nécessaire à l’exercice des attributions de cet organisme ou à la mise en œuvre d’un programme dont il a la gestion». Dans le cas de la ville de St-Raymond, on retrouve la nécessité de la présence de caméras puisque, entre autres, la vie de plusieurs personnes est en danger à chaque infraction commise. De plus, plusieurs brigadièr(e)s ont soulevé leur désir de quitter leur emploi si aucune initiative n’était prise. Ainsi, l’usage de la caméra de surveillance est justifié, selon certains critères, et réglementé pour la prise de renseignements personnels, bien que cela vient mettre en péril le droit au respect de la vie privée.
Bien entendu, chaque projet de vidéosurveillance doit être accepté par certaines instances. Dans ce cas-ci, la Sûreté du Québec a approuvé le projet. Ce qui amène à une autre question, la présence de caméra ne doit-elle pas être transparente face à la communauté visée par un tel projet ? En effet, selon la Commission d’accès à l’information, il est obligatoire d’informer de la présence de caméra de surveillance dans le milieu public, ainsi que dans le secteur privé, selon la loi sur la protection des renseignements personnels dans le secteur privé. Dans ce cas-ci, la ville de St-Raymond de Portneuf a annoncé le nouveau projet sur le site de la ville pour avertir la communauté.
Bien que la prise de vidéo soit approuvée, légale et déclarée, quelle est l’utilité des images en cas d’infraction, ou plutôt, est-ce que ce genre d’élément est suffisant pour incriminer quelqu’un ? Dans ce cas-ci, les caméras servent à capter la plaque d’immatriculation et la personne qui conduit. Cependant l’image à elle-même n’est pas suffisante pour constituer une preuve, même si celle-ci est légale. Elle ne donne seulement qu’une plus value au témoignage.
Pour conclure, vu les nombreux projets de vidéosurveillance, autant dans le secteur privé que public, il y a lieu de se demander si ce genre de projet est a un effet réel sur la sécurité de la population dans les divers contextes énoncés et de nombreux autres. Il y a deux visions différentes par rapport à cela. D’un côté on y retrouve ceux qui croient aux bienfaits sur la sécurité dans ce type de contrôle et d’un autre on retrouve la croyance que la présence de caméra de surveillance ne fait que déplacer le problème ailleurs. La question se pose. Est-ce que les motifs et les bénéfices d’une telle mesure sont proportionnels à une collecte de renseignements personnels lorsque les individus sont identifiables? Car précisons que la surveillance vidéo comporte des limites qu’il faut considérer et rappelons-nous que capter des images vidéo de personnes dans un endroit public implique la prise de renseignements personnels.