Ado abattu par un policier: la force était-elle proportionnelle?

Le 31 mars 2017, accusé d’homicide involontaire, le policier de la Sureté du Québec Éric Deslauriers aperçoit enfin la fin de son procès. À ce jour, il ne reste qu’à attendre le délibéré de la juge Joëlle Roy, attendu pour juillet 2017. Une question se pose: le sergent de la SQ avait-il utilisé son arme de service de manière injustifiée? L’incident pèse lourd sur les épaules du sergent Éric Deslauriers, qui doit traverser un procès interminable.

Le 22 janvier 2014 le policier aurait dégainé son arme à feu en ordonnant au conducteur de sortir de son véhicule. Son intention était de l’arrêter. L’agent de la paix a insisté sur le fait de s’immobiliser et de sortir du véhicule à plus d’une reprise, mais le conducteur de la RX-8 a accéléré en direction du policier. Quand le policier s’est aperçu que le véhicule avançait en sa direction, selon lui son «sens de l’urgence» l’a poussé à utiliser son arme, craignant pour sa sécurité.

Monsieur Poulin supporte les propres du sergent:« C’était justifié, vu l’imminence du danger. C’est conforme de faire feu sur une menace. On ne tire pas dans les pneus ni dans le moteur. On tire sur l’individu, dans le centre de la masse disponible».

Selon les experts, la première balle a heurté le rétroviseur gauche pour atteindre le coude gauche du conducteur. La seconde balle qui fut tirée immédiatement après la première (deux balles émergeant d’une même réaction), fut mortelle en terminant sa trajectoire au cou du conducteur.

Est-ce que cette utilisation de la force était excessive?

Mission de la police

Lorsque le policier aperçoit un véhicule concordant avec la description d’un véhicule volé, il se doit d’arrêter l’individu et de saisir le véhicule. Les principaux objectifs de la police sont de prévenir et résoudre le crime, maintenir l’ordre et protéger la population. Donc, suite aux observations, Éric Deslauriers aurait agi en toute légalité au moment de l’interception du véhicule.

Formation et usage de la force

Le policier peut utiliser la force nécessaire pour procéder à l’interception d’un l’individu. Durant leur formation, les aspirants policiers sont formés à l’usage de la force. Le point central de cette formation est le modèle national de l’emploi de la force. Le modèle repose sur l’idée que la force doit être utilisée de manière raisonnable et graduelle. Ainsi, la situation tragique précédente peut s’expliquer par le fait que l’agent n’avait pas les outils nécessaires pour arrêter le véhicule et que sa vie était probablement en péril. En effet, le policier avait répété à plusieurs reprises à l’individu de s’immobiliser, mais sans obtenir la moindre collaboration. Le suspect a plutôt continué avec son comportement agressif, incluant de foncer sur la position du policer avec son véhicule.

À ce moment il restait peu d’options: les gaz, les balles de caoutchouc ou même le Taser n’auraient pas fonctionné dans cette situation. On ne tire pas non plus sur un véhicule en fuite pour l’immobiliser, c’est une tactique qui a peu de chances de fonctionner; il faut tirer dans le «centre de masse» de l’individu pour éliminer la menace. Bref, si l’agent n’avait pas utilisé son arme à feu pour tirer sur le conducteur le policier aurait probablement été blessé et les citoyens aux alentours auraient couru le même danger.

Ainsi, un moyen de surveillance de caméra portatif sur le policier aurait été efficace. Dans certaines situations, elle peut aider à la collaboration d’individu. Par contre, la caméra corporelle n’a pas comme objectif premier d’aider l’intervention du policier, mais bien de pouvoir visionner l’évènement vécu au complet. Comparativement à une vidéo prise par un témoin qui montre souvent une petite partie de l’intervention policière. Le visionnement des faits exacts devient un outil  efficace pour la protection du policier lors du procès et pour la récolte des preuves. Les caméras ne sont pas encore souvent utilisées. Par contre, des villes métropolitaines comme Montréal et Toronto participent à un projet pilote afin d’évaluer l’efficacité de nouvelles technologies sur les policiers. Par exemple, la caméra corporelle permet d’assurer la transparence  du travail d’un policier et d’accroître la confiance des citoyens.