Utilisation abusive du pistolet paralysant par les forces de l’ordre

En juillet 2013, la municipalité de Manchester, au Royaume-Uni, a été le site d’une utilisation considérée abusive d’un pistolet à impulsions électriques. Jordon Begley est décédé d’un arrêt cardiovasculaire approximativement deux heures après avoir été violemment intercepté par les policiers dans son domicile, alors qu’ils soupçonnaient que celui-ci avait une arme létale en sa possession. Le jeune homme âgé de vingt-trois ans a été victime d’une impulsion électrique de 50 000 volts, alors que le policier ayant tiré était à seulement 0,70 mètre. Deux années après la tragédie les agissements du policier ont été qualifiés d’irréfléchis parce qu’une si courte distance favorise l’émission d’une impulsion plus longue que le délai raisonnable.

Le Taser devrait généralement être utilisé afin de contrôler les individus considérés dangereux qui ne pourraient pas être atteints par le poivre de Cayenne. C’est la méthode de contrôle qui se retrouve entre l’usage d’une arme à feu et celui de la matraque. Dans une situation telle que celle mentionnée précédemment, il aurait été davantage approprié d’utiliser la matraque plutôt que le Taser puisque la distance moindre entre les deux individus concernés multiplie les risques de létalité de cette arme. Également, l’individu aurait pu être facilement contrôlé avec l’usage d’une matraque puisqu’il était à proximité du policier. L’usage du pistolet à impulsions électriques amène les policiers à réduire involontairement l’éventail de décision puisque ceux-ci auront tendance à qualifier que le Taser est une arme bénéfique dans toutes les situations puisqu’elle est moins létale que l’arme à feu et qu’elle réduit considérablement la vulnérabilité des policiers. En d’autres mots, nous pouvons apercevoir une défaillance au niveau de l’information.

Le Taser est souvent présenté comme « soft » dont l’usage semble de mise dans la totalité des situations puisqu’aucune conséquence sérieuse n’est redoutée.

Amnistie internationale a affirmé qu’il était possible d’effectuer un lien de causalité entre l’usage de pistolets paralysants et le décès d’individus. Amnistie a déterminé qu’approximativement une vingtaine d’individus seraient décédés ainsi et que près de la moitié de ces individus auraient reçu de multiples décharges alors qu’ils étaient maitrisés physiquement par les agents.

Amnistie internationale estime que certains policiers recourent presque immédiatement à l’usage des pistolets paralysants avant d’avoir épuisé tous les moyens non violents; ceux-ci utilisent les pistolets paralysants de manière trop rapide et non proportionnelle à la menace réelle.

Les pistolets paralysants sont également dénoncés par l’Organisation des Nations Unies (ONU) puisqu’ils provoquent une douleur aiguë, ont des conséquences sur l’état physique et mental des personnes ciblées et que leur emploi semble considérablement biaisé puisqu’il revient entièrement à la discrétion de l’agent. Cela constituerait un viol des articles 1 et 16 de la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants des Nations Unies.