Enquête du SCRS et de la GRC sur les «IMSI catchers»
Une enquête faite par Radio-Canada a permis de découvrir des technologies de surveillance qui interceptaient les téléphones cellulaires au mois de décembre et de janvier. Ces intercepteurs étaient placés à plusieurs endroits dans le centre-ville d’Ottawa, dont près de l’ambassade américaine et du Parlement. Ainsi, il fut possible de capter des données téléphoniques, telles que des messages textes, des appels, des courriels et d’autres informations. Ces appareils étaient placés à des endroits stratégiques, de sorte que des journalistes, des fonctionnaires du Parlement, des hommes d’affaires ont pu ainsi être espionné. En effet, ces intercepteurs peuvent faire plus que seulement écouter, selon le fabricant CryptoPhone, « Ils peuvent suivre la trace de votre téléphone, […] vous empêcher de faire des appels et peuvent envoyer de faux messages en votre nom. »
Le ministre Goodale affirme que ce ne sont pas les appareils de la GRC ou du SCRS. De plus, l’interception et le SIGINT, qui est l’interception de communication, est un des mandats du CST, cependant ce ne peut pas être leurs appareils, car leurs principales activités sont faites à l’extérieur du Canada. Toutefois, le gouvernement se veut rassurant en certifiant qu’il y a des mesures mises en place pour que les informations importantes ne soient pas transmises par simple courriels ou par lignes téléphoniques normales, tels les cellulaires. L’analyste en sécurité nationale Dave Charland croit que ces appareils d’espionnage appartiendraient à un pays étranger, et non le crime organisé, car il ne s’intéresse pas aux affaires politiques et gouvernementales. En effet, le Canada partage des secrets avec d’autres pays, car il est membre de plusieurs organisations, tels que l’ONU, et est donc un des pays les plus espionnés. Charland soutient que le pays étranger chercherait toutes sortes d’informations :
Tout ce qu’il ne peut pas obtenir de façon diplomatique, comme des renseignements économiques, quelle est la position du Canada sur certains enjeux mondiaux, le Canada veut voter pour quoi à la prochaine résolution de l’ONU? Toute information qui risque de donner un avantage au pays qui espionne.
La GRC et le SCRS enquêtent donc sur ce phénomène. Le SCRS est une agence de renseignement de sécurité et s’occupent du terrorisme, du contre-espionnage, du filtrage de la sécurité et des influences étrangères. Ils font de la surveillance à l’intérieur du pays et aussi la collecte de renseignement sur la sécurité nationale, c’est pourquoi il serait étonnant, selon Dave Charland, que cet agence n’est pas été au courant que de tels appareils d’interceptions aient été placés au centre-ville d’Ottawa, car c’est une des missions du SCRS de savoir et de recueillir de telles informations. Pourtant, selon le discours public du moins, ils n’avaient pas remarqué la présence d’équipement de surveillance près de la colline parlementaire.
Ce qui peut aussi être inquiétant par rapport à ces technologies de surveillance, appelées IMSI Catchers, c’est qu’elles sont très puissantes. En effet, les procédés en espionnage s’améliorent grandement. Intercepter des conversations devient de plus en plus facile. Les capteurs retrouvés à Ottawa permettaient aussi de suivre les personnes à l’aide de leur téléphone cellulaire. On pouvait donc suivre leurs mouvements et voir tout ce qu’ils échangeaient avec d’autres personnes. Cette situation a fait réaliser au gouvernement canadien que les technologies ont évolué et qu’il faut s’attaquer à l’espionnage qui se trouve dans le pays. En effet, selon un ex-agent du SCRS, Michel Juneau-Katsuya, « Il faut maintenant remonter un peu nos effectifs dans ce domaine-là et, à cet égard, oui, on a été négligent pendant trop d’années. »
Suite à cet événement, le Canada pourrait être considéré par les autres pays, comme ayant un retard dans leurs technologies de surveillance et de contre-espionnage. La menace d’un pays étranger qui nous espionne est mal comprise dans certaines sociétés qui se croient à l’abris de ce genre de chose, alors que ce n’est pas réellement le cas. Cette méconnaissance de la menace serait, selon Jean Loup Le Roux, fondateur de la compagnie de sécurité I&I Strategy, un gros problème à tous les niveaux pour le pays.
Il est donc important que le SCRS reste à l’affut à de telles circonstances d’espionnage, et s’assure de l’évolution des technologies de surveillance dans le monde, pour éviter que ce genre d’événement se passe à nouveau. La technologie évolue rapidement de nos jours et s’améliore de plus en plus. Dans un futur proche, il sera encore plus facile d’espionner qui l’on veut et où on le désire.
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