Une équipe d’enquête mixte sera créée pour combattre le proxénétisme au Québec

Le 11 juin dernier, cinq adolescents fuguèrent du centre jeunesse de Laval d’où ils résidaient. Les rumeurs laissaient présager que les fugueurs rejoindraient les rangs d’un réseau de prostitution juvénile mais les forces de l’ordre ne pouvaient faire de lien entre les fugues et l’adhésion à ces réseaux. Bien que le Service de Police de Laval (SPAL) avait déjà en main un document montrant que 33 jeunes filles avaient été victimes d’exploitation sexuelle suite à leur fugue. Depuis, des liens se sont faits et, en mars dernier, des arrestations ont été faites reliant des hommes au commerce du sexe.

Les policiers ont agi de manière rapide et discrète lorsqu’ils ont constaté que la demande pour ce genre de services était à la hausse. Tout comme n’importe quels services, lorsqu’il y a une grande demande, plusieurs vont se jeter sur l’occasion pour combler cette demande. C’est pourquoi les policiers ont été proactifs et ont fait une enquête d’instigation. Les policiers ont donc rapidement créé de fausses annonces pour combler cette demande en espérant attraper les demandeurs. Ces annonces, affichées sur le web, disaient que des filles offraient des services sexuels. Ensuite, les hommes communiquaient avec ce qu’ils pensaient être un homme qui allait les mettre en contact avec des prostituées, mais qui était en fait un agent d’infiltration. Ce dernier confirme avec eux, à plusieurs reprises, que les filles en question n’ont que 16 ans. L’agent leur explique aussi qu’ils devront se rendre dans un hôtel, argent en main. Ceux-ci se rendent donc sur place, comme indiqué, mais à leur grande surprise, ce n’est pas une jeune fille qui les attendait, mais bien deux policiers prêts à les arrêter.

Les enquêtes d’instigations sont complexes puisque les policiers se fondent dans la masse pour arrêter les personnes en tort. Puisque la marge d’erreur est très faible, ils ont beaucoup de chance de se faire démasquer. Pour qu’une intervention du genre soit réussie, les agents doubles doivent être extrêmement discrets dans leur travail et doivent suivre l’évolution de l’enquête. Dans cette intervention-ci, les policiers ont travaillé de manière très minutieuse et ingénieuse et cela a porté fruit puisqu’une dizaine d’hommes sont tombés dans le panneau.

Le sujet de la prostitution juvénile est de plus en plus présent au Québec. C’est donc pour cette raison qu’une escouade spéciale sera créée dans la ville de Montréal. Celle-ci aura le nom d’Équipe intégrée de lutte contre le proxénétisme (EILP). Ce style d’enquête ad hoc est un regroupement de policiers ayant plusieurs compétences différentes. Ce genre de partenariat permet de regrouper l’expertise de plusieurs et de mettre en commun leurs informations pour augmenter leur efficacité. En effet, six corps de police, sous la supervision du Service de police de la ville de Montréal (SPVM), seront de la partie dans cette nouvelle escouade mixte contre le proxénétisme. Celle-ci compte la Sureté du Québec, la Gendarmerie Royale du Canada (GRC), les policiers des municipalités de Montréal, Longueuil, Laval et Gatineau (niveau de service 3). Cette escouade sera constituée de 25 policiers et sera installée dans l’établissement du SPVM. Cette équipe desservira la grande région de Québec et sera en collaboration avec les policiers des autres villes et provinces. Cette nouvelle escouade en aura plein les bras, car dans la région de Montréal, il y aurait 120 proxénètes dans le domaine de la prostitution juvénile.

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Martin Coiteux, ministre de la Sécurité publique, a pris la parole, ce 21 avril dernier, pour confirmer la création de cette nouvelle équipe:

Pour lutter efficacement contre les activités criminelles associées à l’exploitation sexuelle et protéger les victimes, les différents corps de police doivent agir de façon concertée. C’est pourquoi  nous avons mis en place cette nouvelle équipe, dont la force repose sur l’expertise des enquêteurs et l’engagement des corps de police à travailler dans un esprit de collaboration.

De plus, il a indiqué que le budget pour cette escouade régionale mixte allait être de 6,4 millions de dollars. Cette contribution du gouvernement est sur cinq ans, le temps de mettre sur pied cette équipe.

L’équipe en création aura pour mandat de lutter contre le proxénétisme et l’exploitation sexuelle des personnes. Les ordres seront donnés par, Michel Bourque, le commandant de la SPVM, assisté d’un membre de la SQ. De plus, l’escouade aura des bureaux à Québec et à Gatineau. En effet, si les besoins sont présents, l’EILP pourra collaborer avec des services spécialisés pour plus de soutien.