Violence et controverse à Paris suite à la mort d’un homme tué par un policier
Le 26 mars dernier, Shaoyo Liu, un chinois vivant dans la capitale française, a été tué par un policier qui s’est présenté chez lui suite à un appel de détresse en raison d’un différend familial. L’évènement s’est déroulé dans le 19e arrondissement de Paris, sur la rue d’Aubervilliers plus précisément. Suite à une petite enquête, les policiers chargés d’élucider cette mort se retrouvent devant deux versions différentes.
Les membres de la famille du défunt soutiennent que leur père n’aurait en aucun cas menacé la sécurité des policiers et ils ne comprennent toujours pas pourquoi leur père a été abattu par un policier qui devait simplement leur venir en aide. La fille du défunt mentionne que son père écaillait le poisson avec des ciseaux et lorsque les policiers se sont présentés sur place, un des policiers a reçu un coup de ciseaux sous son bras. C’est a cet instant que l’autre policier aurait fait feu sur l’homme. Selon lui il était en situation de légitime défense; ses collègues présents appuient cette version.
La question est maintenant de déterminer quelle version est la bonne, ce qui ne sera pas facile étant donné que c’est la parole de l’un contre la parole de l’autre.
Dans un premier temps, il est important de savoir que ce n’était pas la première fois que les policiers étaient réquisitionnés à cette adresse. En effet, en 2012, les policiers avaient été contactés parce que le père jetait des objets du sixième étage. Suite à son arrestation, il a été admis en psychiatrie pour un certain temps. Lors d’une seconde visite en 2016, celui-ci se promenait dans las rue muni d’une barre de fer et des résidents avaient peur pour leur sécurité. Nous pouvons ainsi présumer que les policiers étaient au courant que l’homme à qui ils rendaient visite n’en était pas à ses premiers gestes de violence et/ou de menace envers les autres. Dans le récit du policier, l’homme a tenté de l’attaquer avec une arme, qui se trouvait à être des ciseaux, et c’est pour cette raison qu’il évoque la légitime défense. Est-ce que ces faits antérieurs ont influencé de manière négative le déroulement de l’intervention? Était-ce de la légitime défense? Nous pouvons supposer que oui. Mais au fait, qu’entend-on par légitime défense?
La légitime défense se définit comme étant : la possibilité qu’une personne se défende lorsqu’elle croit que sa vie peut être en danger. La légitime défense est régie par certaines lois, qui encadrent et permettent de juger de la bonne application de cette défense. Étant donné que chaque pays vote ses propres lois, nous constatons que le concept de légitime défense ne s’applique pas de la même manière d’un pays à l’autre. Pour des fins de comparaison, nous allons nous pencher plus spécifiquement sur la France et le Canada.
En ce qui concerne la Canada, la légitime défense se divise en trois points principaux donc « n’est pas coupable d’une infraction la personne qui, à la fois: croit, pour des motifs raisonnables, que la force est employée contre elle ou une autre personne ou qu’on menace de l’employer contre elle ou un autre personne ; commets l’acte constituant l’infraction dans le but de se défendre ou de se protéger, ou défendre ou de protéger une autre personne, contre l’emploi ou la menace d’emploi de la force ou agis de façon raisonnable dans les circonstances ».
Dans la législation française, la légitime défense est divisée en deux et se trouve à être lorsque la personne « est présumée avoir agi en état de légitime défense celui qui accomplit l’acte: pour repousser, de nuit, l’entrée par effraction, violence ou ruse dans un lieu habité ou pour se défendre contre les auteurs de vols ou de pillages exécutés avec violence ».
Donc selon la loi française, le policier n’était pas en tort, car son acte visait à refouler la violence dans un lieu habité et par le fait même se défendre. Par contre, si la version des enfants de l’homme est prise en considération, le policier n’aurait pas agi adéquatement, puisqu’il n’y avait pas de violence dans la maison et le père de famille n’aurait en aucun cas porté atteinte à la sécurité des policiers, donc il n’aurait pas eu besoin de se défendre. Nous sommes à nouveau confrontés à une question de versions des faits.
Les nouvelles technologies pourraient nous aider à résoudre cette problématique. En effet, certains policiers sont dorénavant munis de caméras de corps. En France, elle passe au banc d’essai. En avril 2016, 162 caméras ont été distribuées, dans cinquante zones considérés comme étant des zones de sécurité prioritaire. Cette nouvelle technologie a d’abord été mise en place pour que les citoyens soient plus respectueux, c’est-à-dire de calmer les individus, sachant qu’ils sont enregistrés. Plus tard, la seconde utilité reposait sur le fait de diminuer les abus verbaux et physiques lors des interventions ainsi que lors des contrôles d’identité. Les caméras de corps peuvent en quelque sorte confirmer ou infirmer les versions. Dans le cas de la mort de Shaoyo Liu, il est certain que si le policier avait porté une caméra corporelle, il serait beaucoup plus facile de déterminer la bonne version. Cette technologie est-elle réellement efficace ou si elle donne l’idée d’être efficace? Selon un étude anglaise, concernant l’utilisation de ce type de caméra aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, on conclut que leur utilisation a réduit de 93 % les plaintes faites contre des policiers. De plus, celles-ci permettent une plus grande cohérence entre les versions des policiers et celles des citoyens.
Dans le cas du Québec, les caméras corporelles ont été testées par 30 policiers du SPVM, dans le cadre d’un projet pilote. Ce projet ne fait pas l’unanimité, car les frais d’opération de ces caméras sont très élevés. Effectivement, on affirme que « pour l’année 2016, les coûts du projet pilote s’élèvent à 1,7 million de dollars ». Combien vaut une vie humaine ? Et si c’était la vôtre ?
Il est certain que les évènements survenus en France ont soulevé certaines tensions, surtout en ce qui concerne la communauté asiatique française. En effet, le lendemain de la mort de l’homme, 150 personnes de la communauté se sont présentées devant un commissariat de police pour manifester et commettre des bris et méfaits afin de faire valoir leur mécontentement par rapport aux évènements tragiques.
Bref, les circonstances entourant la mort de l’homme de 56 ans restent toujours nébuleuses, étant donné les différences importantes entre la version des policiers et celle des membres de la famille de monsieur Liu. La légitime défense était-elle nécessaire ? Nous ne le saurons jamais.
Une chose est certaine, l’utilisation de caméras corporelles sur les policiers nous donnerait une excellente idée sur déroulement de l’intervention policière. À quand les caméras corporelles au Québec?