La Ville de Montréal poursuivie pour l’utilisation de violence exagérée lors d’une intervention policière

photo : Radio-Canada

Le 27 juin dernier, à Montréal, un homme Noir de 58, Pierre Coriolan, ans est décédé à la suite d’une intervention policière dans l’immeuble où il habitait. Coriolan était en crise. Les policiers ont été appelés à la suite d’une plainte pour bruit dans l’immeuble. Le quinquagénaire détruisait les meubles de son appartement. Selon les avocats de la famille et les proches de Coriolan, l’homme avait des problèmes de santé mentale. Il venait en effet d’apprendre qu’il avait perdu sa place dans un HLM, ce qui expliquerait sa crise.

Une vidéo montre la scène

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Une vidéo de l’altercation a été rendue publique par la famille afin de montrer l’usage abusive de la force par les policiers. Sur celle-ci, Coriolan refuse de se calmer et d’obéir aux ordres des policiers qui sont dans le couloir. La vidéo présente au moins quatre policiers. Au début de celle-ci, on entend deux séries de détonations suivies de hurlements de Coriolan. Ce dernier tombe à genoux. Un policier lui cri de se mettre par terre alors qu’un autre policier ajoute : « Une autre shot ? Une autre shot. » Ensuite, deux autres détonations surviennent et Coriolan tombe sur le ventre, face contre terre. Un policier s’approche de Coriolan et tente de lui retirer quelque chose des mains. Un autre policier utilise son bâton pour frapper le bras de l’homme, qui crie. Coriolan est menotté. Il est atteint par balle à l’estomac et a du sang sur le visage. Les policiers mentionnent qu’il ne respire plus. Ils tentent alors de le réanimer. Un policier lâche un «tabarnac».

Les agents ont tenté de maîtriser Coriolan au moyen de nombreuses armes différentes : armes à impulsion électrique, armes à balles de plastique et finalement, leurs armes de service. Les policiers pensaient que Coriolan tenait une arme blanche. Dans la vidéo, on entend un policier demander si Coriolan avait un tournevis dans ses mains, et ce, après l’intervention.

La famille poursuit Montréal

La famille de la victime est d’avis que les policiers ne lui ont laissé aucune chance. Selon eux, Pierre Coriolan était une cible vulnérable aux prises avec des troubles de santé mentale. Les membres de la famille réclament 50 000 $ en dommages moraux pour chacun d’eux ainsi qu’une somme de 50 000 $ à titre de dommages punitifs, pour un total de 163 426,08 $. La fille de la victime espère que des changements seront apportés à la façon d’intervenir auprès de personnes vulnérables.

Il est important de noter qu’une minute s’est écoulée avant que les policiers ne commencent les manœuvres de réanimation, après le constat que l’homme ne respirait plus.

Intervenir auprès d’une clientèle vulnérable

Intervenir auprès de citoyens ayant des troubles de santé mentale ne requiert pas le même genre de procédure. Selon Olivier Farmer, chef du service de psychiatrie urbaine à l’Hôpital Notre-Dame et psychiatre au PRISM, un programme de santé mentale pour itinérants, une seule personne devrait être désignée pour intervenir auprès de ces gens et le dialogue devrait être une priorité. Dans cette situation, les policiers semblent avoir davantage insister sur l’arrestation que sur la compréhension de la situation. Ils auraient dû interagir davantage avec Coriolan et tenter de comprendre son état d’esprit ou ce qui le troublait. Ils étaient au moins quatre policiers pour un seul « suspect ». Il est difficile de croire qu’à quatre contre un, son arrestation était impossible sans avoir besoin d’utiliser une arme à feu. Les policiers auraient peut-être besoin de davantage de formation afin de mieux intervenir auprès des gens vulnérables. Si ces policiers ont mal agi volontairement, malheureusement il est fort probable qu’aucun de leurs collègues ne les dénoncent en raison de la grande solidarité au sein des milieux policiers.  Néanmoins, depuis 2015, au Québec, le Bureau des enquêtes indépendantes enquête sur ce genre d’évènements. Ce dernier supervise les pratiques policières. C’est cette organisation qui peut éclairer les gens à la suite de l’utilisation d’une arme à feu par un policier, par exemple.

Le Code de déontologie des policiers du Québec

De plus, le Code de déontologie des policiers du Québec fait mention de quelques éléments qui peuvent être intéressants par rapport à cette histoire. Premièrement, les policiers ne devraient pas faire usage de langage injurieux, soit blasphémer, lors d’une intervention, ce qui a été le cas dans l’intervention contre Coriolan. Également, les policiers ne devraient pas faire usage d’une force plus grande que celle requise. L’intervention mentionnée dans cette histoire laisse présumer que ce fut le cas, puisqu’elle a mené à la mort de l’homme, même si quatre policiers faisaient face à un seul homme. C’est d’ailleurs cet élément qui est utilisé par la famille dans leur poursuite contre la ville. Les policiers impliqués dans cette histoire semblent être de agents de la paix que Mastrofski considèrerait comme durs : ils semblent autoritaires et peu aptes à la résolution de conflits. Un homme en crise est décédé alors que les policiers ne semblaient pas tout à fait sûrs de ce qu’il avait dans les mains. Au lieu de lui parler et de tenter de le calmer, les policiers ont fait preuve d’une grande violence. Pour finir, les policiers ont attendu une minute avant de faire des manœuvres de réanimation à Pierre Coriolan. Le Code de déontologie cite que les policiers ne doivent pas faire preuve de négligence à l’égard de la santé ou de la sécurité d’une personne placée sous sa garde. La minute qui s’est écoulée avant que les agents de la paix tentent de le réanimer aurait pu être cruciale.

Les policiers impliqués dans cette histoire ne semblent pas avoir tout mis en œuvre pour apporter leur aide à Pierre Coriolan, qui a, au final, perdu la vie.