SPVM : des policiers qui se piègent mutuellement
Le 23 février dernier, le chroniqueur Yves Boisvert écrivait sur les problèmes de corruption policière et plus précisément, certains cas de conflits entre policiers. Nous savons déjà que le Service de police de la Ville de Montréal est dans l’eau chaude et enquêté pour des raisons de corruption possible. Cependant, M.Boisvert amène cette problématique avec un angle distinct et parle de certains cas ou des enquêteurs ont été renvoyés parce qu’ils ont tenté de dénoncer un ou plusieurs collègues corrompus.
C’est à l’émission de Paul Arcand que M. Pietro Poletti, ex-enquêteur du SPVM, s’est confié et a dévoilé qu’il avait vécu pour plus de dix ans avec des accusations de la part d’un collègue qui avait fait de faux rapports en son cas. Il s’agit d’un quatrième enquêteur qui dénonce la fabrication de preuve du service de police. Boisvert rapporte notamment plusieurs cas de membres du SPVM qui mentent dans des déclarations sous serment pour obtenir des mandats de perquisition contre des collègues, d’autres qui se vengent de collègues en déclenchant des enquêtes internes qui mènent à des accusations bidon et à des congédiements, et certains qui détournent pour eux-mêmes des fonds occultes pour payer des sources.
Ici apparaît un cas de déviance policière assez alarmant qui pourrait causer d’énormes répercussions sur comment l’administration de la justice, surtout si les policiers honnêtes ne peuvent plus accomplir leur travail sans la constante crainte que leurs collègues leur jouent dans le dos. Boisvert ajoute même : « on sait aussi d’expérience que plusieurs enquêteurs, et pas forcément les moins bons, tournent des coins un peu ronds pour obtenir des résultats. Et que les enquêteurs savent sur les autres enquêteurs tout un tas de petits secrets qui peuvent être utilisés en cas de nécessité ou de vengeance. » Il semble donc régner une ambiance de terreur parmi nos valeureux protecteurs, où peu à peu les policiers cesseront possiblement de prendre position dans les conflits pour ne pas en subir les réprimandes de leurs collègues.
Si on se fie à l’explication que fait Maurice Punch de la déviance policière, ceci serait de la corruption de l’autorité; Poletti rapporte d’ailleurs une conversation qu’il avait eue avec un policier ou celui-ci expliquait qu’il avait fait un faux rapport sous la pression de ses patrons pour « s’en sortir ». Bien évidemment, on peut parler aussi de mauvaise conduite et criminalité policière lorsque l’on regarde comment les policiers malhonnêtes faillissent à leur devoir. Il semble aussi y avoir beaucoup de se que l’on peut appeler « fixing » autrement dit, d’arranger les preuves. Donc les policiers malhonnêtes qui ont plus que simplement arrangé les preuves, mais bien modifié des faits voire en ont créé pour construire de fausses accusations.
Enfin, c’est un problème qui sera coriace puisque des preuves pourraient être fabriquées pour camoufler le tout. Il est aussi fort possible que la corruption n’atteigne pas qu’une seule personne, mais bien un réseau entier dont les membres se protègent les uns les autres. À son passage sur les ondes du 98,5 FM, Poletti affirme que « même s’ils donnent une enquête à la SQ, ça va être juste une couche de peinture ».; Cette phrase laisse présager que les têtes au pouvoir de ces organisations sont dans le coup et y sont gagnantes. Ils vont donc se protéger et montrer à la population qu’une vérité falsifiée. Selon les théories de déviance, nous sommes rendus aux stades où il y a entraide entre les policiers malhonnêtes et donc une déviance policière étendue et organisée.
Pour terminer, lorsque l’on regarde le rôle des enquêteurs, comment peut-on affirmer que nous avons un état en santé quand leurs principales tâches consistent à s’occuper de la communication et de fournir les renseignements et que par la suite, on entend de plus en plus qu’un bon nombre de ceux-ci sont faussés et modifiés selon leurs désirs et besoins? Le sentiment de sécurité que la justice se doit de nous apporter est en train de disparaître.