10 jeunes de la Matanie arrêtés pour agressions sexuelles et pornographie juvénile
Le 6 avril 2017, huit mineurs et deux adultes âgés entre 14 et 18 ans ont été arrêtés à 7 heures. Ces arrestations sont le résultat d’une enquête de la section des crimes majeurs de la Sûreté du Québec qui avait débuté quelques semaines plus tôt. Les deux personnes majeures vont comparaître à la Chambre criminelle et pénale de la cour du Québec et les mineurs à la Chambre de la jeunesse de la cour du Québec. Des accusations de production, possession et distribution de pornographie juvénile, de leurre informatique, d’agression sexuelle et de complot peuvent être portées.
L’opération a causé une forte réaction à la polyvalente de Matane. Un policier a passé la journée à l’école pendant que la commission scolaire a déployé une dizaine de travailleurs sociaux, de psychologues, de psychoéducateurs et d’autres intervenants. Madame Céline Lefrançois, présidente de la Commission scolaire des Monts-et-Marées, qui est celle de l’école polyvalente de Matane, mentionne qu’elle met en place le plus de ressources d’aide pour soutenir les personnes affectées:
Je suis atterrée, je trouve cela d’une tristesse pour notre communauté. Nos psychologues, nos psychoéducateurs, nos travailleurs sociaux, brefs, tous les professionnels en relation d’aide ont été mobilisés pour soutenir les victimes et l’ensemble des élèves. Nous avons obtenu une collaboration extraordinaire des policiers.
Cette opération des crimes majeurs a nécessité plusieurs enquêteurs et policiers. Étant donné l’ampleur de ce dossier, la SQ a dû déployer 40 policiers du service des enquêtes sur les crimes majeurs de plusieurs secteurs environnants soit de Rimouski, différents poste de la MRC du bas St-Laurent et même de la Gaspésie. Ceci est un problème de la police de régions: les postes de police sont petits et il y a, par conséquent, moins de main d’oeuvre policière malgré le grand territoire à couvrir. Un dossier de ce genre oblige donc la SQ à associer plusieurs postes de police ensemble pour être en mesure d’intervenir efficacement.
Neuf suspects ont été arrêtés à leur domicile et un à l’école. Les jeunes ont passé une partie de la journée en détention accessoire pour répondre aux questions des enquêteurs. Ils devaient être tous remis en liberté sous promesse de comparaître.
Les policiers ont travaillé sur ce dossier en collaboration avec la Commission des Monts-et-Marées et le Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC). Les victimes ainsi que leurs parents ont été rencontrées par les enquêteurs et ils ont reçu du soutien depuis le début de l’enquête. Selon l’agent d’information de la SQ, Claude Doiron, «Ils sont avec nous dès le début de l’enquête, les gens du CAVAC interviennent auprès des victimes et de leur famille. Il fallait aussi s’arrimer avec la commission scolaire.»
La SQ a récolté des informations provenant du public il y a quelques semaines, ce qui a permis de débuter l’enquête: « Il y a quelques semaines, nous avons reçu des informations du public qui a initié cette enquête-là. On partait avec un cas et, de fil en aiguille, on s’est aperçu que cela impliquait plusieurs personnes qui étaient touchées par ce dossier-là, plusieurs individus suspects ce qui a mené à cette série d’arrestations », indique M. Doiron. Il ajoute aussi que la police est toujours en récolte d’informations et que le nombre de victimes pourrait augmenter. Il invite donc les gens à communiquer avec la police s’ils ont des informations au sujet de l’enquête.
La police refuse de mentionner s’il s’agissait d’un réseau ou non. Tout en plus qu’ils ne veulent pas s’avancer sur les liens entre les suspects mais ils n’écartent pas les chances qu’ils fréquentent le même établissement scolaire et le même réseau d’amis. Les noms des accusés ne sont toujours pas divulgués et il y a de fortes chances qu’ils ne le soient pas, étant donné que huit de ces accusés sont mineurs. Le nombre de victimes ne sera pas divulgué également pour ces mêmes raisons. Selon le sergent Doiron, « Le nombre de victimes ne sera pas dévoilé, nous le gardons au niveau du dossier policier, ce sont des personnes d’âge mineur. Plusieurs des personnes impliquées fréquentent encore le milieu scolaire donc il y avait des risques de répercussions au niveau des adolescents qu’il fallait prévoir, les jeunes victimes se devaient d’être soutenues, d’où notre collaboration avec la Commission scolaire ». Étant donné que la SQ collecte encore l’information, d’autres victimes peuvent encore, à ce jour, se rajouter à celles déjà identifiées.
Cette enquête est issue des crimes majeurs et beaucoup de mineurs sont impliqués. Cela risque de prendre beaucoup de temps la fin des procédures pénales. La comparution n’a toujours pas eu lieu trois semaines après l’événement et le procès risque de prendre du temps.
Il n’est pas question seulement d’une arrestation de criminels ici, mais bien d’un problème qui touche la région de la Matanie au complet, car le cœur de la problématique concerne des jeunes (autant les victimes que les suspects) qui fréquentent la même école depuis plusieurs années. Ce problème est grave et avec la présence des réseaux sociaux et de leur grande utilisation de la part des jeunes, cette problématique devient très accessible. La plupart des jeunes ne sont pas assez sensibilisés et conscients de la manière dont la loi peut s’appliquer à leurs gestes. Il suffit qu’un jeune dise publiquement à ses amis une blague concernant la préparation d’un viol ou un vol par exemple. Pour ce qui est de la production, de la possession et la distribution de matériel pornographique juvénile, il suffit qu’un jeune adolescent demande une vidéo «sexy» en message privé ou par l’application populaire «Snapchat» et qu’il l’a conserve sur son cellulaire puis l’envoie à ses amis. Ceux-ci n’auront qu’à télécharger la vidéo sur leur propre appareil. Dès lors un crime est commis même si l’intention n’était pas de faire du tort, qui est portant le seuil généralement accepté pour une incrimination. Ils ne sont donc pas au courant qu’ils commettent une infraction. L’évolution de la technologie et des réseaux sociaux a engendré ce conflit entre l’usage familier d’un dispositif et le Code criminel.
La Sûreté du Québec a été impliquée sur diverses sphères de l’organisation avec beaucoup de main d’oeuvre pour régler la situation à Matane. Ils l’ont été au niveau criminel avec une opération des crimes majeurs qui a mené à un total de 10 arrestations concernant plusieurs infractions. Une implication dont des collaborations avec le Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC) et la commission scolaire affectée par la situation ont aussi permis d’avancer et d’aider au problème actuel. En plus de cette collaboration, la prévention a aussi été faite par la présence d’un agent à l’école tout au long de la journée de l’opération. La police à aussi été présente dans les médias, que ce soit avec la sortie médiatique de l’agent d’information Claude Doiron mais aussi en invitant publiquement les gens à donner de l’information à la police pour les aider dans le dossier. Étant donné que les médias mentionnent davantage les arrestations et les interventions criminelles, il est important de mentionner tous les efforts mis en place par la SQ dans le but de venir en aide aux victimes et à leurs proches. La prévention et la recherche d’aide sont deux facteurs qui ont été mis en place et réussis dans cet événement majeur.
La police de Gatineau mérite d’ailleurs d’être félicitée pour son initiative avec le programme #GARDEÇAPOURTOI qu’elle a mis sur pied dans le but d’atteindre les jeunes face à la problématique du sextage. Ce qui consiste à utiliser volontairement un appareil mobile pour créer, transmettre ou échanger des messages textes à caractères sexuels (sextos). Ce programme vise à sensibiliser et informer les jeunes sur les conséquences possibles en cas de mauvaise utilisation de leur appareil mobile. Ce genre de projet va aider à éviter les problématiques qui peuvent être causées par les jeunes comme la possession à distribution de pornographie juvénile.