Attentat sur les Champs-Élysées: un policier perd la vie
À 21h le 20 avril dernier, à trois jours des élections présidentielles françaises, sur les Champs-Élysées,un policier en service s’est fait tué dans une attaque qu’on considère comme terroriste et qui visait les policiers. Deux autres policiers ainsi qu’une touriste allemande ont été blessés. Le tireur a été abattu quelques instants après les faits. Cette attaque a été revendiquée par le groupe «djihadiste» État islamique (ÉI) quelques heures à peine après l’attentat, ce qui met un doute dans l’esprit des autorités françaises quand à l’implication réelle de l’État islamique. Généralement, ceux-ci attendent 24 heures et même parfois quelques jours avant de revendiquer une attaque. De plus, l’ÉI a fait erreur sur la personne en identifiant Abu Yussef al-Belgiki comme étant celui qui a commis l’acte. Pour les attentats commis en Europe, l’ÉI mentionne habituellement qu’ils sont des soldats de l’organisation plutôt que d’indiquer le nom de la personne. Plus la revendication est publiée rapidement après une attaque, plus l’organisation peut amplifier son retentissement explique Charlie Winter, chercheur au Centre international d’études sur la radicalisation et la violence politique au King’s College de Londres.

Photo: Sputnik/Irina Kalashnikova Image: Le Point
L’auteur de cet acte est Karim Cheurfi, un français de 39 ans. Monsieur Cheurfi était bien connu des autorités françaises pour sa haine envers la police et la France. Son casier judiciaire est d’ailleurs bien chargé. En 2001, alors âgé de 27 ans, il a tenté par deux occasions de tuer des policiers. Il a été condamné à quinze ans de réclusion pour tentatives d’homicide volontaire en 2005. Alors qu’il était en prison, l’assaillant des Champs-Élysées a obtenu de nouvelles condamnations. Il a obtenu, en mars 2008, 3 mois de prison pour violence sur un surveillant pénitentiaire et 18 mois pour violences aggravées en novembre 2009. Il a obtenu sa semi-liberté en juillet 2012 et sa libération conditionnelle en septembre 2013. Il fût condamné pour cambriolage un mois plus tard et libéré le 14 octobre 2015. Il avait des obligations de contrôle qu’il n’a pas respecté à la lettre. Celui-ci s’est rendu en Algérie entre le 15 janvier et le 14 février 2017 sans aviser au préalable le juge ni le conseiller d’insertion. Selon une source judiciaire, il n’y avait pas de manquement suffisant pour justifier un retour en détention.
En janvier, une enquête préliminaire faite à son sujet et les signalements font que le nom de monsieur Cherfi est inscrit au fichier des signalements pour la prévention et la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT). Ce fichier à été créé en mars 2015, quelques mois après l’attaque contre le magazine Charlie Hebdo, afin de mieux centraliser le suivi des personnes dont le niveau de radicalisation est susceptible de tourner vers le terrorisme. Toutefois, son nom n’a pas fait l’objet d’une fiche S. Karim Cheurfi a été arrêté le 23 février dernier après avoir affirmé à un proche son intention de vouloir se procurer des armes et tuer des policiers pour se venger des musulmans tués en Syrie. À cause du manque de preuves, les autorités françaises n’ont eu d’autre choix que le relâcher. Une enquête antiterroriste à toutefois été ouverte à son sujet le 9 mars. Les investigations effectuées n’ont pas été en mesure d’établir de lien concret avec un projet terroriste. Sa dangerosité n’a donc pas été jugée prioritaire. À sa sortie de prison en octobre 2015, rien n’indiquait qu’il était radicalisé. Sa radicalisation assez récente et avec intensité ont échappé aux services malgré le renforcement de leurs moyens dans les cinq dernières années.
Un important déploiement de policiers a alors été placé sur le site touristique des Champs-Élysées afin d’assurer la sécurité. Selon les informations recueillies de la section anti-terroriste de la brigade criminelle, la direction centrale de la police judiciaire et la direction générale de la sécurité intérieure, Karim Cheurfi aurait agit en solitaire mais trois personnes de son entourage ont tout de même été placées sous surveillance. Un fusil d’assaut kalachnikov et une mention manuscrite prenant la défense de Daech ont été retrouvés près de son corps. Dans son véhicule, les forces de l’ordre ont retrouvé les adresses du siège de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), du commissariat de Lagny, en Seine-et-Marne, trois adresses d’armureries situées à Paris, un grand sac de sport noir comprenant un fusil de chasse, des munitions de calibre 12, deux couteaux de cuisine, un Coran ainsi qu’un sécateur. Une perquisition a aussi été effectuée à son domicile dans la ville de Chelles, Seine-et-Marne. Un téléphone portable, un ordinateur, un bout de crosse sciée susceptible de correspondre au fusil à pompe retrouvé sur le Champs-Élysées ont été saisies.
L’attentat terroriste aura-t-il un impact sur le candidat qui sera élu? Adélaïde Zulfikarpasic, directrice de l’Institut de sondages BVA, estime que cela pourrait faire en sorte de bouger les lignes et resserrer les écarts. Cet événement a donc des répercussions sur l’élection présidentielle. La journée avant l’élection, certains candidats à la présidence on prit la décision d’annuler leurs déplacements craignant pour leur sécurité. Le président actuel de la France, monsieur François Hollande, a accusé les candidats à la présidence «d’instrumentaliser» l’événement. En effet, ceux-ci ont profité de l’acte terroriste afin de promouvoir leur campagne électorale.
Pour la journée d’élection du vendredi 21 avril, c’est plus de 50 000 policiers et gendarmes qui ont été mobilisés afin de sécuriser les 67 000 bureau de vote répartis à travers le pays . Ce n’est pas seulement en France où la sécurité a été renforcée autour des bureaux de vote lors de la journée du scrutin suite à l’acte terroriste mais également au Québec, afin de rassurer les gens qui allaient voter. Pour les citoyens français vivant à Québec, il était possible pour eux de voter pour le candidat de leur choix au Collège Stanislas.
Depuis 2015, la France a été touchée à plusieurs reprises par des attentats qui sont reliés au groupe djihadiste. Selon le gouvernement français, c’est près de 238 morts et une vingtaine de tentatives d’attentats qui ont été déjouées depuis le début de l’année 2016. Ceux les plus marquants sont l’attaque contre le magazine satirique Charlie Hebdo (7 janvier 2015), le massacre au Bataclan et sur des terrasses de Paris (13 novembre 2015), l’attentat au camion-bélier à Nice (14 juillet 2016), le prêtre égorgé à Saint-Étienne-du-Rouvray (26 juillet 2016), et l’attaque contre des militaires au Carrousel du Louvre (3 février 2017).
En France, la protection du pays contre la menace anti-terroriste passe par la Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI) ainsi que l’Unité de coordination de la lutte anti-terroriste (UCLAT). Ceux-ci sont sous la tutelle du ministère de la défense. La DGSI est chargée du contre-espionnage et de la lutte antiterroriste. Elle fût créée par le décret du 30 avril 2014. Son objectif est de rechercher, de centraliser et d’exploiter le renseignement qui intéresse la Sécurité nationale ou les intérêts fondamentaux de la nation sur l’ensemble du territoire. L’UCLAT est quant à elle chargée de coordonner la lutte antiterroriste entre tous les services d’État en France.

Xavier Jugelé
Le policier de 37 ans qui est décédé lors de l’attentat, Xavier Jugelé, a reçu un hommage national mardi le 25 avril de la part du président François Hollande accompagné des candidats à la présidence passant au deuxième tour, Marine Le Pen et Emmanuel Macron.
Ping : Deux policiers grièvement blessés en marge d’une intervention en région parisienne. | Actu Policing