SPVM: des compressions entre 20 et 30 millions soulèvent l’inquiétude
Les corps policiers de la province font face à une réalité complexe : ils doivent gérer des dossiers d’enquête d’une grande importante et ce, avec un budget limité. Le Service de Police de la Ville de Montréal, ou SPVM, ne fait pas exception à la règle. En effet, sur son budget annuel entourant 650 millions de dollars, les patrons des escouades spécialisées du corps de police montréalais ont annoncé, il y a deux semaines, la nécessité d’effectuer des coupures budgétaires importantes cette année. Bien que ces derniers n’aient pas énoncé le montant exact de ces coupures, il est estimé entre 20 et 30 millions de dollars.
Les escouades spécialisées sont les responsables en ce qui a trait aux enquêtes entourant les homicides, les agressions sexuelles, les fraudes, le crime organisé ainsi que les incendies criminels. Ils effectuent leurs opérations à la Place Versailles, située dans l’est de Montréal. Les patrons ont choisi d’effectuer les coupures budgétaires en prohibant désormais les heures supplémentaires pour les policiers. Désormais, ces derniers doivent obtenir une autorisation spéciale pour toute heure supplémentaire effectuée, procédure qui n’était pas nécessaire auparavant.
De nombreux policiers ressentent de l’inquiétude face aux suites de cette décision, et craignent qu’elle n’affecte la qualité de leur travail. En effet, ces derniers affirment que des enquêtes de grande envergure nécessitent des heures supplémentaires et ne peuvent être effectuées en totalité dans le cadre d’heures de travail « régulières ». Par exemple, des arrestations pour cas de meurtres doivent souvent s’effectuer en dehors des heures normales de travail. L’un des membres des escouades spécialisées, qui a préféré préserver l’anonymat, s’est d’ailleurs exprimé à ce sujet.
Les décisions qu’ils veulent prendre vont infailliblement réduire nos résultats, et c’est la population qui va s’en ressentir. Il y a inévitablement des heures supplémentaires dans les enquêtes de plus grande envergure. Les enquêteurs ne travaillent pas seulement durant les heures de bureau, quatre jours par semaine. Les escouades ne pourront plus mener autant d’enquêtes de front. Cela aura un impact sur les dossiers en attente aux agressions sexuelles, sur certaines enquêtes d’homicides, sur les dossiers de la Division du crime organisé, a expliqué le policier au journal La Presse.
Bien que les coupures budgétaires soient récentes, il semblerait que leurs effets se fassent déjà ressentir. En effet, au moins une arrestation aurait été reportée à la suite de ces dernières. De plus, la récente vague de dénonciations d’agressions sexuelles qui a lieu au Québec actuellement pourrait elle aussi être compromise, puisque sa gestion découle des escouades spécialisées qui ne pourront peut-être pas mener les dossiers à terme avec autant d’efficacité qu’ils ne l’auraient souhaité.
Tandis que les enquêteurs ont exprimé leur appréhension, le porte-parole et inspecteur du SPVM, André Durocher, a quant à lui tenté de calmer les esprits. Bien qu’il ait confirmé que la réduction des heures supplémentaires touchera toutes les escouades du SPVM, il assure que ce n’est pas la population qui va en écoper.
Quand la sécurité de la population est en danger, c’est non négociable et tous les efforts et ressources seront mis de l’avant. À moins que ce soit absolument nécessaire, on va essayer de voir d’autres alternatives. On essaye de faire plus avec ce que l’on a. Il y a une réalité budgétaire et une capacité de payer des contribuables, il faut gérer de façon responsable, a affirmé M. Durocher à La Presse.
Il est à noter que chaque année, le SPVM se doit d’abolir une cinquantaine de postes. Au cours des deux dernières années, ces objectifs de réduction de postes n’ont pas été effectués dans leur totalité, ce qui explique en partie la raison pour laquelle des compressions aussi drastiques doivent être effectuées cette année. Martin Prud’homme, directeur par intérim et administrateur provisoire du SPVM, va dans le même sens que M. Durocher en affirmant que la population ne sera pas affectée par cette décision administrative. En effet, il a déjà confirmé qu’il ne voulait pas effectuer de coupures dans les appels et les services directs aux citoyens.
Ainsi, il semble que le SPVM se trouve dans une situation délicate résultant d’une décision controversée, mais nécessaire vu les lacunes budgétaires dont souffre le corps de police montréalais. Il reste à espérer que les patrons et les enquêteurs parviendront à trouver d’autres alternatives qui leur permettront de continuer à effectuer leur travail dans le mieux de leurs capacités, afin d’éviter que ces changements ne mènent à des difficultés trop importantes dans la gestion de leurs dossiers d’enquête, ce qui risquerait d’affecter autant leur travail que le bien-être de la population concernée par celui-ci.