Printemps érable: un policier de la SQ a manqué de prudence et de discernement
L’agent de la Sureté du Québec Denis Burelle est blâmé par le Comité en déontologie policière pour avoir fait usage de son arme d’impact sans « prudence et discernement ».
Les faits reprochés se sont produits le 4 mai 2012 lors du conseil général du Parti libéral du Québec et ce, en plein printemps érable, période de crise étudiante. Durant ce conseil général organisé à Victoriaville, de nombreux affrontements avaient éclaté entre policiers et manifestants étudiants.
Le policier Burelle, qui était au sein du peloton anti-émeute, se trouvait en plein cœur des affrontements. Assailli par les manifestants qui leur lançaient des projectiles tel des pierres, morceaux d’asphalte et boules de billard, l’agent Burelle prit alors la décision de faire usage de son arme d’impact face aux manifestants. Il fit alors feu en leur direction avec les projectiles de plastique de type AR-1 pouvant atteindre 266 km/h et pouvant causer des lésions mortelles si le projectile atteint la tête ou le thorax. Il tira 10 projectiles vers les manifestants durant une période de trente minutes.
L’usage de son arme d’impact causa des blessures sérieuses à deux manifestants, ces derniers atteints au niveau de la tête. L’impact du projectile fractura la mâchoire de l’un et l’autre vu la mort de proche puisqu’il subit une fracture du crâne et une double commotion cérébrale. À la suite de ces événements, le policier Burelle dut s’expliquer devant le Comité de déontologie policière. Le policier affirma avoir fait feu en direction des manifestants dans le but de protéger ses confrères et lui-même. Cependant, il affirme également ne pas savoir où neuf de ses dix projectiles ont abouti. De plus, le policier a également confié que, dans le feu de l’action, il faisait feu sans se fier à sa mire, contrairement à ce qui lui avait été enseigné. Finalement, il fit usage de son arme sans que ses supérieurs ne lui donnent l’autorisation.
Le Comité de déontologie trancha alors et affirma suite à l’enquête que le policier « avait failli à ses obligations, en ne respectant les règles d’engagement » et qu’il n’a pas utilisé son arme avec « prudence et discernement », blessant grièvement deux manifestants.
Les agissements du policier peuvent être expliqués de plusieurs façons, notamment par la sous-culture policière et par la solidarité interne qui en découle. En effet, tel que l’agent Burelle l’a mentionné devant le Comité de déontologie, il ouvrit le feu vers les manifestant dans le but de protéger sa personne, mais également ses confrères. Mis en situation de danger, il a priorisé la sécurité de son groupe d’appartenance, au détriment de celle des manifestants.
L’utilisation de son arme d’impact peut également être liée à la valorisation de l’autorité. En effet, l’usage des projectiles de plastiques avait probablement des visées dissuasives contre d’autres manifestants qui aurait envisagé d’envoyer des projectiles dangereux vers les policiers.
La Sureté du Québec n’a jamais endossé les agissements de l’agent Burelle, puisque ce dernier a ouvert le feu avant que l’ordre officiel ne soit donné. Donc, les blessés issus de ces tirs ne sont pas la responsabilité de la Sureté du Québec, mais bien celle de l’agent Burelle, qui a agi de manière individuelle. Ainsi, la Sureté du Québec n’a rien à se reprocher à la suite des évènements.
Le policier Denis Burelle n’a cependant pas agi sur un coup de tête en utilisant son arme d’impact sur la foule de manifestants hostiles. En effet, ces agissements furent motivés par une situation comportant des aspects dangereux. Tel que le mentionne Dennis Clapp, qui est un ancien agent ayant travaillé 19 ans au sein de peloton anti-émeute à la Sureté du Québec, « l’arme à impact est utilisée pour neutraliser à distance une personne qui s’apprête à poser un geste criminel qui représente une menace à l’intégrité physique d’une autre personne ». Le fait de lancer des objets tel des boules de billard, morceaux d’asphalte et des roches vers des policiers constitue-il un acte criminel menaçant l’intégrité physique d’une autre personne? Dès lors, les agissements de M. Burelle ne sont pas totalement injustifiés. De plus, l’ordre officiel fut donné peu après les faits. Cependant, cela n’excuse pas le fait que ce dernier ait utilisé son arme de manière imprudente et ce, à l’encontre de sa formation, ce qui causa des lésions graves à deux étudiants.
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