La Division des affaires internes du SPVM se retrouve sur la sellette
À la demande de Philippe Pichet, directeur du SPVM, tous les dossiers dont l’enquête est assurée par la Division des affaires internes du SPVM sont transférés sans délai à une équipe de la Sûreté du Québec. Cette mesure exceptionnelle fait office de réponse aux allégations de fabrication de preuves formulées par deux anciens hauts gradés de son corps policier mardi 21 février dernier sur les ondes de TVA.

M. Philippe Pichet, directeur du SPVM (AGENCE QMI – MAXIME DELAND)
C’est par courriel que le directeur du plus gros service de police québécois s’est adressé à ses 4600 quelques policiers dans la matinée du mardi 28 février 2017. Son message, clair et expéditif, annonçait le transfert complet des responsabilités de l’entièreté des dossiers d’enquêtes spéciales ou internes à l’équipe spéciale d’enquête sur les allégations d’ex-hauts gradés du SPVM constituée par la SQ.
Cette équipe spéciale, formée une semaine précédant la décision, est cogérée par la Sûreté du Québec ainsi que la directrice du Bureau des enquêtes indépendantes (le BEI), Maître Madeleine Giauque. Il s’agit d’une équipe mixte composée en majorité d’enquêteurs de la SQ, mais aussi de la Gendarmerie royale du Canada, de la police de Québec, de la police de Longueuil et du service de police de Gatineau. Guy Lapointe, porte-parole de la SQ, assure que les enquêteurs sont désignés de sorte qu’ils aient le niveau de recul nécessaire ainsi que les connaissances adéquates en matière de lutte au crime organisé. Il confirme également que le travail qui sera fait lors de l’enquête sera rigoureux et que toutes les ressources nécessaires à l’enquête seront à la disposition de l’équipe pour aller au fond des choses.
Ce sont les ex-policiers du Service de police de la ville de Montréal Jimmy Cacchione et Giovanni Di Feo qui sont à l’origine de ces démarches de nature exceptionnelle. Ces derniers ont soutenu à l’émission J.E. sur les ondes de TVA, que des éléments de preuve ont été fabriqués par la division des affaires internes du SPVM dans l’optique de les faire taire. Les deux hommes avaient l’intention de dénoncer des cas de corruption au sein du SPVM, lorsqu’une intervention des enquêtes internes a engendré la fin abrupte de leur carrière en 2013. Ces cas de corruption concernaient des individus employés par le Service de police qui se comportaient de manière douteuse ou criminelle depuis de nombreuses années. Roger Larivière, un autre policier à la retraite du SPVM, a affirmé que la division des enquêtes spéciales du corps policier de la ville de Montréal fait des enquêtes bidons basées sur des allégations complètement erronés. C’est enquêtes seraient dirigées par la direction et auraient pour but de cibler spécifiquement certaines personnes. Ces allégations feront également partie de l’enquête menée par l’équipe spéciale de la SQ.
Bien que le président de la Fraternité des policiers et policières du SPVM, M. Yves Francoeur, soutient que le transfert des dossiers « [Soit] une bonne décision dans les circonstances », on ignore quel sera l’impact sur les enquêtes internes en cours et celles qui sont présentement devant les tribunaux. On pense d’abord bien évidemment au dossier des policiers Djelidi et Chartrand qui a abouti au scandale de l’écoute journalistique. Par ailleurs, le Partis québécois tout comme la Coalition avenir Québec demandaient que le ministre de la Sécurité publique Martin Coiteux, par soucis de perte de confiance du public, confie la tâche au BEI afin d’éviter que des policiers enquêtent sur d’autres policiers. Ce dernier a toutefois insisté que leur demande ne tenait pas la route, puisque selon lui les enquêteurs du BEI ne sont pas formés pour ce genre de cas. Au final, M. Coiteux, au même titre que le premier ministre Philippe Couillard, approuve la décision du directeur du SPVM de faire appel à la SQ pour ce dossier.
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