Réfugiés à la frontière: un changement de mentalité en perspective?

Depuis le début de l’année 2017, le nombre de personnes tentant de passer la frontière canadienne de manière illégale ne cesse de croître. Le Québec est le lieu le plus prisé par les passeurs illégaux. Au mois de mars dernier, plus de 600 personnes ont été interceptées par la Gendarmerie royale canadienne (GRC) comparativement à 170 personnes au Manitoba. Afin de limiter les entrées non-autorisées au pays, la GRC et l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) ont considérablement augmenté leurs effectifs sur le terrain.

Cette situation reflète une réalité correspondant à celle généralement projetée dans les médias où les policiers passent la majorité de leurs journées à faire appliquer la loi. Dans ce cas, il s’agit d’arrêter les personnes entrant illégalement au pays. Étrangement, dans ces cas les médias donnent une image sympathique à ceux qui passent illégalement la frontière. Prenons, par exemple, le cas de Mamadou Sanogo. Le 5 mars dernier, monsieur Sanogo a tenté de traverser la frontière canadienne près de Saint-Bernard-de-Lacolle à pied. Après de nombreuses heures de marche, les vêtements et les pieds complètement gelés, l’homme fût amené à l’hôpital par le gendarme Bernard Vandal. Un mois plus tard, une rencontre publique entre les deux hommes fut organisée au quartier-général de la GRC à Montréal. Le migrant illégal tenait à remercier le gendarme d’avoir sauvé sa vie.

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La relation entre les médias et la police est plutôt complexe, puisque les actions d’une ou l’autre des parties a un impact majeur et peut tout faire basculer rapidement. Par contre, lors de telles situations, l’alliance entre la police et les médias est plutôt impressionnante puisqu’elle amène les deux parties à en sortir gagnantes. Dans le cas de Mamadou Sanogo, la rencontre entre le gendarme et le réfugié a permis de dépeindre une image humaine de la police, ce qui est rarement fait mais aussi de rendre humain le contrevenant, ce qui est plutôt rare également. Par contre, cela peut avoir un effet à double-tranchant pour la police.

La devise de la GRC est « maintiens le droit » et peut facilement être comprise comme n’étant pas très favorable envers ceux qui transgresse les lois. Est-ce que sympathiser avec un hors-la-loi s’inscrit dans la mentalité de la police? J’en doute fortement. Par contre, d’un autre côté, cela pourrait aussi venir faciliter les interactions avec les citoyens. Tout comme pour la police communautaire, si le citoyen perçoit le policier comme étant accessible et à l’écoute, il peut s’avérer être une mine d’informations importante et pouvant considérablement faciliter le travail policier.

Par conséquent, malgré que l’augmentation de personnes traversant illégalement la frontière canadienne suite aux politiques du président Donald Trump est inquiètante, il peut s’agir là d’une occasion en or pour la police de se racheter auprès de la population. Les citoyens commenceront peut-être à voir les policiers comme étant compétents et efficaces et les policiers verront peut-être les citoyens comme un élément important de l’équation afin d’avoir une police performante.