Une marche pacifique frappée par la police de la République du Congo
Une marche a été effectuée par les citoyens, surtout des catholiques, de la République démocratique du Congo le 31 décembre à Kinshasa, la capitale du pays. Cette marche visait à exiger que le gouvernement applique l’Accord de Saint-Sylvestre de 2016. Cet accord mettait en place une transition politique, de 2016 à fin 2017, jusqu’à ce qu’il y ait des élections démocratiques. Le gouvernement ne l’a pas fait et c’est encore le président Joseph Kabila qui est au pouvoir grâce au prolongement de son mandat, la marche a donc eu lieu un an après la signature de l’accord. L’article raconte comment la marche pacifique a rapidement été interrompue par les autorités du pays :
À Kinshasa, la police et l’armée n’ont pas hésité à tirer à balles réelles sur les paroissiens pacifiques qui sortaient des églises avec rameaux, bibles et crucifix. C’est ainsi qu’une jeune fille de 16 ans a été tuée par un tir en rafale venu d’une “auto-mitrailleuse” passée “devant la paroisse de St-François-de-Salles, à Kitambo” […].
Il y a eu quelques morts et plusieurs blessés durant cet événement. Les policiers et les militaires sont même entrés dans les maisons pour faire des arrestations. Tout ceci peut nous rappeler l’invention de la police en France au 17e siècle et sa « haute police ». Ce type de police surveille l’activité politique en ayant pour but de prévenir et faire une grande répression lors de désordre qui pourrait mettre en danger le gouvernement. Donc, la « haute police » protège la stabilité de l’État. C’est ce que la police et l’armée de la République du Congo ont essayé de faire en interdisant cette marche (prévention) et en utilisant des balles réelles sur la population (répression).
La veille de la marche, la police avait fait des barrages routiers pour demander les papiers et les téléphones portables des gens, afin de percer l’anonymat des passagers pour prévenir la marche interdite et trouver qui en faisait partie. Encore une fois, c’est une police qui est un instrument autocratique.
Nous sommes loin des modèles de police «consensuelle» où on doit utiliser la force minimum pour régler des conflits entre citoyens, en répondant aux besoins de la société. Dans la situation de la République du Congo, la police et l’armée ont utilisé beaucoup plus que la force nécessaire, car, à la base, c’était une marche pacifique, donc sans intention de violence. De plus, quelques citoyens se sont même enfermés dans une église pour se protéger.
Selon l’article du Monde, le gouvernement assure avoir été informé qu’il y avait eu une distribution d’armes ayant pour but de déstabiliser le régime et que c’est pour cette raison qu’il a agi ainsi. De plus, le gouvernement aurait même coupé l’accès à internet la nuit avant la marche, la même journée où il y a eu les barrages routiers.
La Mission des Nations unies au Congo demande à la capitale Kinshasa de faire respecter la liberté de manifester qui est inscrit dans la Constitution congolaise. Dans le premier article du décret 196, il est écrit :
Tous les Congolais ont le droit d’organiser des manifestations et des réunions pacifiques et d’y participer individuellement ou collectivement, publiquement ou en privé, dans le respect des lois, de l’ordre public et des bonnes mœurs.
Malgré cet article de la Constitution congolaise de 1999, le gouvernement continue de ne pas la respecter et utilise la police et l’armée pour garder une certaine stabilité de l’État.