Répercussions de l’affaire Théo, violence et tensions en France
Le 2 février dernier, un jeune homme affirme s’être fait violé par un policier, disant que celui-ci s’était servi de sa matraque. La présumée agression a eu lieu en banlieue de Paris, à Aulnay-sous-Bois. Le jeune homme, prénommé Théo, assure que les gestes du policier étaient volontaires et c’est particulièrement ce détail qui a enflammé la place publique. Effectivement, l’accusation du policier à soulevé de nombreuses manifestations, dans le but de réclamer justice pour le jeune homme. Il va sans dire que ces manifestations ont installé un climat de tensions entre les policiers et les citoyens.
Cette nouvelle manifestation de violence policière remémore aux citoyens des banlieues, ainsi qu’à tous les Français, les émeutes qui ont eu lieu en 2005, suite à la mort de deux adolescents. À cet égard nous pouvons citer celle d’un homme prénommé Mohammed, qui affirme que la justice doit être faite sinon les hostilités recommenceront et selon lui : « elles seront pires qu’en 2005 ». Dans le but de calmer les tensions, Théo a lancé un message aux citoyens afin de calmer le jeu et de mettre un terme aux émeutes. Avec cette sortie, le calme est observable.
Avec tous ces débordements, il est légitime de se demander si la manière d’agir des policiers en banlieue est différente de celle des policiers qui œuvrent dans les grandes villes. Malgré le fait qu’il n’y ait pas de recensement public concernant les lieux des interventions ainsi que la manière dont ces interventions sont menés, il a été possible de constater, à travers 168 cas recensés dans la presse, que dépendamment du territoire où se produit un évènement, il peut être traité différemment d’une région à l’autre. D’ailleurs, on remarque que lorsque les interventions sont en lien avec des jeunes et/ou se produisent dans des quartiers défavorisés, on observe, malheureusement, un excès de zèle chez certains policiers. De plus, comme le soutient un résident d’Aulnay-sous-Bois, « on vit avec une police qui est agressive. Les insultes sont normales, les coups sont fréquents ». Au-delà de ces deux aspects sur lesquels se base la manière de procéder des policiers, il est parfois possible de constater la présence de discrimination raciale. En effet, il a été démontré dans une enquête que les jeunes noirs ou arabes ont vingt fois plus de chances de subir un contrôle d’identité et, par le fait même, être traités différemment.
En tenant compte de l’ensemble des témoignages et des situations vécues, il est judicieux de se poser les questions suivantes : est-ce que la police française respecte un certain code d’éthique et agit de façon égalitaire envers tous les citoyens français ? Faisons-nous face à de la discrimination raciale et à de l’abus de pouvoir de certains policiers ? Une chose est certaine, depuis l’agression du jeune Théo, on constate que la situation est très instable. En effet, depuis le 2 février 2017, des manifestations qui se terminent souvent de manière assez violente, font rage et instaurent un climat de tension entre les policiers et les manifestants. En tentant de disperser les manifestants, les policiers enveniment la situation et celle-ci dégénère et se termine souvent par des coups de feux. La manifestation du 20 mars dernier en est un bel exemple, celle-ci, visant à contrer la brutalité policière, avait lieu, mais au moment où la police est intervenue, la situation s’est envenimé et des gaz lacrymogènes ont été tirés sur les manifestant, les policiers en sont même venus aux coups.
Dans de telles situations, les actions exagérées des policiers sont souvent dénoncées et réprimées, mais il est rare que l’attitude des citoyens envers les policiers soit prise en considération. Dans un premier temps, il est certains que les policiers sont des professionnels et qu’ils doivent être présents pour veiller à la sécurité des citoyens, mais il est aussi important de garder en mémoire qu’eux aussi sont des êtres humains et qu’ils ont le droit d’être en sécurité. Suite à « l’affaire Theo », Frédéric Lagache, du syndicat de police Alliance, soulève le fait qu’« on a de plus en plus de violence avec armes contre les policiers » et que « l’objectif n’est plus de s’attaquer au policier, mais de s’en prendre à sa vie ».
À qui revient donc le blâme dans ces situations, les policiers ou les citoyens. La réponse est très complexe. Selon certains points de vue il s’agit des policiers qui sont en tort alors que pour d’autres, les citoyens sont les fautifs. Dans tous les cas, les médias colportent beaucoup plus les nouvelles concernant les policiers agressifs que les citoyens brutaux. D’autre part, si les policiers n’interviennent pas, les manifestants ont le champ libre et les citoyens crient haut et fort que les policiers devraient intervenir.
Tous les citoyens sont unanimes, il faut trouver un moyen de venir à bout de ces violences. Cette question est si préoccupante que certains candidats aux élections proposent de relancer la police de proximité. La police de proximité, auparavant instaurée en France, mais abolie par Nicolas Sarkozy, repose sur le fait de créer un lien plus étroit entre la communauté et les corps policiers. Aussi connu sous le nom de police communautaire, celle-ci se base sur plusieurs principes, dont le fait de prévenir au lieu de réprimer, de viser la coopération au lieu de la coercition ou encore, le fait de gagner et de conserver le respect du public.
Les situations de brutalité policière ne sont pas seulement observables en France, mais partout à travers le monde. Si nous prenons l’exemple des États-Unis, il n’est pas rare de voir des situations similaires. La tragédie du 7 juillet dernier, où un policier du Minnesota a froidement abattu un homme pour aucune raison apparente, en est un bel exemple. Dans cette même affaire, il est également question que ce soit un policier blanc qui tue un homme noir, et cela a engendré beaucoup de frustration de la part de la communauté noire. Curieusement, dans « l’affaire Theo », il s’agit également de policiers blancs qui ont agressé un homme noir alors, est-ce une simple coïncidence ou faisons-nous face à de la discrimination raciale ?
Somme toute, il sera toujours difficile de déterminer si la brutalité et le manque de jugement de certains policiers sont les grands responsables de ces incidents. Une chose est certaine, tous ces évènements font en sorte que le gouvernement doit agir et tenter de maîtriser la situation. Est-ce le retour de la police communautaire ? Il est difficile de savoir si la situation s’améliorerait sans l’avoir essayé, mais le statu quo ne peut être toléré.