Les Juifs torontois remportent la palme du groupe le plus visé par les crimes haineux en 2016

Jews

Des 145 crimes haineux signalés en 2016 à la police torontoise, 43 concernaient la communauté juive, en faisant ainsi le groupe le plus visé par des méfaits ou des atteintes aux biens.

En février dernier, par exemple, plusieurs « Post it » contenant des messages antisémites ainsi que des symboles de croix gammée avaient été collés sur les portes d’un immeuble où plusieurs individus de confession juive résidaient. De surcroît, plusieurs objets sacrés nommés mezouzahs, qui sont des boîtiers installés près de la porte et contenant une prière traditionnellement récitée à l’entrée ainsi qu’à la sortie de la demeure, ont été arrachées ou abîmées par les contrevenants. Ainsi, la police de Toronto a augmenté la présence de patrouilleurs dans le but de prévenir d’autres crimes haineux.

Tout d’abord, la recrudescence du nombre de patrouilleurs  dans le quartier permettrait de prévenir et d’intervenir rapidement dans le cas où d’autres gestes antisémites, racistes ou discriminatoires seraient déclarés au service de police. L’équipe mobilisée sur le terrain a aussi pour mission de créer d

Mémo

es liens de confiance avec les citoyens pour que ceux-ci se sentent confortables à l’idée de parler à la police. En agissant de la sorte, le corps policier s’assure d’avoir des yeux et des oreilles un peu partout dans le secteur. Les moyens pour arriver à établir un tel environnement se rapprochent des principes du Metropolitan Police Service exposés par Richard Mayne et Charles Rowan qui impliquent la prévention du crime plutôt que sa répression, s’attirer le respect du public et le conserver, viser la coopération du public plutôt que la coercition et s’assurer de la coopération du public pour faire respecter les lois. Le sergent Lawre

nce Sager  a par ailleurs encouragé la population à communiquer toute information qui pourrait être susceptible de faire progresser l’enquête et à signaler tout événement anormal.

La police de Toronto jouit d’une relation très, très étroite avec notre communauté juive, et nous les soutiendrons de toutes les manières possibles pour faire en sorte qu’elle se sente en sécurité au sein de sa communauté.
-Le sergent Lawrence Sager

Toronto

Dans le même ordre d’idées, l’intensification de la présence policière dans le secteur concerné implique qu’une plus grande partie des fonds soit dirigée vers le service de patrouille; cette initiative peut paraître sécurisante du point de vue des citoyens. Ils croient probablement que le taux de criminalité dans la communauté diminuera, alors que l’expérience menée à Kansas City en 1972 propose des conclusions tout autres: en effet, l’augmentation de la patrouille préventive conventionnelle n’a apporté aucun changement significatif en ce qui a trait à la criminalité, au temps de réponse, aux accidents routiers ou à la diminution de la peur des citoyens. Il reste à voir si la mise en place des mesures à Toronto auront les mêmes effets que ceux enregistrés il y a 45 ans étant donné que ces initiatives de rapprochement avec les membres de la communauté sont relativement nou

velles. C’est le plan de modernisation lancé par la police de Toronto en janvier dernier qui propose la substitution du style paramilitaire pour un programme de « police de proximité » visant la confiance et le soutien de la population. Ainsi, les services qu’offrent les policiers se diversifient; ils sont mesure de donner davantage d’informations directes au citoyen, de les conseiller en matière de sécurité et de les écouter.

Par ailleurs, le maire ainsi que la police de Toronto ont dit prendre la situation très au sérieux puisque  « ce type de crimes a des répercussions profondes » pour les membres de la communauté, selon Sager. La distribution de messages haineux est un symbole visiblement anormal qui inquiète les citoyens. Cet événement médiatisé augmente l’insécurité des résidents du quartier, qui vont souvent préférer éviter le lieu où s’est déroulé le crime ou se retirer de plus en plus de la voie publique. Puis, graduellement, la population effrayée migrera vers d’autres secteurs plus « sécuritaires » puisque les contrevenants prennent place  dans les espaces laissés à eux-mêmes. Cette fuite peut favoriser la colonisation d’agents délinquants et ainsi faire augmenter la criminalité dans le quartie

r. Autrement dit, lorsque l’espace public subit de petits dommages -comme le bris de mezouzahs, par exemple-, cela incite à un plus grand délabrement de l’environnement et à une expansion cyclique de la criminalité. Il est essentiel pour le corps policier d’agir rapidement et de prévenir cette expansion puisque les fondements du maintien de l’ordre ordonnent d’agir dans un espace public ordonné.

À la suite de ces événements, la police torontoise insiste sur l’importance des liens sociaux pour devancer la criminalité et agir promptement avant que d’autres symboles visibles favorisant l’insécurité citoyenne n’apparaissent. L’augmentation du nombre de véhicules de patrouille sur le terrain leur permet aussi d’appliquer la loi lorsque nécessaire.

Finalement, les patrouilleurs de la ville de Toronto jouent un rôle primordial au niveau de la sécurité nationale ainsi qu’en matière de prévention de la criminalité. Le gage de succès réside cependant dans la collaboration de plusieurs agents, autant policiers que non policiers. Le cas de persécution de la communauté juive de Toronto  ne s’arrête pas à la distribution de ces notes antisémites; cela ne va pas sans rappeler les récents appels à la bombe  anonymes faits à London et à Toronto  qui visaient les centres communautaires juifs.