90% des Français sont favorables à une police de sécurité du quotidien

Le journal Le Figaro a révélé, à la fin du mois de décembre dernier, les résultats de la récente recherche effectuée par Fiducial/Odoxa sur le niveau de sécurité des Français dans le cadre du projet de loi antiterroriste. Les résultats obtenus sont assez inquiétants, comme le fait que 70% des Français ne font pas confiance à l’État et ne se sentent pas en sécurité. Les statistiques issues de ce sondage expliquent certainement le fait que la presque totalité (90%) des Français est « impatiente » de voir arriver le nouveau système de « police de sécurité du quotidien » promis par le président Macron. La « police de sécurité du quotidien » est un nouveau système qui vise à ce que la police et la gendarmerie soient plus disponibles et plus à l’écoute de la population française. Cette police plus près des gens s’apparente beaucoup à la police de proximité, bien que le président affirme que ce nouveau système ne sera pas identique. Elle a pour but de rapprocher les policiers de la collectivité pour favoriser des interventions plus adaptées aux besoins des citoyens et de gérer les quartiers sensibles. Le président a même annoncé sur son compte Twitter que le but premier de cette nouvelle police sera de lutter contre le harcèlement dans les endroits publics et le transport en commun.

Les résultats du sondage de Fudicial/Odoxa lèvent le voile sur plusieurs enjeux, problèmes et angoisses au sein de la population française. En effet, de tels résultats viennent avec plusieurs questions quant à la relation entre la police et les Français. Tout d’abord, il faut se questionner sur l’origine de cette grande inquiétude des Français quant à leur sécurité. Plusieurs éléments peuvent expliquer ce sentiment d’insécurité. Il ne faut certainement pas négliger l’impact qu’ont pu avoir les récents attentats terroristes dans le pays comme source d’inquiétude, bien que ce soit la criminalité moins violente et de moins grande envergure qui inquiète la population. Ce sondage met également la lumière que près d’un Français sur deux a été témoin d’une agression dans la sphère publique. Le fait d’assister à des évènements criminels de la sorte peut faire augmenter la crainte générale des habitants.

Mais alors, la sécurité, c’est l’affaire de qui?

Selon le sondage d’Odoxa, 85% des répondants croient que la sécurité relève de tous, alors que 14% sont d’avis que c’est seulement le travail des agents de la paix. Comment expliquer cette disparité d’opinion? Tout d’abord, il faut mettre en relief le fait que ce sentiment de sécurité est possible grâce aux diverses formes de contrôle social imposé aux individus. Dans les sociétés occidentales modernes, le contrôle social est à la fois intériorisé et extériorisé. Ce dernier peut être à la fois communautaire ou institutionnalisé. Ainsi, la minorité croyant que seule la police s’occupe de la sécurité, appuie sa réflexion seulement sur la notion de contrôle social des institutions, comme la police, pour assurer l’ordre public. Effectivement, la France est une société avec un niveau de complexité où l’État prend en charge tous les contentieux personnels et les règles de façon judiciaire. Or, ces gens ne tiennent certainement pas compte également des sanctions (ou récompenses dans le cas de comportements positifs) octroyées par les autres citoyens comme moyen de contrôle social, et donc comme moyen d’assurer la sécurité de tous. Les personnes qui pensent que la sécurité est l’affaire de tous s’appuient sur cette idée que la communauté exerce elle aussi une part du contrôle social et donc qu’elle est responsable de sa sécurité.

La « police de sécurité du quotidien », une simple question d’image?

Cette question est plutôt liée au projet de restructuration de la police qu’aux résultats du sondage. Malgré tout, il est intéressant de s’arrêter pour se demander quel est l’objectif réel de cette nouvelle police présentée par le président de la France. Bien que ces objectifs soient louables, on ne peut négliger le discours politique qui vient avec. La « police de sécurité du quotidien » n’est à mon humble avis, que de la poudre aux yeux. C’est un moyen de l’État pour réaffirmer la légitimité et la nécessité du corps de police et donc de l’appareil étatique. Les citoyens n’ont plus confiance en la police au point où le tiers de ceux qui ont été témoins d’une agression n’ont même pas pensé à contacter les autorités. Le gouvernement tente de démontrer à ses citoyens qu’il agit et qu’il remédie au fait que la population se sent laissée à elle-même. La police, bien que censée être indépendante de l’État, se doit d’être présentée sous son meilleur jour pour réussir à imposer son autorité et son contrôle. Cette nouvelle police semblable à la police de proximité a pour but de « favoriser le vivre ensemble »; ou autrement dit, assurer un environnement sécuritaire pour la communauté. Le gouvernement français s’attaque donc à la criminalité apparente en instaurant plus de corps policiers dans les quartiers « chauds » pour apaiser les craintes de la population.

Par ailleurs, cette annonce d’une police plus proche et plus présente dans la vie des citoyens vient peut-être également donner bonne figure au président Emmanuel Macron qui est actuellement loin de faire l’unanimité. Le sondage Baromètre sécurité des Français a également révélé que la moitié de la population ne fait pas confiance au gouvernement en matière de terrorisme, et c’est 69% en ce qui concerne les crimes moins graves comme le cambriolage et les agressions. Ces données me laissent encore plus perplexe sur les réelles intentions derrière la mise en place de la « police de sécurité du quotidien ». Mais après tout il faut se demander si les décisions gouvernementales ne sont-elles pas toute une question de popularité et de réélection? Disons simplement que c’est un autre (ou éternel?) débat… Bref, j’espère quand même que malgré mon scepticisme face à la réelle nécessité de ce projet, cette nouvelle police permettra à la population française de se sentir mieux et moins en danger chez eux.